Protection de l’environnement : Questions à Mohamed El Yousfi, DG du cabinet LMM QSE

«L’entreprise court à sa perte si elle ne prend pas conscience des nuisances qu’elle génère»
La Vie éco : Depuis quelques années, on parle de plus en plus de RSE. En tant qu’expert en certification, pensez-vous que les entreprises ont réellement pris conscience des enjeux environnementaux ?
On a longtemps cru que le développement durable était une tendance, et que la responsabilité sociétale de l’entreprise n’était qu’un effet de mode. Il n’en est rien. Le développement durable et la RSE sont aujourd’hui une composante essentielle des entreprises, de leur mode de fonctionnement et de leur management. Direction RH, responsable Qualité, responsable Communication interne/externe, toutes ces fonctions sont fortement influencées par la vague «développement durable» qui, vu les préoccupations actuelles des consommateurs et de la société civile, est là pour durer. Il faut dire que cette démarche n’intéresse pour le moment que les grands groupes.
Le volet sociétal est davantage mis en avant, quid de l’environnemental ?
Respect des droits des travailleurs, prise en compte des problèmes sociaux dans lesquels vit l’entreprise mais aussi protection de l’environnement… Ce sont, entre autres, les nouvelles valeurs du manager moderne, même si parfois les prises de position publiques ne sont qu’une profession de foi sans effet corrélé. Pour une fois, ces messages émanent des adeptes du libéralisme pur et dur qui ont compris que le monde ne peut plus fonctionner sans un système d’autorégulation.
Ils ont compris que les performances financières ne suffisent plus pour juger les performances de l’entreprise. Autrement dit, l’homme n’est plus regardé comme un simple instrument de production soumis à des objectifs quantitatifs. Au contraire, il est considéré comme un acteur essentiel de la création de valeur. Les grands groupes sont ainsi acculés à s’intéresser de près à ce que font leur sous-traitants installés dans les pays à bas coût de main-d’œuvre.
Au niveau environnemental, on a aussi compris que l’entreprise court à sa perte si elle ne prend pas conscience des nuisances qu’elle génère de par son activité. Pour un manager, oublier ces donnes, c’est perdre des opportunités de faire progresser ses affaires.
Vous savez les normes ISO 9000 ont commencé à être intégrées dans les années 90. Ce n’est que 10 ans plus tard que les choses ont réellement bougé. C’est le cas aujourd’hui des normes ISO 14 000 et 26 000 qui prennent en compte la dimension environnementale et qui à mon sens se développeront davantage dans les prochaines années.
Qu’apportent réellement ces normes aux entreprises ?
Le premier avantage et le plus important est que la démarche qualité de manière générale est la traduction d’une vision du management devant aboutir a une qualité sans faille. Avec cette vision, l’entreprise bascule vers une gestion plus implicative et plus valorisante du travail individuel.
Autre point positif, la démarche permet également d’identifier ses points forts et de les formaliser. Certaines entreprises ont pu mettre en exergue leur politique RSE.
Ce sont des pratiques établies auparavant et qui ont été mises en avant par le diagnostic d’audit.
La norme ISO 26000 par exemple va au-delà du respect de la loi, tout en reconnaissant que le respect de la loi est un devoir fondamental pour toute organisation et une partie essentielle de sa responsabilité sociétale.