Manager votre patron, mode d’emploi

La cohérence d’un refus se justifie par une plus grande exigence envers soi-même que lorsque l’on donne son accord. Il faut faire en sorte que votre refus ne soit pas de la désobéissance. L’utilisation du mail est importante pour s’assurer de la traçabilité des échanges.

Peut-on manager sa hiérarchie au Maroc ou cela relève-t-il de l’utopie ? La réponse à cette question, telle qu’elle est présentée, de façon linéaire, peut nous encourager à dire Non. Cependant, le temps entre lui et vous est un excellent indicateur de votre relation et de l’intérêt que vous vous portez mutuellement.

Votre patron est-il du genre à vous voir une fois dans l’année lors de l’entretien d’évaluation ? Auquel cas on peut légitimement se demander à partir de quels critères il évalue.
Est-il plutôt enclin à être toujours sur votre dos pour contrôler sans cesse vos activités ? Si oui, on peut se poser la question de la confiance qu’il vous porte et chercher à savoir s’il connaît vraiment le mot délégation.
Est-il du genre invisible, incapable de respecter les horaires de vos rendez-vous, en train de traiter mille choses pendant vos entretiens en tête-à-tête ? Vous passe-t-il des instructions dans les couloirs ou à la cantine ? Vous demande-t-il souvent de venir immédiatement le voir, et sans préciser le pourquoi ? Exige-t-il des rencontres régulières et réparties dans le temps ?
En tout état de cause, que la relation soit «noire ou rose», un patron, ça se manage aussi. Il est vrai qu’il serait plus convenable de dire “oui” à chaque demande de travail supplémentaire… Cependant, une fois dans votre bureau et en voyant l’agenda trop rempli, vous vous maudirez de n’avoir pas su dire “non”. Ce scénario est connu et vécu par la plupart d’entre nous malheureusement.

Exigez des rencontres régulières pour faire le point

Savoir dire “non” renforce votre crédibilité et a des effets positifs sur votre performance. Cependant, le “non” doit revêtir plusieurs aspects. Il doit être le résultat d’une argumentation et un développement sur des critères objectifs, justes et justifiés et ne pourrait s’apparenter en rien à un refus d’obéissance sinon vous tombez dans l’article 39 du code du travail, à savoir «refus délibéré et injustifié du salarié d’exécuter un travail de sa compétence». Ce peut être un “non” sur des délais jugés trop courts, un “non” sur des moyens insuffisants par rapport aux travaux demandés, un “non” à travailler dans un endroit non adapté et non sécurisé conformément aux dispositions de l’article 24 du code du travail, un “non” à une activité qui n’entre pas dans vos attributions et vos missions.
La cohérence du “non” se paie par une plus grande exigence envers soi-même que lorsque l’on dit “oui”. Dans ce cas-là, respectez vos engagements sur le travail demandé et ses délais. Et puis, n’essayez surtout pas de «passer» vos problèmes personnels à votre hiérarchie. Elle en a aussi et, donc, ne vous aventurez pas sur ce terrain-là car votre crédibilité en dépendra. Montrez à votre manager que vous êtes capable de remplir la délégation qu’il vous a confiée et n’allez pas le déranger pour un détail. Détaillez chacun des points que vous voulez traiter avec lui, proposez des solutions et établissez avec lui des projets de scénarios avec des avantages et des inconvénients sans omettre la dimension financière éventuellement.
Passez aussi par le canal de l’écrit par mail pour la traçabilité des informations et essayez aussi le système de «sauf avis contraire de votre part» qui accélère souvent sa réponse dans un délai parfois instantané.
Enfin, manager sa hiérarchie au Maroc, c’est possible si vous exigez des rencontres régulières avec elle, et si vous instaurez un dialogue responsable et/ou vous vous exprimez en adulte face à cette hiérarchie. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs, on récolte ce que l’on sème