Les nouvelles filières paramédicales qui payent

De nouvelles spécialités paramédicales ne cessent de voir le jour au Maroc n Elles sont principalement liées à  la rééducation et la correction de troubles et défauts fonctionnels ou de motricité. Des métiers qui se prêtent plus à  l’exercice en tant que libéral.

Durant les 20 dernières années, plusieurs nouvelles spécialités paramédicales ont fait leur apparition au Maroc. Certaines de ces disciplines sont aujourd’hui très célèbres et attirent des milliers de bacheliers chaque année. D’autres, bien au contraire, sont peu ou pas connues, même si elles présentent un potentiel énorme et des opportunités de carrière hors du commun. Comment choisir le bon créneau ?
La majorité des spécialités est réglementée, bien représentée (associations, etc.) et leurs actes sont remboursés par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Ce dernier critère est important si l’objectif final est de travailler en tant que libéral ou dans le privé. D’autres disciplines peinent à s’organiser malgré le potentiel qu’elles représentent. Il est donc important d’établir une liste de critères qui vont permettre de décider dans quelle discipline on a choisi de faire ses études.

La psychomotricité est une discipline assez nouvelle au Maroc. Le psychomotricien est un spécialiste des troubles psychomoteurs. Il s’occupe entre autres des retards moteurs durant l’enfance (exemple : enfants de 2 ans présentant un retard de la marche). Son principal objectif est d’aider les enfants en bas âge à passer naturellement par toutes les étapes de leur évolution. Il peut également traiter des personnes âgées. Au Maroc, ils seraient seulement une vingtaine à exercer ce métier, entre Casablanca et Rabat. «Le besoin en psychomotriciens est de l’ordre de 1 pour 1 000 habitants», souligne Badie Azzaman Mehadji, doyen de l’Université internationale de Casablanca. En d’autres termes, il faudrait 10 à 15 ans pour combler ce manque.
L’ostéopathie propose quant à elle une démarche assez intéressante puisqu’elle permet d’intervenir sur des troubles fonctionnels sans médicaments. Au Maroc, il y a en tout et pour tout une vingtaine de praticiens. Là encore, le besoin est chiffré en plusieurs milliers. C’est l’une des disciplines les plus récentes au Maroc. Aucune représentation professionnelle n’existe encore. Les actes d’ostéopathie ne sont pas encore remboursés par la CNSS, «mais le seront une fois cette discipline réglementée», partage Brahim Nimzilne. L’avantage de ce type de spécialités est que le marché du travail est ouvert.
D’autre part, l’orthoptie fait partie des métiers les plus méconnus au Maroc. Souvent confondue avec l’ophtalmologie, cette spécialité vient en aide aux personnes atteintes de troubles oculaires (strabisme, amblyopie, paralysies oculomotrices, etc.). Au total, une centaine d’orthoptistes exerceraient ce métier à travers tout le Maroc. Ce chiffre devrait être bien plus élevé pour satisfaire aux besoins actuels.
D’autres filières sont également très intéressantes. Il s’agit en l’occurrence de celles liées à la psychiatrie, l’orthophonie, la diététique ou encore les métiers liés aux laboratoires. Des métiers plus pointus émergent de plus en plus. C’est le cas de celui d’attaché de recherche clinique, apparu au Maroc il y a seulement 4 ans.

Où se former ?

Une fois le bac obtenu et la filière choisie, il est essentiel d’opter pour une formation reconnue. Les Instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS), anciennement appelés IFCS (Instituts de formation aux carrières de la santé), sont à cet effet plus qu’indiqués. Il s’agit d’un réseau d’instituts de formation des professionnels de santé faisant partie des établissements publics marocains sous la tutelle du ministère de la santé. L’accès à ces établissements se fait après une sélection et un concours comprenant une épreuve écrite et un entretien. Ils sont répartis à travers plusieurs grandes villes du Royaume : Agadir, Casablanca, Fès, Marrakech, Meknès, Oujda, Rabat et Tétouan. La plupart des filières qui y sont proposées nécessitent 3 ans de formation. En général, le programme de formation nécessite des stages pouvant atteindre 50% du programme d’apprentissage.
Les places étant limitées dans ces instituts, les organismes de formation privée peuvent constituer une bonne alternative. A condition de choisir le bon établissement. Un conseil : en plus de l’accréditation que doit avoir l’établissement de formation privée, le diplôme obtenu doit être reconnu. Pour certaines disciplines, le choix est très limité. C’est le cas de la psychomotricité. «Nous sommes le seul organisme privé au Maroc qui forme à cette spécialité», affirme Guyot Catherine, professeur de psychomotricité à l’Université internationale de Casablanca.

Quels débouchés ?

Une fois le diplôme en poche, il faut chercher du travail. A partir de 2007, «le recrutement dans la fonction publique ne se fait plus systématiquement pour les lauréats des ISPITS. Le recrutement direct a été remplacé par des concours, politique des postes budgétaires oblige», rappelle Meriem Benrouijel, ancienne praticienne à l’hôpital Moulay Youssef de Rabat et vice-présidente de la Société marocaine d’orthoptie, l’association regroupant les orthoptistes du Maroc. A partir de 2017, les lauréats des ISPITS ayant passé avec succès le concours d’admission à la fonction publique seront recrutés à l’échelle 10.
Si l’objectif final est par contre de travailler dans le privé, il faut savoir qu’il n’existe au Maroc aucune agence de recrutement spécialisée dans les métiers de la santé. Une seule solution s’impose : faire le tour des cliniques et centres spécialisés. A ce niveau, les salaires démarrent à 4 000 DH et peuvent atteindre 6 000 DH pour les expérimentés.
Le plus intéressant serait de travailler en libéral. Seule difficulté à surmonter, l’investissement important que nécessite l’équipement d’un cabinet. A titre d’exemple, un cabinet d’orthoptie nécessite un investissement minimum de 500 000 DH pour un équipement de base. Pour un équipement plus complet ou plus avancé, il faut débourser pas moins de 800 000 DH. Ceci dit, travailler en libéral présente un avantage majeur côté finances. «La séance de 30 minutes en cabinet est facturée 300 à 400 dirhams. Pour moi, un psychomotricien gagne mieux sa vie qu’un médecin généraliste pour moins d’années d’études», partage non sans conviction Badie Azzamane Mehadji.