Quelle place pour le digital dans les médias ?

Le digital absorbera-t-il les médias traditionnels ? Une coexistence des deux est-elle possible ? Dans le cadre de son cycle de conférences mensuel, Toulouse Business School (TBS) Casablanca a ouvert le débat sur le comportement des annonceurs à l’ère de la transformation digitale.

D’après une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers (PWC) publiée en 2013, le digital portera 64% de la croissance du secteur des Médias & Loisirs dans le monde d’ici 2017. Cette étude, réalisée dans 50 pays, souligne que les pays vont quasiment doubler leur contribution aux revenus mondiaux du secteur à l’horizon 2017.

Quid du Maroc par rapport à ces tendances ? Dans son intervention, Isabelle Chambon, directrice générale de Régie 3, a indiqué que les investissements publicitaires, dopés par le numérique, augmentent à raison d’une moyenne annuelle de 5%, avec comme principal vecteur de croissance le mobile.

Les annonceurs ne suivent pas là où l’audience est forte

Cependant, il existe toujours des freins au déploiement du digital, à savoir la non-régulation du marché, la méconnaissance du média digital, et la faible pénétration de la 4G». Pour sa part, Mehdi Benslim, CEO de Buzzkito Network, le digital est, sans conteste, le nouveau moyen d’expression des Marocains. A titre d’exemple, le Maroc est classé troisième au niveau mondial en termes de connexions YouTube derrière l’Arabe Saoudite et l’Egypte. Il a néanmoins déploré le fait que la majorité des annonceurs continue de plébisciter les médias traditionnels.

Toujours est-il que les annonceurs ne suivent pas là où l’audience est palpable. Ainsi, Hassan Rouissi, co-fondateur de TNC-The Next Clic, a souligné que les contenus en langue arabe continuent d’attirer massivement le grand public (84% des internautes), mais sont boudés par les principaux annonceurs de la place dont 98% continuent de communiquer en français.

Même si le digital présente plusieurs avantages qui attirent les grandes marques, Hicham Mekouar, directeur développement et stratégie du Groupe Le Matin, a souligné également que les nouveaux supports (site d’informations en ligne) restent dépendants de la presse écrite. Un avis nuancé par Tarik Qattab, directeur de la rédaction H24info, qui a estimé que la presse papier est vouée à l’extinction, les métiers sont en train de se numériser et muter vers le digital n’est plus une question de choix, mais de survie.