Au Royaume
Une loi…et après !
C’est acté et définitivement ! La nouvelle loi sur l’exercice de la médecine est votée. Le texte est finalement sorti indemne du Parlement malgré les réticences et les tentatives de sabotage dont il a fait l’objet. Le ministre de la santé a tenu bon en défendant un texte qui ne manquera pas de bousculer un ordre établi depuis des décennies, surtout en ce qui concerne la réglementation régissant les cliniques privées. La loi donne, en effet et entre autres nouveautés, la possibilité à des bailleurs de fonds privés, qui n’ont pas la qualité de médecins, d’investir dans des cliniques. Une grande avancée, certes. Mais attention, la loi à elle seule ne réglera pas tous les problèmes de notre système de santé. Elle fera à peine sauter des verrous mais le plus dur reste à faire car la meilleure loi au monde ne sert à rien si son application n’est pas correcte, efficace et rigoureuse. On l’a vu avec le code de la route de 2004.
Jusque-là, pour défendre sa loi, le ministre de la santé ne pouvait que présenter ses retombées et ses bienfaits en théorie. A présent, il devra le confirmer dans les faits avec la mise en application du texte. Si demain, les nouveaux arrivants dans ce secteur font l’objet du même traitement que les cliniques privées actuellement en service, cela n’aura servi à rien. Si le contrôle du ministère ne suit pas, la loi, finalement, ne fera que compliquer davantage les problèmes de la santé qui le sont déjà suffisamment.
Si l’arrivée de ces nouveaux opérateurs n’est pas bordée d’un contrôle de vrais cahiers des charges, de régulation géographique de manière à distribuer les ouvertures des nouvelles cliniques de façon intelligente et équitable sur les différentes régions, on reviendra à la case départ dans quelques années avec probablement des dégâts collatéraux au passage.
Les cliniques privées, telles qu’elles ont existé à ce jour n’ont pas que du mauvais. Loin de là. Des millions de Marocains sont soignés et des vies sauvées grâce aux médecins du privé et des cliniques. Evidemment, et nos chères blouses blanches ne peuvent pas le nier, comme dans tous les corps et toutes les professions, il y a forcément des brebis galeuses.
Les pratiques et comportements déviants sont combattus, non pas par la loi, mais par l’application de la loi.
Et la bonne application de la nouvelle loi ne pourra pas se faire sans l’implication et l’aide des médecins eux-mêmes, surtout ceux du privé.
Enfin, et c’est le plus important, cette nouvelle loi ne doit pas faire oublier au ministre une autre bataille qu’il faut gagner : le système de santé au Maroc sera toujours malade tant que les défaillances, encore importantes, des établissements publics ne seront pas totalement, ou du moins en grande partie, éradiquées. On en est encore loin…