Alioune Guèye DG d’Afrique Challenge : «Les grands groupes implantés en Afrique pourront entraîner dans leur sillage les PME marocaines»

Il faut avoir une curiosité positive sans a priori. Il faut également s’armer de patience. Même si les opportunités existent, les bons de commande ne vont pas tomber du premier coup. Il ne faut pas se leurrer, les prises de décision sont souvent lentes et on n’identifie pas toujours les bons interlocuteurs
La Vie éco : Vous êtes à la tête d’un groupe spécialisé dans l’accompagnement des entreprises subsahariennes et vous êtes également partenaire avec le CJD International du forum Hub Africa, pensez-vous que l’entreprenariat se développe en Afrique ?
Le phénomène mérite d’être mesuré car il est vrai qu’on observe un fort intérêt pour les affaires davantage dans les pays francophones, pour la simple raison que dans ces pays la culture entrepreneuriale faisait défaut, contrairement aux régions dites anglophones. Ceci dit, le gap entre les deux rives commence à s’estomper et l’Afrique francophone attire de plus en plus d’entrepreneurs du monde entier.
Les Marocains sont-ils attirés par l’Afrique ?
Il est vrai que dans le cadre de mes activités, il m’arrive souvent d’être interpellé par des entrepreneurs marocains qui s’interrogent sur les opportunités en Afrique et qui manifestent un réel intérêt de s’y installer. C’est un mouvement qui, je pense, va s’accélérer, parce que le continent présente d’énormes opportunités, un mouvement mené au plus haut niveau et qui renoue avec une vieille tradition : regarder vers le grand Sud, c’est à dire tous les pays proches avec qui le Maroc entretient depuis toujours des relations intemporelles. D’autant plus que la dernière visite du Roi du Maroc, accompagné d’une forte délégation de groupes nationaux, a ouvert les yeux à d’autres entrepreneurs. Certes, ce sont des mouvements de grands groupes mais qui pourront par la même occasion entraîner les PME marocaines dans leur sillage.
Y a-t-il des secteurs ou des domaines d’activité qui attirent le plus ?
Il y a d’abord les secteurs structurants comme les BTP, banques et assurances, services, technologies de l’information, formation professionnelle et parfois des niches importantes auxquelles on ne pense même pas, comme la formation des imams.
Aujourd’hui, le Maroc doit penser aux secteurs ou bien aux domaines d’expertise distinctifs où il pourra marquer sa présence. L’idée de la formation des imams en est un exemple. Il n’ y a pas mieux que le Maroc pour le faire. On peut également penser à l’artisanat et d’autres domaines encore.
Quels conseils prodiguer aux gens qui veulent investir en Afrique ?
Il faut d’abord avoir une curiosité positive sans a priori. Il faut également s’armer de patience. Même si les opportunités existent, les bons de commande ne vont pas tomber du premier coup. Il ne faut pas se leurrer, les prises de décision sont souvent lentes et on n’identifie pas toujours les bons interlocuteurs.
Autre point important, le manque d’informations fiables est souvent la première contrainte, car il est difficile d’avoir des chiffres sur le taux de croissance réel des secteurs… Je pense que sur ce terrain, il y a de la place pour les structures qui aideront à la prise de décision, orienter les investisseurs… Enfin, ne pas manquer d’avoir des experts dans son carnet d’adresses : avocats, consultants…