Au Royaume
Un matheux comme secrétaire général de la CDG
Il laisse tomber une carrière dans la recherche aux Etats-Unis pour ne pas perdre le contact avec le pays.
En 1993, bref passage chez Procter&Gamble avant de rejoindre le cabinet
du ministre des finances, Mohamed Sagou.
En 1996, il rejoint la CDG où il gravit très vite les échelons.
A 39 ans, il en devient secrétaire général.

Peut-on être à la fois serein et passionné ? Oui, la contradiction entre ces deux traits de caractère n’est qu’apparente, dit Hassan Boubrik. «La sérénité est nécessaire pour réfléchir, évaluer les situations et établir des stratégies. La passion et la fougue, elles, sont le nerf de la guerre pour réaliser sur le terrain ce que l’on a élaboré sur le papier», explique-t-il. Le côté philosophe du nouveau secrétaire général de la CDG (Caisse de dépôt et de gestion), un des tout premiers organismes financiers du pays, est quelquepeu surprenant pour un homme d’action et, qui plus est, quelqu’unqui a commencé, tout jeune, par s’enticher de mathématiques.S’il est des carrières qui laissent rêveur, celle de HassanBoubrik en fait partie à coup sûr. Mais, pour cet enfant du Souss,né à Agadir en 1968, il n’y a pas de mystère : lesvecteurs de toute réussite sont le travail, l’application et l’implication.La chance, elle, n’en est que la partie congrue.
Il est parmi les meilleurs bacheliers scientifiques de sa promotion
A-t-il été servi par le fait d’être né dansune famille de lettrés, un père avocat et un grand pèremagistrat dont il parle avec émotion tant il l’a marqué ?En tout cas, cela n’a pas dû être étranger à lamanière dont il va conduire ses études et aux choix qu’ilfera dans sa vie professionnelle. Une chose est sûre, dit Hassan Boubrik, «monpère n’est jamais intervenu dans mes études et m’atoujours laissé faire en toute liberté».
Pourquoi a-t-il été séduit par les mathématiques? Hassan Boubrik n’en sait rien, mais il n’y a aucun doute, dit-ilencore, que la beauté de leur logique y soit pour quelque chose. Quoiqu’il en soit, il est parmi les meilleurs bacheliers scientifiques de sapromotion et va faire les prépas à Marrakech. Et pour la suitece sera la France. Et c’est à Paris qu’il va justement s’inscrire à l’Ecolenationale de la statistique et de l’administration économique. Auparavant,il sera passé par les mêmes étapes que tous les jeunes, avalé avecboulimie les B.D. de l’époque, joué au foot et vécuune période de remise en question métaphysique, comme tous lesados. Si bien que, quand il arrive dans l’Hexagone, il est tout à faitprêt à «absorber» toutes les nouveautés qui s’offrentau jeune étudiant qu’il est, que ce soit au niveau des étudesou au niveau personnel et humain. Belle période, se souvient-il, car,après la dure période des prépas, le cursus des étudesn’est pas si terrible qu’on l’imagine.
Quand il obtient son diplôme, il est tenté par l’enseignementet la recherche académique et envisage d’aller aux Etats-Unis pourla préparation d’un Ph D. Mais, se rendant compte que cette voieva signifier pour lui de longues années loin du pays, avec de fortes chancesde perdre le contact avec le terroir et, qui sait, ne pas y revenir du tout,il se ravise. Il décide donc de rentrer précipitamment à Agadirpour y prendre un mois sabbatique avant de se mettre à la recherche d’unposte. C’était en 1993. Son premier poste sera dans le départementmarketing d’une multinationale : Procter&Gamble. Il n’y resteque quelques mois. Est-ce parce qu’il ne s’est pas retrouvé dansles valeurs d’une aussi grosse structure ou est-ce uniquement pour saisirl’opportunité dont il a eu vent par un ami ? En tout cas, on leretrouve dans le cabinet de l’éphémère ministre desfinances de l’époque, Mohamed Sagou. Il est alors associé à l’éclosionde ce qui sera, plus tard, la direction des études et des prévisionsfinancières. Il passera aux Finances trois années dont la premièredans le cabinet du ministre et les deux autres au Trésor. Une périodeoù il travaillera sur des dossiers aussi nouveaux et chauds que la réformede la Bourse.
Il est le plus proche collaborateur du DG
En 1996, la CDG, touchée par un vent de modernisation, lui proposera leposte d’analyste financier. Un an plus tard, il s’occupera de lasociété de gestion de portefeuille CD2G dont il deviendra le DGdès le départ. C’est cette mission qu’il réussitqui lui vaudra d’être nommé, en 1999, directeur de la gestiondes taux et il travaillera alors de plain-pied sur le marché des capitaux.Les mathématiques dans tout cela ? La question fait sourire Hassan Boubriket lui inspire cette formule : «Les mathématiques sont une suited’évidences, tout le problème se situe au niveau des enchaînements,car la moindre erreur ou imprécision peut coûter très cher!».En tout cas, les mathématiques auront eu leur effet bénéfique.En 2001, il devient administrateur directeur général de CDG capital,dans la foulée de la filialisation, par la caisse, de son activité bancaire.
Quand on interroge Hassan Boubrik sur les fonctions qui viennent de lui échoiraprès sa toute récente nomination en tant que secrétairegénéral de la CDG, il précise qu’il s’agit, «demanière globale d’assister le DG dans les missions de définitiondes stratégies et de surveillance de la gestion. A côté decela, le secrétaire général peut assurer l’intérim,si besoin est, bien entendu».
Vaste mission, sachant que la CDG a initié une mue dont tout indique qu’elleest réussie. Cela se voit au rajeunissement en matière de ressourceshumaines et de postes de direction, comme d’ailleurs au niveau du relèvementdu niveau de compétence qui a commencé il y a quelques années.Comme l’explique Hassan Boubrik, tout cela se traduit par ce qu’ilappelle «l’acquisition d’un niveau de flair aiguisé enmatière d’opportunités, un approfondissement du travail surles métiers et sur la spécialisation, avec un élargissementdes domaines d’activités et d’intervention». Trèslogique !
