Estime de soi, productivité et performance

Le modèle «Elément humain®» du psychologue américain William Schutz a fait son chemin et s’est imposé outre-Atlantique comme un des modèles efficaces pour mobiliser les équipes face à  la complexité. Le capital humain demeure ce gisement inépuisable de productivité avec lequel le manager peut faire la différence.

De nombreux managers sont, constamment, en quête de solutions qui mettra leurs équipes sur la trajectoire de la performance. Tels des apprentis sorciers, ils testent, expérimentent, benchmarkent. Dans cet article, je vous présente un outil qui peut les aider à construire une équipe performante.

Modèle pragmatique

«Estime de soi, confiance et productivité» est un des brelans gagnants pour managers souhaitant booster la performance de leurs équipes. Managers, si vous voulez développer les résultats de votre entreprise, renforcez et prenez soin de l’estime de soi de vos collaborateurs. Leur productivité augmentera de facto. Parole de William Schutz, psychologue américain.
Après 30 années d’expérience dans l’accompagnement des organisations, M.Schutz a mis au point, en 1994, son modèle «Elément humain». Sur la base de recherches sur le terrain, de chiffres et de corrélations, il a établi l’intime relation entre estime de soi et performance.
W. Schutz a pu, en effet, codifier une pédagogie simple, pratique, ludique et progressive pour conduire des personnes et des équipes à vivre la confiance, l’estime et la performance.
Depuis, le modèle «Elément humain®» a fait son chemin et s’est imposé outre-Atlantique comme un des modèles efficaces pour mobiliser les équipes face à la complexité.
Cette démarche s’inscrit, comme les autres approches de développement personnel, dans le courant humaniste qui a pour ambition de mettre l’être humain au centre des préoccupations de l’entreprise et pourquoi pas d’une nation. En cette période de lendemain électoral dans notre pays, on a beaucoup parlé d’infrastructures et de projets, mais rarement de celui qui va les gérer et les utiliser. Bref, c’est un autre débat.

Que dit le modèle «Elément humain®»

Le capital humain est l’ultime avantage concurrentiel pour les entreprises. Je ne le répéterai jamais assez. Tout se banalise, tout se démocratise. Le capital humain demeure ce gisement inépuisable de productivité avec lequel le manager peut faire la différence.
La cohésion d’une équipe, la coopération entre ses membres et le développement de la culture du réseau deviennent stratégiques pour les entreprises aujourd’hui.
Contrairement à la culture taylorienne, axée sur le processus, la culture du réseau ne peut réussir sans une régulation forte des comportements et des attitudes. Les malentendus, les désaccords ou les conflits peuvent freiner la fluidité transversale, voire la paralyser.
Pour W. Schutz, une équipe ou une personne n’échoue pas à cause des désaccords, ni à cause des différences de personnalité. Elle échoue à cause de la rigidité de ses membres. Poussée à l’extrême, la rigidité peut provoquer la balkanisation de l’entreprise.
Toujours selon le modèle, la rigidité d’une équipe est la résultante des peurs que ressentent les membres de l’équipe. Peur du changement. Peur du regard de l’autre. Peur d’être critiqué. Peur de perte d’avantages. La liste est longue.
Face à l’inconnu, chacun de nous développe un système de défense. Les membres de l’équipe trouvent, ainsi, une «cause commune» : la peur (qui peut avoir des origines différentes). Ce qui va permettre de faire bloc face au danger : nouveau produit, nouveau manager, nouvelle procédure…

Résultat : l’équipe renforce ses remparts pour se défendre, ce qui la fige derrière. Au lieu d’avancer, l’équipe se rigidifie, stagne, régresse.
L’équipe perd, ainsi, en efficacité, alors qu’elle recèle d’importantes richesses (compétences et expertise) qui peuvent, si mieux canalisées, l’aider à améliorer sa performance.
La pertinence du modèle de Schutz est de permettre aux membres d’équipe, durant un coaching d’équipe, de dépasser leur peur par trois canaux. En évacuant la peur d’être ignoré, chaque membre d’équipe est reconnu comme étant important. En évacuant la peur d’être humilié, chaque membre d’équipe est reconnu comme étant compétent. En évacuant la peur d’être rejeté, chaque membre d’équipe est reconnu comme étant digne d’être aimé.
J’entends, déjà, les réactions du genre : «il ne manque plus que je fasse des déclarations d’amour à mes collaborateurs et que je célèbre la Saint-Valentin avec eux». Que nenni ! Tout ce qui est demandé aux managers est d’admettre que chaque collaborateur a de la valeur. Donc, il est important. Donc, il est compétent. Donc, il est digne d’être aimé et respecté.
En aidant ses collaborateurs à évacuer leur peur, le manager leur donne les moyens de faire tomber les remparts (murs de défense pour cause de peurs) pour aller vers la performance grâce à la synergie et à l’ouverture de ses membres, ce qui est un préalable de taille pour l’intelligence collective.

Durant l’accompagnement, l’alchimie des reconnaissances opère. Libéré des peurs qui les tenaillaient, chaque membre d’équipe prend conscience de son rôle dans l’équipe. Il prend, aussi, connaissance de l’importance de l’autre. Dit autrement, chacun existe. Il y a de la place pour tout le monde. Or, sous l’emprise de la peur, chacun excelle pour repérer «ce qui ne va pas chez l’autre». Dans une équipe qui a vécu l’expérience de l’«Elément humain®», chacun sait qu’il a de la valeur, ce qui renforce, profondément, son estime de soi. Ce qui renforce son sentiment d’appartenance à l’entreprise, qui lui est reconnaissante. Ce qui développe sa contribution à la performance.
L’approche offre une compréhension pragmatique de la relation humaine et de ses dysfonctionnements. Le processus met en lumière les «manquements» à l’estime de l’autre et permet de prendre conscience des blocages et de leur impact sur la relation et notre vie.

Pourquoi tout cela ?

Principal objectif : avoir une équipe performante en termes de développement personnel, une équipe qui a atteint le niveau d’ouverture souhaité par le modèle de Schutz. Une  équipe où tous les membres ont de la valeur. Une équipe où l’on peut dire des choses agréables ou désagréables sans problème.
L’ouverture est un talent à encourager et à développer chez un leader. Si on bloque le curseur (rigidité), c’est qu’il y a une peur. S’ouvrir, c’est se mettre en danger, car oser aller vers un terrain inconnu. Un vrai leader est celui qui aide ses collaborateurs à évacuer leurs peurs. Celui qui leur inspire confiance.

* William Schutz (1926-2002), docteur en psychologie, a concentré ses recherches sur le développement des organisations et des équipes. Il a utilisé le FIRO (Fundamental Interpersonal Relations Orientations) pour construire une méthode d’apprentissage complète: «l’Elément humain®». Le modèle «Elément humain®» est largement utilisé dans une vingtaine de pays : Japon, Etats-Unis, Suède, France, Grande-Bretagne, Mexique, Brésil, Australie, etc. Son ouvrage «l’Elément humain®» a été édité en 14 langues.