Entrepreneuriat : Avis de Mehdi Najeddine, DG de Void, agence de conseil stratégique et production digitale

Le fait de commencer jeune ne m’a pas vraiment posé de problèmes.

J’ai créé l’agence digitale à 19 ans lorsque j’étais encore étudiant dans une école d’ingénieurs en France. Cela remonte à près de 10 ans. A l’époque, le digital commençait à se développer. Nous avions pu développer et animer des plates-formes pour le compte de grandes entreprises étrangères comme L’Oréal, Nestlé, Nissan et bien d’autres, le tout à partir de nos locaux à Agadir. Quelques années plus tard, nous avons ouvert une antenne à Casablanca pour se concentrer davantage sur les marques marocaines. Dans le digital, il ne se passe pas un jour sans que des projets naissent et j’ai la conviction qu’on peut faire de la création digitale au Maroc comme ailleurs. On peut avoir le même niveau de professionnalisme qui est exigé dans d’autres pays.

Le fait de commencer jeune ne m’a pas vraiment posé de problèmes puisque dans notre domaine, on est poussé à le faire très jeune. De nos jours, je pense qu’une carrière se bâtit à l’école et pendant l’école, pas à après le diplôme.

Au Maroc, j’ai l’occasion d’intervenir dans les écoles et les universités, puisque je suis également membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD), et je trouve que l’entreprenariat ne fait pas peur aux étudiants. La peur d’entreprendre n’existe dès lors qu’ils ont le soutien qu’il faut.  

Nous avons par exemple initié le digital Championship, un événement où nous invitions des étudiants pendant un week-end à développer des projets digitaux. Je peux citer à titre d’exemple la conception d’un site de réservation pour des hôtels ou des applications digitales pour mobiles comme l’organisation d’activités sportives pour des quartiers. Les jeunes sont assez enthousiastes quand il s’agit de réaliser des projets pour leur communauté.  

Malheureusement, comme on le dit souvent, de gros efforts doivent être faits pour l’éducation de nos jeunes. Les «soft skills» (compétences comportementales) manquent beaucoup à nos jeunes. D’ailleurs, nous avons rencontré beaucoup de difficultés à ce niveau pour recruter de bons profils parce qu’ils leur manquent justement ce savoir-être.

En plus de cette absence de culture entreprenariale dans les écoles, le système éducatif favorise la formation des lauréats aptes à occuper des fonctions et non à faire émerger des projets porteurs.

Il faut ajouter également qu’ailleurs les trois quarts des start-up naissent suite à des travaux de recherche dans les universités et écoles. Ce qui n’est pas le cas au Maroc ou à de rares exceptions.