Recrutement au Maroc : Saad Benkirane, DG du cabinet Idoine

La profession manque de cadre référentiel qui donne de la visibilité aux entreprises et aux candidats

Le marché du recrutement au Maroc s’est développé au fil des années compte tenu de la demande des grands groupes, notamment des multinationales et de l’augmentation des candidatures qui nous viennent même de l’étranger. Ce faisant, le recrutement est devenu une niche pas uniquement pour les cabinets de recrutement mais aussi pour des cabinets spécialisés dans d’autres domaines qui, par la force des choses, se sont retrouvés dans le recrutement.

Autre tendance qui joue un rôle dominant dans l’activité, c’est l’universalisation du recrutement avec les job boards et les réseaux sociaux. Du coup, le problème du sourcing ne se pose plus : vous pouvez ainsi disposer des meilleurs CV dans n’importe quelle région du monde.

Tout le problème est de ne pas se tromper dans le recrutement en agissant en amont dans la bonne définition des besoins de l’entreprise et en aval dans le processus d’évaluation des candidats pour une adéquation entre les profils et les besoins de l’entreprise. C’est là toute la valeur ajoutée d’un cabinet spécialisé car n’oublions pas que l’adéquation ne se fait plus seulement sur le plan poste/profil. On prend en compte la motivation, l’attractivité de l’entreprise, la convergence des intérêts des candidats et des entreprises…

Le cabinet a également un rôle de régulation de l’offre et la demande, pas dans le sens institutionnel mais en termes de stabilité des salaires. Rareté des compétences, évolution de certains métiers et implantation en masse des groupes étrangers ont quelque part accentué la pression sur les salaires. Nous l’avons bien vécu dans les années 90 avec l’explosion du marché boursier, ce qui avait pour conséquence d’entraîner la surenchère sur les salaires des financiers. La même tendance a été observée quelques années plus tard avec les informaticiens.
D’autre part, j’ajouterais que le recrutement manque de cadre référentiel. Un référentiel permet d’éviter les mauvaises pratiques comme le fait de vendre un poste à un candidat, d’user de pratiques discriminatoires à l’embauche, de mentir dans les interprétations des évaluations données aux entreprises, de faire des pseudo-sélections pour avantager certains candidats…
Je voudrais insister sur le fait que le recrutement est une opération complexe dont peu d’entreprises mesurent les effets. A leurs yeux, il suffit qu’un cabinet leur présente deux ou trois candidats pour qu’elles croient que le tour est joué. Elles oublient que c’est le fruit d’un long processus.

Quant aux tarifs des marchés, je pense que la question est soumise à la discrétion des cabinets. Ceux qui font du volume vont certainement proposer des tarifs plus modérés et ceux qui font du sur-mesure vont pratiquer des tarifs plus élevés. Encore faut-il que la qualité soit derrière.