Au Royaume
Tarik Hajji, directeur du commerce et de la distribution au sein du MCI
Un Monsieur distribution pour doper le programme Rawaj. Titulaire d’un bachelor of business administration en marketing et finances obtenu aux Etats-Unis et d’un MBA de McGil University de Montréal, il a fait une grande partie de sa carrière dans les multinationales.

Au Maroc comme dans beaucoup d’autres pays, la pratique longtemps répandue voulait que l’on quitte la fonction publique pour le privé. Mais avec des hommes comme Tarik Hajji, 36 ans, nommé depuis quelques mois directeur en charge du commerce et de la distribution au ministère du commerce, de l’industrie et des nouvelles technologies (MCINT), la tendance amorcée depuis le début de la décennie 2000 se confirme. Même s’il a touché du doigt les réalités de la fonction publique à l’Office national marocain du tourisme (ONMT), Tarik Hajji a passé l’essentiel de sa carrière dans des multinationales. Détail important : comme l’ensemble des proches collaborateurs d’Ahmed Chami, qui ne le connaissait pas du tout avant sa nomination, il a été embauché par l’entremise d’un cabinet de recrutement.
Revenons sur le parcours de Tarik Hajji. Natif de Rabat en 1974, ce Slaoui, et «fier de l’être», dit-il, est le benjamin de ses deux frères. Son père, haut fonctionnaire au Secrétariat des affaires générales, et sa mère, directrice de collège, n’ont pas eu à lui rebattre les oreilles de l’intérêt de faire des études poussées. Le jeune homme ne se fait pas prier pour s’appliquer et obtient de bonnes notes durant une scolarité normale. Enfin, jusqu’aux dernières années de son cycle secondaire où il se laisse distraire, quelque peu, par le football. Et ce n’était pas une lubie passagère puisqu’il a été minime, cadet et junior du club des Forces armées royales. Néanmoins, il réussit sans encombre un bac D (sciences expérimentales) en 1992 au Lycée Descartes de Rabat. Et là, la chance de sa vie est qu’il va décrocher une bourse et s’envole vers les Etats-Unis, plus précisément à la capitale, Washington DC, où il est admis à l’Université Georges Washington.
Il laisse tomber Colgate Maroc pour Coca Cola
Tarik Hajji obtient un bachelor (bac+4) of business administration en marketing et finances en 1997. Sorti major de sa promotion, ce diplôme va lui ouvrir les portes de grandes entreprises. D’abord, Colgate Maroc lui fait une proposition. Le patron de la boîte lui donne rendez-vous à New York et, après le déjeuner, lui fait signer un contrat en lui demandant de rentrer illico presto car un séminaire l’attendait déjà au Sénégal. Il se laisse trop vite convaincre. Pour le poste d’assistant chef de produit, la multinationale lui offre un salaire mensuel de 11 000 DH nets. Mais au bout de trois mois, il se décide à retourner au pays de l’Oncle Sam où il a une carte de séjour valable encore une année. C’est à ce moment-là que Coca Cola Maroc le sollicite pour un poste similaire à celui qu’il venait de quitter. Sa mission, proposer des formules de promotion mais, avant cela, il fallait qu’il se familiarise avec les nouveaux produits et l’environnement commercial. C’était parti pour six mois dans les camions du limonadier pour faire le tour des souks, épiceries, cafés…, près de 100 000 points de vente, une tâche ardue mais aux bénéfices évidents. Il sera, par la suite, chargé de promouvoir les ventes des marques chez les cafetiers et reste fidèle au poste deux années durant. Mais, en 2000, il ressent le besoin de parachever ses études car il savait qu’une fois bien installé il n’aurait plus le courage de s’arracher au confort d’une vie rangée.
Ses talents de négociateur constituent un atout
Tarik Hajji choisit donc d’aller à la McGil University à Montreal pour un MBA qu’il obtient en 2003. Entre-temps, il se fait recruter par Danone Canada comme chef de produit. Il est alors impliqué dans le lancement d’un nouveau produit : le Danissimo et le Danissimou mousse qui vont être un succès. Mais il fallait bien rentrer au bercail et il se met à l’écoute du marché. En 2005, on lui propose un poste de chef de produit chez Unilever Maroc. Sa mission est de redresser les ventes du détergent Omo, en perte de vitesse par rapport à la concurrence.
Au bout d’une année, il réussit la stabilisation du produit et une réduction drastique des coûts de distribution. C’est à ce moment-là que l’ONMT, où il avait fait un premier passage et qu’il avait quitté, jugeant la contrepartie financière peu motivante, peut enfin lui faire une offre décente (l’office avait obtenu l’alignement des salaires des directeurs sur celui des départements ministériels).
Il reprend donc les dossiers sur lesquels il avait commencé à travailler comme la redéfinition des marchés, des cibles et des segments, tout en travaillant sur la marque «Maroc». Il sera alors, entre 2007 et 2009, directeur des marchés puis directeur délégué de l’office pour le marché américain. Après son départ de l’office, Tarik Hajji rejoint Pfizer en tant que «customer manager». C’est là que ses talents de négociateur et de vendeur lui ont permis de placer le tout dernier vaccin du laboratoire (un anti-pneumococcique) au ministère de la santé.
La tâche qui l’attend au MCI n’est pas mince, puisqu’il s’agit de recadrer la stratégie Rawaj pour un nouvel élan, mais sa connaissance du secteur de la distribution lui sera sans doute d’une grande utilité.
