Le développement durable, un nouveau gisement d’emplois

Le marché mondial des produits et services liés à l’environnement devrait atteindre 2 740 milliards de dollars vers 2020.
Les spécialistes sont nécessaires dans tous les secteurs.
Les universités anticipent les besoins des entreprises et des collectivités en proposant des cycles spécialisés.
Le marché mondial des produits et services liés à l’environnement devrait doubler pour passer de 1 370 milliards de dollars par an actuellement à 2 740 milliards de dollars vers 2020, selon une étude récente du Bureau international du travail (BIT) sur l’émergence de «l’économie verte» au niveau mondial et son impact sur le monde du travail. La moitié de ce marché concerne l’efficacité énergétique et l’autre moitié les transports, l’approvisionnement en eau, l’assainissement et la gestion des déchets. Dans la foulée de leur développement, ces activités spécialisées créent des milliers de métiers un peu partout dans le monde. Le Maroc n’est pas en reste. Même si nous ne disposons pas de statistiques concernant l’emploi dans le domaine de l’environnement, nous pouvons avancer que les perspectives de création d’emplois seront de plus en plus considérables sous l’impulsion des projets structurants (plan Maroc vert, plan solaire, plan éolien, Charte de l’environnement). Et plus particulièrement, parce que les acteurs économiques, les entreprises polluantes en particulier (cimentiers, industries chimiques..), seront tenus de respecter des normes précises ou un code de conduite approprié, sous l’impulsion de la loi sur l’environnement en cours de rédaction.
Emergence de nouveaux métiers
Responsable environnement, responsable hygiène et propreté, conseillers en développement durable, gestion de projet d’assainissement et bien d’autres, «les métiers liés à l’environnement sont très variés. Ils se développent dans la foulée des différentes problématiques liées à la protection et gestion des ressources naturelles, à la prévention et au traitement des pollutions et des risques, à l’aménagement et au cadre de vie», souligne à cet effet Taha Amiar, DG du portail Massolia, spécialisé dans la promotion des technologies vertes. Les besoins en ressources humaines ne se limiteront pas au volet technique. Financiers, juristes et consultants spécialisés seront nécessaires pour monter des projets d’investissement «verts», intervenir dans des litiges ou concevoir et gérer des placements éthiques.
Cependant, si la montée en puissance de la notion de développement durable a provoqué l’émergence de nouveaux métiers, la plupart des spécialistes s’accordent à dire que les entreprises ont surtout besoin de nouvelles compétences, associées à des fonctions actuelles. Les options accolées aux formations «traditionnelles» de l’environnement en sont un bon indicateur. «Il n’y a pas forcément beaucoup de nouveaux métiers, mais plutôt des améliorations et des transformations des métiers existants», précise Essaid Bellal, DG du cabinet Diorh. Toujours est-il que la tendance est à la formation de profils spécialisés très au fait des enjeux liés à l’environnement. D’ailleurs, au Maroc, la loi qui organise la réforme de l’enseignement supérieur oblige notamment les grandes écoles et universités à prévoir des options ou des filières développement durable dans leurs cursus. Beaucoup d’établissements publics et privés délivrent désormais des diplômes dans ce domaine. C’est le cas de l’Université Mohammed VI à Oujda qui propose un master pluridisciplinaire sur les questions environnementales, de sécurité et de qualité, de management environnemental. Ce master intègre aussi bien des volets techniques et économiques que juridiques et sociétaux. A l’université de Rabat, les étudiants ou professionnels peuvent opter pour un master en procédés industriels et développement durable et un en génie et gestion de l’eau et environnement. L’université Hassan 1er organise depuis la rentrée 2010 un master en management de l’environnement et du développement durable. Cette formation vise à préparer des cadres opérationnels de haut niveau dans le domaine de l’environnement. C’est dire que, pour une fois, les formateurs essaient d’anticiper parce que tous les secteurs auront besoin de leurs «hommes en vert», dans tous les domaines.