Hôtellerie : les ressources humaines font toujours défaut

Le dispositif de formation professionnelle s’est beaucoup modernisé mais l’effectif des formateurs est insuffisant. Un système de pilotage en mesure de renseigner sur le degré d’adéquation entre les stratégies initiées et les actions opérationnelles mises en Å“uvre est indispensable.

Vision 2010, puis Vision 2020…, avec les ambitions du Maroc dans le domaine touristique, on savait qu’il fallait actionner le levier de la formation pour répondre à la problématique des ressources humaines qui font cruellement défaut dans le secteur. D’où la mise en place du contrat programme RH 2008/12. Pouvoirs publics et professionnels avaient donc fixé des objectifs élevés. Il a fallu aussi mettre en place plusieurs mécanismes. D’abord, le renforcement des entités de formation. L’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) a étoffé son réseau en portant le nombre d’établissements spécialisés de 17 à 63. Corrélativement, le nombre de stagiaires des différentes filières touristiques et hôtelières est passé de 1 206 en 2001-2002 à
27 300 en 2014/2015. Mais Si l’ensemble du dispositif de formation professionnelle s’est beaucoup modernisé, le manque de personnel et de formateurs est toujours pointé du doigt par les opérateurs.  D’un autre côté, le manque d’intérêt des établissements hôteliers pour la formation professionnelle ne fait qu’amplifier le déficit des ressources humaines. Aujourd’hui encore, peu d’établissements hôteliers prennent la peine d’établir un plan de formation pour leur personnel malgré les possibilités de remboursement offertes par les contrats spéciaux de formation (CSF).

Un secteur à deux vitesses

Il est toutefois utile de préciser que nous sommes en face d’un secteur à deux vitesses. Chez les petites unités, généralement les indépendants, l’essentiel de la formation, s’ils en font, porte le plus souvent sur les techniques de base en matière de gestion hôtelière, entre autres la communication, la relation clientèle, l’accueil, l’animation et l’hygiène.Loic Gogue, vice-président de la commission sociale et RH de la Confédération nationale de tourisme, tire la sonnette d’alarme : «La professionnalisation de la formation nécessite la mobilisation de l’ensemble des acteurs impliqués dans l’acte de former, tant au niveau stratégique (instances de décision) qu’au niveau opérationnel (établissements de formation)». Pour lui, il est important d’«avoir un système de pilotage et des tableaux de bord qui puissent renseigner sur le degré d’adéquation entre les stratégies initiées et les actions opérationnelles mises en œuvre».
Du travail, il y en a encore beaucoup dans le secteur touristique qui ne peut prospérer sans des ressources humaines de qualité.