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Au Royaume

Zineb Laghzaoui, DG de La Vie Claire Maroc

Licenciée en biologie aux Etats-Unis, elle a commencé sa carrière dans les laboratoires de la Sloane Kettering Center avant de rentrer au Maroc.
Le chiffre d’affaires des deux PME qu’elle a créées en 2011 est passé de un à  près de 20 MDH.
Son ambition : exporter une marque marocaine de produits bio en Europe.

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Zineb Laghzaoui 2 2014 06 13

La Vie Claire. Au Maroc, nombreux sont ceux qui ne connaissaient cette enseigne française de distribution de produits biologiques qu’à travers la revue éponyme vieille de près de 70 ans. Depuis trois ans, elle s’est bien implantée sur le marché marocain, notamment avec deux magasins à Casablanca et Rabat pour le moment. Derrière ce projet, il y a Zineb Laghzaoui, une dame au parcours atypique. Née en 1961 à Kénitra, Zineb est la benjamine d’une fratrie de six frères et sœurs. Sa famille est bien connue dans le pays puisque le père est l’un des signataires du Manifeste de l’indépendance de janvier 1944. Dans sa jeunesse, Zineb changera souvent de pays de résidence au gré des affectations de son père qui a été ambassadeur à Paris et à Londres notamment. Elle va ainsi bénéficier d’un enseignement de qualité dans des institutions européennes.

Après un Bac «D» obtenu en France en 1979, c’est aux Etats-Unis -pays d’exil de son père durant une période de l’occupation française du Maroc- et précisément à l’Université de San Francisco qu’elle poursuivra ses études supérieures couronnées par une licence en biologie en 1984. Aussitôt après, Zineb Laghzaoui est embauchée par les laboratoires de la Sloane Kettering où elle reste jusqu’en 1990.

Elle a veillé à voir grandir ses enfants avant de reprendre sa vie active

De retour au pays, elle devient une paisible femme au foyer pendant une assez longue durée. Zineb revendique parfaitement cette période de sa vie qu’elle explique simplement : «J’ai eu quatre enfants durant une période ramassée et il m’a semblé indispensable de m’occuper exclusivement d’eux pour leur donner de l’affection et leur assurer une vie équilibrée et toutes les chances de succès dans leur vie scolaire, du moins au début». Vers le milieu des années 2000, elle renoue avec la vie active en travaillant dans un cabinet qui dispensait des formations de coaching et de développement personnel à l’adresse des chefs d’entreprise et des décideurs. Le grand pas est franchi en 2011, année où elle investit 3 MDH, hors foncier, dans une entreprise de distribution de produits biologiques sous l’enseigne La Vie Claire. En fait, Zineb n’en était pas à son premier coup d’essai.

Elle explique avoir «grandi dans un environnement familial où les fruits et les légumes du jardin, sans pesticides, étaient consommés au quotidien». Et avant même de créer l’entreprise, elle avait déjà commencé à distribuer des compléments alimentaires. Une passionnée de l’alimentation saine : c’est ainsi que l’on peut la qualifier tant elle ne ménage pas sa peine pour promouvoir la bonne parole en tant que professionnel du bio et comme coach.
Son abnégation paie. Outre la franchise La Vie Claire et ses trois magasins et un site de vente en ligne, elle dirige une autre PME appelée Distribio qui, elle, représente en exclusivité des marques européennes et fournit quelque 300 points de vente sur l’ensemble du Maroc avec une forte concentration sur les grandes villes.

Son gros souci, la faiblesse de l’offre locale de produits bio

En à peine trois exercices, les deux enseignes totalisent un chiffre d’affaires proche des 20 millions de dirhams et compte un effectif de 40 personnes. Mais il a fallu bien approfondir la connaissance du marché et travailler d’arrache-pied pour en arriver là. Alimentation, produits de maison, santé et bien-être, mais aussi des livres spécialisés : la société propose près de 3000 références.

Et en s’adossant à un franchiseur, Zineb Laghzaoui a résolu le problème ardu de la disponibilité des produits bio nationaux. Elle cite un exemple de l’absurdité de la situation: «Le Maroc exporte de la fraise bio mais il est impossible d’en trouver sur place pour offrir de la confiture bio». Il y a encore fort à faire pour répertorier les produits agricoles du pays et d’ailleurs, à ce jour, sur l’ensemble des produits commercialisés dans ses magasins, les produits marocains représentant un tout petit 10% (huile d’olive et d’argane, safran bio, miel, amandes, amlou, produits de la rose, olives, câpres, etc).

Mais elle ne s’avoue pas vaincue, loin de là. Effectivement, elle recrute chaque jour des agriculteurs qui n’arrivent pas à placer leurs produits dans le circuit actuel de la grande distribution au Maroc. Pas facile pour des raisons de traçabilité mais aussi de transparence. Zineb Laghzaoui énumère ses priorités pour ancrer l’entreprise dans le tissu économique et dans son environnement, d’abord pour trouver un réseau de fournisseurs fiables sur le territoire national et ensuite travailler sur des conditionnements valorisants pour les produits, sur l’étiquetage, le marketing… Elle en est déjà à envisager d’exporter une marque marocaine vers l’UE.