Déprime au travail : Questions à Evelyne Ivorra, psychosociologue – coach

Evelyne Ivorra, «La déprime est plus liée à l’état de la personne qu’à son environnement»
La Vie éco : Stress, déprime…, parle-t-on des mêmes maux ?
Il est vrai qu’on galvaude souvent ces termes. Généralement, il n’existe pas de causes évidentes de la déprime. C’est lié généralement à notre état émotionnel. Cela peut s’apparenter à une baisse de moral, une mauvaise humeur passagère, un état d’esprit lié aux facteurs biologiques… Alors que le stress est un ensemble de réactions de l’organisme lorsque celui-ci est soumis à des contraintes comme par exemple une mauvaise ambiance au travail, un mode de management inapproprié, les relations interpersonnelles, une non-satisfaction des besoins psychologiques, les exigences du travail et son organisation mais aussi les changements du travail.
Il est sans rappeler que le contexte actuel dans lequel nous vivons (crise, mondialisation, insécurité de l’emploi…) alimentent un climat anxiogène. Comme nous pouvons le constater, quand l’environnement est difficile, il est clair que les risques psychosociaux ont un impact sur la santé qui peuvent engendrer entre autres des pathologies mentales (anxiété, dépression, obsession…).
Je précise toutefois qu’il faut être prudent sur les termes qu’on utilise. Souvent, on a tendance à lier la déprime à la dépression ou au stress. Je pense qu’on surdimensionne parfois les comportements des individus.
En tant que coach, accompagnez-vous souvent des gens dans ces situations ?
Tout à fait ! J’accompagne des cadres en exercice qui ont un principal souci : une perte de sens dans leur vie. J’ai eu également des cas où les personnes ont vécu des périodes difficiles, des cas de harcèlement moral, des cas de frustration dans la vie professionnelle mais aussi des cas où les personnes sont à la recherche de reconnaissance.
Comment s’en sortir en cas de déprime ?
L’équilibre psychologique n’est pas un état, mais une quête. C’est notre devoir envers nous-mêmes que de travailler pour notre équilibre, d’apprendre à être à l’écoute de nous-mêmes. On est continuellement dans un système de balance, d’équilibre et de rééquilibre. Ce sont souvent les personnes qui manquent de souplesse qui risquent de sombrer dans le surmenage.
Le plus simple du monde est de réagir, d’avoir une prise de conscience lorsqu’on sent un sentiment de dégoût. Le plus simple est d’écouter son corps, passer par une phase de repos pour bien récupérer.
La personne peut toujours se faire aider par un proche, le médecin de famille…, mais quand le problème est plus sérieux, la solution la plus adéquate est de passer par une thérapie qui va permettre à la personne de sortir de la solitude et de la culpabilité engendrée par une situation donnée, nommer sa souffrance et la faire évacuer, prendre du recul par rapport à une difficulté rencontrée et trouver du sens, clarifier ses pensées et comprendre la situation de stress, réfléchir à son organisation personnelle, trouver les issues et faire face à une éventuelle complication psychologique personnelle…
D’autre part, en milieu professionnel, rien n’empêche l’entreprise de mettre en place un dispositif interne qui accompagne les personnes en difficulté. Ce sont des soupapes de respiration qui diminuent les risques liés à la santé mentale en entreprise.
Elles peuvent également mettre en place des espaces de confrontation saine pour que cela devienne un axe de performance pour elles.