Les incubateurs des entreprises : Entretien avec Yassine Mseffer, DG d’Injaz Al Maghrib

Pendant six mois, les porteurs de projet sont suivis par un duo de mentors complémentaires, composé d’un banquier d’affaires et d’un entrepreneur.
Opérationnel depuis plus d’un an, le programme Smart Start d’Injaz Al Maghrib a permis d’accompagner 120 personnes et a vu la création de 30 start-up. Comment se fait l’accompagnement ? Le suivi ? Yassine Mseffer, DG d’Injaz Al Maghrib, parle d’une stratégie qui porte ses fruits.
Quel bilan faites-vous d’Injaz Al Maghrib depuis sa création ?
Depuis sa création en 2007 sous l’impulsion de SNI, Injaz Al Maghrib a réussi à sensibiliser près de 50 000 jeunes à l’entrepreneuriat, et à révéler leur potentiel et esprit d’initiative. Nous sommes aujourd’hui présents dans 12 villes, d’Oujda à Laâyoune, et nous allons nous implanter dans 6 nouvelles villes cette année, telles que Dakhla, Meknès et Nador.
Mais au-delà de ces chiffres, Injaz Al Maghrib est fier d’avoir contribué à l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs qui font la fierté de ce pays.
Injaz Al Maghrib a réussi à mettre l’entrepreneuriat au centre du débat sur le combat du chômage des jeunes et l’amélioration du niveau de vie des Marocains. Le ministère de l’éducation, partenaire associé et stratégique de notre association, nous a inclus dès le départ dans sa réflexion sur sa nouvelle stratégie.
Quels sont les services que vous proposez, notamment aux porteurs de projet ?
Sur la chaîne de l’écosystème entrepreneurial, Injaz intervient très en amont dans la sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat. Que ce soit au collège, au lycée ou à l’université, nous proposons des programmes internationaux de Junior Achievement, leader mondial d’éducation à l’entrepreneuriat, à raison de 2h par semaine, durant 6 à 16 semaines. Ces programmes sont exclusivement livrés par des conseillers bénévoles, entrepreneurs ou cadres d’entreprises, et directement dans des classes des établissements publics.
Ces programmes consistent pour la plupart en la création de junior entreprises qui permettent aux étudiants de vivre dans un environnement virtuel toutes les étapes de la vie d’une entreprise : idée/concept, actions, achat, vente, business plan, rapport d’activité et liquidation.
Depuis 2014, nous avons lancé un nouveau programme dédié cette fois-ci aux porteurs de projet. En effet, des étudiants ayant bénéficié de nos programmes et qui avaient brillamment lancé leur junior entreprise sont venus nous voir pour exprimer leur envie de passer du côté réel, et lancer effectivement leur projet. Smart Start a pu accompagner 120 personnes depuis 2014 et a vu la création de 30 start-up.
Sur quelle période s’étale l’accompagnement ? Y’a-t-il un suivi ?
Ce programme Smart Start dure 6 mois. Il vient en complément du Company Program, qui s’étale sur 16 semaines, à raison de 2h par semaine. Durant les 6 mois, les porteurs de projet sont suivis par un duo de mentors complémentaires, composé d’un banquier d’affaires et d’un entrepreneur aguerri. De plus, un cabinet de coaching spécialisé accompagne ces jeunes, travaillant leurs soft skills et leur communication. A la fin de cette période, tous ces jeunes présentent leurs start-up à des incubateurs et investisseurs potentiels.
Quelle analyse faites-vous des structures d’aide à la création d’entreprise au Maroc ? Sont-elles assez nombreuses ou pas ?
Les structures d’aide à la création d’entreprise au Maroc sont nombreuses et dynamiques. Il y a beaucoup d’associations, d’agences publiques et d’initiatives privées qui œuvrent pour la promotion de l’entrepreneuriat et assistent les personnes désireuses de créer leur entreprise. Ce qui a péché par le passé et qui a tendance à s’ajuster aujourd’hui est la démarche de certaines de ces structures et la réalité du terrain. La sensibilisation à l’entrepreneuriat et la formation aux soft skills des porteurs de projet ayant été parfois délaissés.
Mais, aujourd’hui, je suis réellement impressionné par la densité et l’énergie de tous ces maillons de la chaîne de l’écosystème entrepreneurial. Et les pouvoirs publics semblent tout aussi impliqués que la société civile et semblent avoir pris conscience de l’importance de la promotion de l’entrepreneuriat auprès des jeunes.
Pensez-vous que les jeunes sont assez informés sur les mécanismes ou les organismes d’accompagnement comme le vôtre ou autres ?
On peut certes toujours mieux faire, mais je pense que oui. Cela n’a pas été toujours le cas. Lorsque j’ai été jeune diplômé, je n’avais pas l’information nécessaire sur tous ces mécanismes. Mais, aujourd’hui, un jeune est connecté 24h/24 sur les réseaux sociaux, et toutes ces initiatives pour la création d’entreprise ont des relais sur ces réseaux, et communiquent de plus en plus. Injaz Al Maghrib est par exemple présent sur Facebook, mais également Twitter et Youtube. Nous avons une personne au sein de notre association qui partage quotidiennement des informations avec nos milliers de fans et une centaine de followers.