Les salaires des DG : Entretien avec Saad Benkirane DG du cabinet Idoine

«Le marché est assez contrasté en matière de rémunération des DG»

En matière de salaires des directeurs généraux, le marché est réellement contrasté. Un DG de PME peut gagner autant sinon plus que celui d’une filiale de multinationale. Explications avec Saad Benkirane, DG du cabinet Idoine.

Comment analysez-vous les rémunérations des DG sur la place ?

Je dirais que le marché est assez contrasté car l’on peut relever plusieurs niveaux de rémunération en fonction du profil du manager, de la taille de l’entreprise, son secteur, son contexte, des défis à relever… Les rémunérations peuvent être plus ou moins importantes selon ces facteurs. Si on raisonne en termes de chiffre d’affaires, pour une entreprise qui réalise moins de 100 MDH, les salaires des DG démarrent à 50000 nets mensuels. Au-delà de 100 MDH, ils peuvent être beaucoup plus importants.
Dans certaines filiales de multinationales, les salaires peuvent être relativement modestes contrairement à ce que l’on peut penser. Ils peuvent tourner autour de 60 000 DH en plus d’un package variable allant de 3 à 6 mois de salaire par an.

Comment évoluent les rémunérations actuellement ?

La tendance est à la stagnation des salaires, voire à la baisse. Vu la rareté des opportunités, je pense que les salaires sont plus raisonnables actuellement, contrairement à quelques années auparavant où ils avaient fortement progressé pour l’ensemble des fonctions, pas uniquement les DG. Ceci dit, pour certains profils ou dans certains secteurs, les rémunérations n’ont pas régressé en raison du degré d’expertise exigé ou encore parce que les challenges sont plus importants.

Les écarts entre les salaires sont-ils importants en fonction de la taille de l’entreprise?

Oui, effectivement. Car la fonction de DG dans une grande entreprise n’est pas parfaitement la même que dans une PME, que ce soit en termes de pouvoir de décision, de périmètre d’action, d’activité, de champ relationnel et même de profil exigé. On peut donc trouver des différences de salaires dans un sens ou dans un autre.Les écarts peuvent être très importants en fonction de l’entreprise et de la nature du poste.

Un candidat au poste de DG est-il en position de force pour imposer le salaire qu’il veut ?

Généralement, dans une partie de négociation, les partenaires, que ce soit l’entreprise ou le candidat au poste de DG cherchent la proximité, les affinités et la convergence des intérêts qui sont au cœur de la négociation.
L’entreprise veut se doter d’un manager capable d’accepter de relever les challenges, d’atteindre les objectifs souhaités… Pour sa part, le candidat doit s’assurer qu’il est capable de le faire, d’avoir également les moyens et la marge de manœuvre nécessaires pour atteindre les objectifs assignés, de connaître les perspectives de développement de l’entreprise… Donc, le rapport de force ne se limite pas à la question du salaire mais à d’autres points beaucoup plus stratégiques.
La négociation se déroule en plusieurs entretiens pour délimiter le pouvoir du nouveau DG. La question de l’intéressement est également importante dans la mesure où elle permet de motiver davantage le candidat au poste. Sinon, dans certains cas, il y a des candidats qui acceptent les conditions de l’entreprise juste pour avoir le poste de directeur.

Qui fixe la rémunération ?

Dans la majorité des sociétés, c’est le conseil d’administration qui doit fixer la rémunération du dirigeant. Dans les entreprises type SA, le manager ne peut prendre la décision seul, même s’il est par ailleurs associé majoritaire de la société.

Généralement, comment est constitué le salaire ?

Pour le dirigeant d’une entreprise soumise à l’impôt sur les sociétés, plusieurs types de rémunération sont possibles, les deux principaux étant la rémunération du travail sous forme de salaire et la rémunération du capital sous forme de dividendes.
A ces deux formes de rémunération peuvent s’ajouter d’autres éléments tels que des avantages en nature (la voiture de fonction étant le cas le plus classique). Il est également possible d’optimiser cette rémunération par des dispositifs d’épargne salariale ou en faisant financer par l’entreprise une partie de la retraite.
Ceci dit, depuis quelques années, le variable prend une part de plus en plus importante dans les émoluments des dirigeants et peut dans parfois atteindre 50% du total.
Plus l’entreprise est dans une approche de développement, plus le salaire du DG sera important. En effet, les bonus constituent un élément essentiel de la rémunération d’un DG. Des primes peuvent être attribuées en cas de réalisation d’objectifs précis et quantifiables : hausse du chiffre d’affaires, meilleure rentabilité, restructuration…
Ces bonus peuvent être supérieurs au salaire de base et permettent de rémunérer le dirigeant au plus juste de ses qualités et de son travail.
D’autres composantes peuvent également figurer dans la rémunération comme les stocks-options, l’indemnité de rupture de contrat, l’assurance-vie…