Conflit de générations : Avis de Omar Benaini, Consultant associé au sein du cabinet LMS ORH

Les entreprises doivent repenser les modes d’échange et de collaboration

Les conflits de générations ont toujours existé et pas seulement en entreprise. Notre société est un macro modèle de conflit de générations : nous n’avons qu’à observer la vie des partis politiques, des associations… jusqu’aux relations parents/enfants ou professeurs/élèves. L’entreprise ne peut y échapper. N’empêche qu’elle ne doit pas subir les effets négatifs d’un conflit qui pourrait remettre en cause l’engagement collectif.
Pour moi, l’idée du conflit intergénérationnel ne se pose pas, il faut plutôt parler de l’âge tout court. Est-il un facteur discriminant ou pas ? Aujourd’hui, les entreprises sont dans une autre problématique qui est la suivante : comment laisser les identités s’affirmer (et l’âge est un critère important de l’affirmation de l’identité individuelle) sans remettre en cause la cohérence du groupe ?
A ce niveau, le comportement du manager est déterminant. S’attacher aux faits, aux résultats, aux indicateurs plutôt que verser dans les raccourcis et les jugements de valeur, permet à chacun au sein de l’équipe de chercher sa place dans la sérénité et la responsabilité.
Peut-être dans certains métiers, l’âge est un signe de crédibilité. Quand on est appelé à gérer des interfaces à un niveau d’exigence élevé, en plus de la compétence, l’âge est également prioritaire. Je parlais plus haut de la gestion des relations professionnelles avec les partenaires sociaux, la gestion des équipes surtout dans un contexte industriel… D’autres métiers sont davantage tournés vers les jeunes, à titre d’exemple la communication, les centres d’appels, les services…
In fine, le jeune et le senior, tous deux ont leurs places dans l’entreprise. Le plus important c’est de ne pas se tromper de casting et de s’appuyer sur des critères objectifs qui sont à même de permettre de se rapprocher au maximum du profil idéal pour le poste.
Afin de faire coexister harmonieusement juniors et seniors, de fidéliser les plus jeunes et de remobiliser les anciens, les entreprises vont devoir repenser les modes d’échange et de collaboration, mais surtout leur appréhension de la gestion des carrières. Quand on n’y arrive pas, les guerres de tranchées sont de nature à perturber considérablement le fonctionnement de l’entreprise.