Crise financière : Avis de Elias El Mehdi, DG de Samel Auto

Il ne faut pas avoir une vision réduite aux ratios et chiffres pour gérer une crise. il faut éviter d’attendre que la situation devienne gravissime pour réagir. Il ne faudrait pas que la situation vous échappe.

Comme toute entreprise,  nous avons rencontré au sein de notre filiale Océan Auto des difficultés dues à une mauvaise situation financière.Nous avons donc procédé à l’assainissement des finances. Le plan d’action qui est presque arrivé à son terme a concerné plusieurs volets notamment la consolidation des crédits bancaires, la renégociation des taux d’intérêt appliqués, la signature d’un protocole d’accord avec les fournisseurs pour allonger le délai de paiement et la poursuite des approvisionnements, une analyse du poste client pour apurer le portefeuille client des mauvais payeurs (non-respect des délais et impayés ) et le recours à un agent de recouvrement couplé à la signature d’un contrat d’assurance crédit ainsi qu’une gestion du stock efficiente en favorisant les produits à délai de rotation rapide.

Certains indicateurs financiers doivent faire partie du tableau de bord du manager afin de mieux apprécier l’évolution de la situation, par exemple le poste des charges financières, la trésorerie nette en jours de chiffre d’affaires (CA), la capacité d’autofinancement, le fonds de roulement (FR) et le besoin en fonds de roulement (BFR) et bien entendu les délais clients, fournisseurs et stocks.

Il ne faut pas avoir cette vision réduite aux ratios et chiffres mais aussi étudier la situation sur le plan des contrôles internes, quitte à revoir le cahier des procédures internes pour une meilleure efficacité.

En tant que manager, j’ai un rôle à jouer auprès des collaborateurs. 

Même si leur attachement à l’entreprise est fort, les craintes et les doutes ne manqueront pas dans ces moments difficiles. Ils seront d’autant plus frustrés au quotidien car on leur demande de faire des efforts pour atteindre des objectifs tout en leur demandant de gérer le stress, le manque de visibilité et dans certains cas des retards ou gels de salaires. Il s’agit dès lors d’expliquer et d’user de toute la psychologie nécessaire pour rehausser le moral des collaborateurs et réaliser les challenges tous ensemble. Durant cette phase de sortie de crise, il faut éviter certains agissements et ajuster au fur et à mesure les actions.

En premier lieu, il faut éviter d’attendre que la situation devienne gravissime pour réagir. Il ne faudrait pas que la situation vous échappe. Et là nous parlons notamment de fournisseurs qui refusent de vous approvisionner, de clients de plus en plus réticents à payer et de banquiers qui vous refusent tout dépassement et surtout une image de marque qui risquent de se détériorer sur le marché. En second lieu, il faut présenter les choses aux collaborateurs tout en évitant de les faire paniquer pour une adhésion au projet.