Management et responsabilité

Que ce soit dans la religion ou dans le management, la notion de responsabilité revêt une importance capitale. C’est avant tout un état d’esprit.
De manière générale, la religion est porteuse de valeurs et principes qui nous aident à assumer notre rôle et notre responsabilité dans l’entreprise (ou dans la vie), à mieux travailler ensemble, à communiquer positivement et vivre ensemble de manière saine et paisible. Dans cet article, j’ai choisi de présenter un des principes du management qui est la responsabilité.
Que ce soit dans la religion ou dans le management, la notion de responsabilité revêt une importance capitale.Dans le monde professionnel, on attend du manager d’être responsable, courageux, qu’il dispose d’une vision claire de ce qu’il veut réaliser, et partager cette vision et cette ambition avec ses équipes, qu’il sache prendre des décisions difficiles, qu’il sache féliciter un membre de son équipe quand il réalise un bon travail, et aussi le recadrer quand il n’atteint pas ses objectifs à temps et/ou avec la qualité requise.
En parallèle, notre religion pousse à ce que l’on soit responsable. Responsable porteur de vision et de sens (phrase empruntée à Vincent Leanarth de son livre Responsable porteur de sens), œuvrant pour sa communauté. Selon le «hadith»: «Vous êtes tous bergers et vous êtes responsables de l’objet de votre garde».
Pour moi, la notion de responsabilité dans l’islam est importante, et en même temps possède un sens plus large.
Nous sommes tous responsables, cela veut dire que quel que soit notre statut personnel et professionnel, position, travail…, nous avons une responsabilité à assumer au niveau de notre travail, de notre vie, de notre environnement familial, de notre environnement au sens large, de notre pays et notre très grande famille dans le monde (l’humanité).
Savoir que nous sommes responsables nous positionne autrement. Savoir que nous sommes importants nous donne une motivation et énergie positive, savoir que notre travail est important, qu’il aide les autres et que notre «responsabilité est de le réaliser dans de bonnes conditions» nous permet de le percevoir d’une autre manière et donne une motivation pour bien le réaliser.
Une femme de ménage est une «responsable de la propreté des lieux», une secrétaire est «une responsable de la gestion administrative et de l’accueil…», un manager est «un responsable de la gestion et management d’une fonction, business unit, équipe…»
Percevoir son travail comme important et sa responsabilité de le réaliser dans les bonnes conditions donne une motivation à la personne qui va le réaliser.
La notion de responsabilité dans notre religion n’est pas liée à un statut, mais plutôt à un état d’esprit. Donc chaque être humain est responsable. La proposition étant de mettre à jour les fiches d’emploi et les postes pour être conforme à cette notion de responsabilité. On mettra dans la fiche d’emploi «Responsable de l’assistanat» pour une assistante, et appellera la femme de ménage «Responsable du ménage» de tel service, étage…
En comprenant que chacun a un rôle et responsabilité, on va noter que chaque personne va prendre des positions en fonction de sa responsabilité, et cela va adoucir les relations. Un responsable marketing va comprendre que le responsable financier n’est pas contre lui quand il refuse l’augmentation des dépenses en études, mais que sa responsabilité consiste à gérer les finances de la société pour qu’elles restent stables, de même qu’un responsable de business unit opérationnel va comprendre que le juriste ne lui refuse pas d’effectuer une transaction mais le protège d’un éventuel risque avec le fournisseur (ne pas être payé par exemple en cas de problème …).
Comprendre cette notion permet de comprendre que chacun a un rôle dans l’entreprise, que tous les rôles sont importants et que la force est dans ce partage des responsabilités. «L’union fait la force».
Aussi, quand nous sentons que nous sommes responsables de nos équipes au travail, nous les percevons d’une manière différente que de simples collaborateurs.
Le fait d’être responsables du développement des équipes positionne les managers en tant que développeurs de talents
En fait, dans le domaine des ressources humaines, on a introduit dans les critères d’appréciation des managers leurs compétences dans le «développement des collaborateurs». Le manager dans ce cas change de vision, et perçoit son équipe comme étant une chaîne qui a besoin de collaborer pour réaliser son objectif.
Ce principe de «raiya» dans l’islam signifie pour ma part que nous avons tous des «raaya», que nous soyons à des postes à responsabilités élevés ou non, que nous soyons hommes ou femmes, que nous soyons mariés, célibataires, divorcés (ées), veufs (veuves) avec enfants ou non…
Raiya en entreprise sont nos collaborateurs avec qui nous sommes amenés à réaliser des objectifs communs.
Nous partageons tous cette identité : «Responsable, de nous, de ceux qui nous sont proches». Appliqué ce principe au monde de l’entreprise, nous sommes responsables de notre travail, du travail de nos équipes, de la performance de l’entreprise.
En développement personnel, on dit que l’équipe performante est celle où chacun sait ce qu’il a à faire, dont les membres savent travailler ensemble et sont solidaires lorsque l’entreprise sollicite leurs compétences pour des projets…
Comprendre que nous sommes responsables du développement de nos équipes, nous positionne en tant que «développeurs de talents et de compétences». Dans ce sens, le manager est encouragé à créer les conditions de réussite pour ses équipes, à faire comprendre à chacun son rôle et sa valeur dans l’entreprise, ce qui va impacter directement la performance de son équipe et son entreprise.
Ce principe réalisé par chacun dans l’entreprise va permettre d’économiser la grande perte d’énergie dans certaines entreprises où les rapports sont tendus à cause d’une mauvaise interprétation, supposition, ou non clarification des rôles et des responsabilités entre fonctions, collègues, collaborateurs, …
Comprendre que nous sommes responsables de notre travail, et que notre travail est important positionne autrement la valeur «travail», et appelle à s’investir dans son travail. Souvent, j’entends dire dans certaines structures que j’ai accompagnées que «ceux qui travaillent n’ont pas le temps de se vendre et donc sont non récompensés en retour» ou encore «seuls les idiots travaillent, les intelligents sont ceux qui créent des relations et profitent de l’entreprise».
In fine, travailler est une bénédiction et permet de se sentir utile et important.