Les fondations d’entreprise, un cadre structurant pour le mécénat
De l’éducation à la solidarité, en passant par la santé, la protection de l’environnement, la création artistique et autres, les fondations financent plusieurs domaines. Ce sont des structures qui ont vocation à corriger les tares du système libéral.
Construction d’écoles dans le milieu rural, réhabilitation d’équipements publics ou de monuments culturels, protection de l’environnement, appui au parcours des élèves brillants ou des jeunes artistes, aide à la création artistique, santé… Ces actions ne sont plus seulement l’œuvre de l’Etat, des entreprises privées s’y mettent de plus en plus en y investissant des millions de dirhams. Et les exemples ne manquent pas. La Fondation BMCE Bank soutient par exemple depuis plusieurs années l’éducation en milieu rural à travers son réseau Medersat.com qui compte aujourd’hui une soixantaine d’écoles dont 3 à l’étranger (Sénégal, Congo et Mali). La Fondation Sekkat est également connue pour ses innombrables actions dont sa participation à plusieurs projets, dont quatre orphelinats à Casablanca, un hôpital de 125 lits à Ain-Chock, la rénovation d’une aile de la prison d’Oukacha ou encore la rénovation de la bibliothèque de l’Université Hassan II qui porte aujourd’hui le nom de son mécène, feu Mohamed Sekkat. La Fondation ONA s’active aussi bien dans la santé que dans la promotion de la culture. Celle du groupe Attijariwafa bank manifeste «un engagement fort envers les jeunes, en mettant à leur service son savoir-faire dans le mécénat culturel pour leur faciliter l’accès au monde des arts et en soutenant activement le domaine de l’enseignement». De même, Addoha ouvre des centres de formation pour cette catégorie de la population et offre des bourses à des étudiants.
Partager la richesse avec l’environnement immédiat
Pourquoi l’idée d’une fondation ? Cette bonne conscience, comme l’explique Omar Benaini, consultant associé au sein du cabinet LMS ORH, vient à la base réparer en quelque sorte les excès du système libéral. Au Maroc, par exemple, des entreprises se sont depuis toujours occupées de leur environnement immédiat. Pour exemple, les cimentiers se sont toujours occupés d’aménager une route dans un village, mis en place une école pour les enfants… En exploitant des mines avoisinantes, «la richesse est de sorte à être partagée avec l’environnement immédiat», explique t-il.
Pour Abdellah Talib, vice-président de la Fondation Lydec qui vient d’être créée récemment, la démarche est avant tout motivée par une volonté d’agir pour le bien-être des populations. «Une fondation vient donner un cadre structurant aux actions de l’entreprise», ajoute-t-il. Pour le cas de Lydec, les bases de cette fondation découlent de l’identification des besoins de la sphère où elle opère à savoir les attentes des consommateurs, partenaires et société civile. Le tout à travers trois programmes d’intervention : l’environnement, la solidarité de proximité et l’engagement sociétal des collaborateurs de Lydec.
Cohérence avec le métier de l’entreprise
Et ce n’est pas un hasard si la fibre citoyenne gagne du terrain. Largement utilisée par les entreprises, une fondation, et à travers elle le mécénat, reste un moyen efficace de communication et de valorisation de l’image de l’entreprise parce qu’elle contribue au développement et à la réalisation de projets sociaux, culturels, sportifs… Elle peut en quelque sorte apparaître comme un partenaire actif de causes d’intérêt général aux yeux de la population, des médias et des autorités locales, institutionnelles et politiques. Cependant, M. Benaini explique qu’il ne faut pas tomber dans l’excès de générosité. Selon lui, il devrait y avoir une cohérence entre ce que fait l’entreprise et ce qu’elle souhaite apporter comme valeur ajoutée pour la communauté. «Le mécénat est un véritable métier. On ne peut être dans le Rallye des motos, dans la distribution des cartables ou encore dans le sponsoring d’un festival d’art contemporain. Pour moi, une entreprise qui opère dans le domaine maritime par exemple et qui soutient un festival de Rai n’a pas de sens. Par contre, si elle milite pour l’aménagement des plages, ses actions citoyennes ont plus de sens», explique-t-il.
D’autre part, en impliquant le personnel à un projet commun, la fondation permet de développer la cohésion du personnel en lui faisant partager des moments d’engagement citoyen hors du cadre du travail, la fierté d’appartenance et bien d’autres valeurs.
Autre point important pour que la fondation soit pérenne, elle doit gagner en autonomie en termes de gestion et de management. «Parce que souvent un dirigeant peut changer d’orientation pour sa fondation, les gens finissent par ne plus croire en ses actions. Ils se désolidarisent», ajoute M. Benaini.