Emploi des handicapés : le bilan reste mitigé

Seules les grandes entreprises jouent le jeu et restent sensibles à  cette problématique. Le CESE appelle à  la mise en place d’une base de données nationale pour le handicap.

Alors que le Maroc vient de célébrer la journée internationale des personnes handicapées, le bilan sur l’accès au travail de cette population reste mitigé. Dans le public, malgré l’application d’un quota en faveur de ces personnes, leur accès à la fonction publique n’est pas toujours une simple affaire. Dans le privé, des actions timides sont enregistrées mais l’insertion des handicapés reste tributaire des préjugés.

A ce jour, il n’existe pas de statistiques actualisées sur le nombre de travailleurs handicapés. La seule enquête disponible, réalisée par le Secrétariat d’Etat chargé de la famille, de l’enfance et des personnes handicapées en 2004, révèle que seuls 10% des 1,6 million de personnes en situation de handicap sont des actifs occupés. Ce chiffre est jugé aujourd’hui décalé de la réalité par plusieurs associations de personnes handicapées. Youssef Errkhiss, président de l’Association Amal marocaine des handicapés, estime que cette population s’élève actuellement à plus de 3 millions de personnes.

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait souligné dans un rapport la nécessité de mettre en place une base de données nationale spécifique au handicap ainsi que l’actualisation des enquêtes portant sur la question et leur inclusion dans les études et les recherches des organes institutionnels, des instituts de recherche et des universités. Un  point important qui permettra de mieux déterminer le profil démographique de cette catégorie de la population, et  d’adapter par conséquent la politique gouvernementale d’intégration en la basant sur leurs besoins spécifiques.

La faible qualification explique en partie l’exclusion des handicapés

Quid du marché de l’emploi? Dans l’ensemble, seules les grandes entreprises jouent le jeu et restent sensibles à cette problématique. Cependant, l’exclusion vient en grande partie de la faible qualification des profils. Ils sont généralement peu diplômés et occupent des postes peu qualifiés : standardistes, secrétaires, téléconseillers, informaticiens, comptables… «Ils sont présents dans différents secteurs d’activités. Beaucoup ont opté pour l’entreprenariat», souligne M. Errkhis. Et d’ajouter que «le potentiel de les intégrer dans le monde du travail est énorme. Ils peuvent travailler dans des postes d’accueil où leur handicap ne devrait pas leur poser trop de problèmes, notamment dans les communes».
Un forum de l’emploi dédié aux personnes handicapées devrait être organisé début 2015. Une occasion peut-être de favoriser enfin leur employabilité.