Le Centre des jeunes dirigeants milite pour la création du statut de l’auto-entrepreneur

L’auto-entreprise est un régime basé sur des charges sociales et fiscales simplifiées. Il s’adresse en particulier aux personnes qui souhaitent pouvoir débuter ou arrêter facilement leur activité, sans nécessairement créer une société commerciale. Le chiffre d’affaires ne doit pas dépasser 300 000 DH.
Selon Driss Belkhayat, président du Centre des jeunes dirigeants, il faut surtout sortir de son isolement et développer la confiance en soi pour pouvoir créer une entreprise. Cependant, ce n’est pas suffisant. L’association veut des réaménagements au niveau juridique pour aider ceux qui veulent se mettre à leur compte. La proposition est de placer le statut d’auto-entrepreneur, beaucoup plus souple que les formes juridiques qui existent.
Explications.
Malgré la diversité des mécanismes et des structures d’aide à la création d’entreprise, on n’arrive toujours pas à booster l’entreprenariat des jeunes. Pourquoi à votre avis ?
Manque d’accompagnement, problèmes de financement ou, tout simplement, inexistence de la culture d’entreprenariat, l’acte d’entreprenariat est encore mal appréhendé chez beaucoup de personnes. Malgré la diversité des mécanismes et des structures d’aide à la création d’entreprise, il faut surtout sortir de son isolement et développer la confiance en soi.
Dans le cadre de l’étude sur l’entreprenariat au Maroc que le CJD a réalisée en 2009, il ressort que la durée de vie des entreprises ne dépassait pas 5 ans. C’est pourquoi il faut démystifier l’acte d’entreprendre pour augmenter la base potentielle de créateurs d’entreprises. Je pense qu’aujourd’hui un jeune créateur doit bénéficier d’informations et de conseils clairs sur les étapes et les voies qui s’ouvrent à lui. En tant que force de réflexion, nous sommes là pour aider ces jeunes à se poser les bonnes questions et à résoudre eux-mêmes leur problématique.
Le CJD, c’est aussi un espace pour échanger en toute confidentialité sur des problématiques d’entreprise, s’enrichir du regard des autres et profiter de toute la richesse d’un réseau. C’est enfin, et surtout, se mettre en dynamique pour améliorer sa performance et celle de son entreprise. Pour cela, au CJD, nous proposons à chacun de réfléchir pour prendre du recul et anticiper, se former pour progresser, expérimenter pour innover, s’engager pour influencer.
Vous militez depuis peu pour la mise en place du statut de l’auto-entreprenariat. C’est quoi excatement ?
C’est un régime d’entreprise individuelle basé sur des charges sociales et fiscales simplifiées. Il s’agit tout bonnement de créer son entreprise à travers internet sans se tracasser avec la paperasse administrative. Ce qui fait que la création est gratuite.
Pour qui serait fait ce régime ?
En particulier pour les personnes qui souhaitent pouvoir débuter ou arrêter facilement leur activité, sans nécessairement créer une société commerciale. Les étudiants, les salariés, les fonctionnaires, les demandeurs d’emploi ou les retraités peuvent en bénéficier.
Il existe une population de 6 millions d’actifs salariés et le problème est que dès qu’un salarié arrête de travailler, il ne bénéficie plus de couverture sociale. Avec ce régime, toute personne continue d’être couverte. Il faut souligner également que le système existe aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années. En France, le régime a commencé en 2009 et connaît un engouement puisqu’il existe près de 800 000 auto-entrepreneurs. A la fin d’année, ils seront plus d’un million. Pour le Maroc, ce serait une bonne initiative pour tirer des personnes de l’informel vers le formel.
De quels avantages bénéficient-ils ?
Le statut d’auto-entrepreneur comporte de multiples avantages: peu de paperasserie, un régime social et fiscal à taux préférentiel et surtout pas d’impôt avant de gagner de l’argent. Au CJD, nous militons pour que les auto-entrepreneurs payent un impôt forfaitaire de 2 à 3% sur leurs revenus. Tant qu’ils ne généreront pas de revenus, ils ne payeront pas d’impôt. Ils bénéficient également d’une création et une radiation simplifiée et rapide. Toute personne peut dissoudre son entreprise en un seul clic et ne plus rester prisonnier de son entreprise.
Ceci dit, l’avantage majeur pour nous est que cette initiative lève le frein psychologique. Comme je l’ai expliqué, beaucoup de jeunes n’osent pas entreprendre à cause des différents freins.
Bénéficieront-ils à vie de ce régime ?
Le seul impératif est de ne pas dépasser un certain montant de chiffres d’affaires par an. Si c’est le cas, l’entrepreneur doit impérativement abandonner son statut d’auto-entrepreneur pour passer à un statut classique, c’est à dire entreprise individuelle, SARL… Par exemple, nous estimons que pour bénéficier de ce régime, l’auto-entrepreneur ne doit pas dépasser un chiffre d’affaires de 300 000 DH pour les services et d’un million de DH en achat/vente.
Le projet verra-t-il bientôt le jour ?
Actuellement, une commission interministérielle travaille sur le sujet. Il ne faut pas oublier que toute une plateforme doit être derrière et qui concerne un ensemble d’établissements publics. Nous mêmes au sein du CJD, nous avons travaillé sur l’aspect fiscal. Je pense que le projet pourrait voir le jour avant la fin de l’année.