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Au Royaume

Souad TERRAB : la géologue devenue une spécialiste de la communication

Doctorat en géologie, formation en business, elle commencera par l’enseignement avant de capitaliser sur sa formation de base.
Son parcours professionnel est marqué par des aller-retour entre les secteurs public et privé.
Institut Hassan II, Education nationale, Holcim…, un parcours très éclectique avant d’atterrir au ministère de l’industrie.

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Elle semble si inoffensive qu’on s’en voudrait presque d’élever la voix en sa présence. Erreur, car cette femme fluette dégage une énergie insoupçonnable et exceptionnelle dès lors que l’on engage une conversation avec elle. Souad Terrab est non seulement un bourreau de travail, mais c’est aussi une machine à solutions pour toutes sortes de questions. Et ce n’est pas pour rien que Ahmed Chami, ministre du commerce, de l’industrie et des nouvelles technologies, l’a recrutée comme conseillère en novembre 2007, à son arrivée au gouvernement. Il l’a chargée spécialement des questions très sensibles en matière de communication, de l’adéquation formation/emploi et de la promotion des investissements, notamment dans le domaine de l’aéronautique.
Même si son père a exercé dans la Fonction publique, Souad Terrab n’a rien du modèle de fonctionnaire formaté par l’administration. C’est qu’elle a roulé sa bosse dans le privé et a même fait un passage dans une multinationale avant d’intégrer le cabinet du ministère de l’industrie.
Souad Terrab est née à Meknès en 1968, avant que son père ne s’installe à Rabat, avec sa petite famille de quatre enfants dont elle est l’aînée. Sa maman, elle, femme au foyer, va s’impliquer si fort dans l’encadrement des études de ses enfants qu’elle embrassera tout naturellement une carrière d’enseignante, par la suite.

La licence en géologie ne suffit pas, l’Ecole des mines de Paris s’imposait

La jeune Souad va être subjuguée, depuis le début, par les matières scientifiques et obtient un bac sciences expérimentales en 1985 avec mention, ce qui lui ouvre la voie à des études en géologie, même si elle avait été tentée par la médecine. Après sa licence, elle veut parfaire sa formation universitaire, ayant eu constamment l’objectif, dit-elle, de faire de longues études. Et c’est à l’université Pierre et Marie Curie qu’elle s’inscrit pour un DEA en géologie et géochimie sédimentaire avant d’obtenir un doctorat en géotechnique et exploitation du sous-sol à l’Ecole des mines de Paris.
Mais Souad Terrab va découvrir d’autres passions dans l’Hexagone. D’abord le scoutisme pour lequel elle a un coup de cœur. Elle comprend également l’intérêt de faire autre chose que la géologie. C’est ainsi qu’elle entamera des études en communication, un peu plus tard, et un cycle supérieur des affaires à HEC Paris.
Les premiers pas de Souad Terrab dans la vie active commencent en 1994 par l’enseignement. Après un bref passage à la Direction de l’enseignement agricole (ministère de l’agriculture), elle est recrutée pour co-diriger un programme de formation des techniciens supérieurs au sein de l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II de Rabat. Elle met en place toute l’ingénierie de la formation, les cursus, l’équipe de professeurs et s’implique davantage en enseignant l’hydrologie et la communication aux titulaires d’un BTS pour les initier aux changements environnementaux. Le programme réussit bien et s’étale sur six ans.

Elle a géré le changement d’identité visuelle de Holcim

Son travail de formatrice des techniciens va la mener à proposer ses compétences aux entreprises privées comme Managem qui lui confie la formation de ses ingénieurs, mais il s’agit là de missions ponctuelles. En 1999, Ismaïl Alaoui, alors ministre de l’éducation nationale, lui confie la mission de mise à niveau des établissements scolaires en milieu rural. Elle se désengage de ce chantier deux ans plus tard, parce que, selon elle, sa mise en œuvre butait sur la lenteur administrative bien que le financement était disponible.
Sa parenthèse au sein du secteur public se refermera donc en 2001, en juillet plus précisément, lorsque Souad Terrab accepte une proposition du cimentier suisse Holcim. C’est d’ailleurs elle qui va s’occuper du changement de l’identité visuelle de cette société qui s’appelait «les Ciments de l’Oriental» en tant que Corporate manager et Brand manager. Elle accompagne Holcim entre 2001 et 2005, puis ce sera au tour de la Société d’aménagement du Bouregreg (Sabr Aménagement) chargée de l’aménagement du site du projet de séduire Souad Terrab et de lui confier, en 2006, la mise en œuvre de sa stratégie environnementale, avec des projets de dépollution et le lancement de toute la mécanique de développement propre (MDP). Elle n’y reste pas longtemps car elle sera appelée par l’actuel ministre de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies pour l’accompagner dans les différents chantiers qu’il a ouverts. Depuis novembre 2007, les chantiers et les missions s’enchaînent, avec le lancement du Plan Rawaj et le Pacte pour l’Emergence industrielle avec tout ce que cela suppose comme organisation événementielle, communication, suivi et synergies à trouver pour que la formation s’adapte aux futurs métiers mondiaux du Maroc. Femme occupée ? «Débordée, comme tous», dit-elle modestement. Chose étonnante, elle trouve du temps pour l’associatif. Elle est membre du Centre d’études et de recherches Aziz Belal (Cerab), de la Société de protection du patrimoine géologique ou encore de l’association la Main tendue qui s’implique dans l’accompagnement des femmes et des enfants en difficulté.