Ces femmes qui ont choisi la voie des TIC

Elles créent des start-up, développent des logiciels… Il n’est pas rare de voir de nos jours des femmes se faire une place de choix dans l’univers des technologies de l’information.
Lorsque Marissa Mayer a pris la tête du portail Yahoo en 2012, la nouvelle a fait l’effet d’une révolution, surtout dans un univers majoritairement masculin.
Même si la gent féminine est généralement sous-représentée dans le domaine des technologies de l’information (TIC), il n’est pas rare de voir de nos jours des femmes se faire une place de choix dans cet univers. Elles sont dirigeantes de start-up, développeuses de logiciels ou même investisseuses et business angels.
Au Maroc, la révolution des TIC qui s’est opérée dans les années 2000 a permis aussi à quelques femmes de s’illustrer dans le domaine.
Saloua Kerkri Belkziz, PDG de GFI Maroc, n’est pas seulement connue comme l’une des femmes chefs d’entreprises les plus actives du continent africain, mais aussi du secteur des TIC. Hormis GFI, d’autres success stories existent et ont pour nom Isis Soft, Proactech ou Pubonline. Et leurs histoires n’ont rien d’anecdotique.
Quand Anissa Berbich, DG d’Isis Soft, s’attaque dans les années 2000 aux progiciels RH avec sa solution AGIRH, elle devait faire sa place devant des mastodontes comme HR Access ou SAP. «Le plus difficile n’a pas été le fait d’être une femme dirigeante dans ce secteur mais plutôt de changer les mentalités et pousser les entreprises à utiliser une solution 100% marocaine», dit-elle.
Le secteur offre beaucoup d’opportunités
Aujourd’hui, l’entreprise compte plus de 300 références entre moyennes et grandes entreprises de divers secteurs, allant de l’assurance jusqu’au secteur public. Même à l’international, la solution AGIRH est présente dans quelques pays africains.
Le net est également un créneau pour beaucoup d’entreprises. Par exemple Cadolik.ma est présente depuis 2009 sur le segment des cadeaux nouvelle génération. Karima El Afi, fondatrice du portail, en sait quelque chose puisque son positionnement, assez particulier, a quelque peu participé à sa réussite. Sa solution innovante permet aux entreprises et aux particuliers d’offrir des cadeaux thématiques (voyages, bien-être, sport ou culture) en laissant au bénéficiaire le choix parmi une large gamme de prestations finement sélectionnées dans différentes régions du Maroc.
Grâce à ce concept innovant, Cadolik a rencontré depuis sa création un franc succès aussi bien auprès des particuliers qu’auprès des entreprises. Aujourd’hui, le site compte quelques milliers de visiteurs par jour (voir édition du 10 janvier 2014).
Les TIC constituent réellement un secteur où l’on peut s’épanouir. C’est le cas de Doha Benjelloun qui, après une expérience probante chez ST Microelectronics France, a décidé de se lancer dans le e-learning. «J’avais besoin de plus de transversalité dans mon travail. C’est ce que j’ai trouvé avec le e-learning. On peut toucher aussi bien le technique que le commercial, le pilotage des projets…», dit-elle. «Nous sommes sur cette activité depuis plus de 7 ans et je reste optimiste sur l’avenir du e-learning dans la mesure où sur le marché marocain certaines entreprises commencent à financer des formations à distance au profit de leurs employés».
Sa société a également travaillé avec des universités et écoles comme Al Akhawayn, Mundiapolis ou l’ESCA, afin de créer un prolongement virtuel de l’apprentissage. Les étudiants peuvent à la fois suivre leurs cours à leur rythme et interagir entre eux et avec les enseignants. Globalement, les langues et l’informatique sont les domaines qui s’y prêtent bien pour être suivis en ligne.
Les femmes préfèrent souvent occuper des postes de responsabilité plutôt que de créer des entreprises dans ce domaine. Toujours est-il que si les femmes sont moins nombreuses dans ce domaine, c’est parce qu’il a mauvaise presse.
Lamiae Benmakhlouf, DGA de MITC, société gestionnaire du Technopark, ne manque pas de préciser que «sur 1 500 salariés et 230 entreprises du Technopark, les femmes représentent plus de 30% des effectifs et seulement 10% des dirigeants. Ceci dit, on a remarqué une évolution, certes timide, durant les dernières années parce que les femmes investissent de plus en plus le secteur des TIC. L’explication est aussi à chercher dans les choix de carrière car souvent les femmes préfèrent occuper des postes de responsabilité dans des entreprises plutôt que d’aller vers la création d’entreprise. Les hommes prennent plus de risques dans ces cas. Il faut dire aussi que les femmes ne le font qu’à partir d’un certain âge. Au Technopark par exemple, les dirigeantes de TPE ou PME ont plus de 40 ans».
A la base, les filles sont généralement sous–représentées dans les écoles d’ingénieurs et écoles d’informatique. «A l’Ecole Mohammadia des ingénieurs, sur une promotion de 100 étudiants, nous étions seulement un tiers de femmes», commente Mme Berbich. Et d’ajouter : «Il n’existe pas réellement de plafond de verre concernant les femmes dans ce domaine. Il suffit que vous réussissiez en tant que dirigeant, que vous soyez homme ou femme».
Mais la bataille n’est pas perdue pour autant. Si beaucoup de femmes ont pu faire leurs preuves dans plusieurs domaines, comme le marketing ou la communication, il est certain qu’elles peuvent aussi le faire dans les high-tech. «Je pense que notre pays a beaucoup d’atouts pour se battre sur le marché des TIC, notamment à l’international. Le Technopark est une contribution effective dans l’écosystème marocain pour réussir le challenge de la création de valeur et de l’innovation avec une ambition de l’export vers le monde. Avec l’association des femmes chefs d’entreprise (AFEM), nous militons énormément pour que les femmes investissent ce domaine», poursuit Mme Benmakhlouf.
En Europe par exemple, la direction générale des réseaux de communication, du contenu et des technologies (DG Connect) de la Commission européenne, souligne dans un rapport datant de 2013 qu’il y a entre 400 000 et 500 000 emplois non pourvus dans le secteur du numérique en Europe et les recommandations européennes incitent à ce que davantage de femmes soient présentes dans ces emplois.