SUIVEZ-NOUS

Au Royaume

Souad Skalli, DG de X Office Systems

Ingénieur en informatique, diplômée en administration des entreprises, elle commence chez Xerox en 1985. Directeur financier puis technique, elle devient DG de Xerox Maroc en 2003. En 2005, elle crée sa propre entreprise XOS aujourd’hui acteur majeur de la bureautique au Maroc.

Publié le


Mis à jour le

Souad skalli 2010 12 31

«La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l’apparence de la faiblesse», a écrit Victor Hugo. Féminité, on ne le sait que trop, peut parfaitement rimer avec force de l’esprit, audace, et, pourquoi pas, sens de l’entreprise. Un charmant sourire peut, et c’est un atout supplémentaire, cacher une redoutable femme d’affaires. Souad Skalli, ancienne DG de Xerox Afrique du Nord et de l’Ouest et DG de X Office systems SA (XOS), en est la parfaite illustration. Son secret : avoir toujours une longueur d’avance et la garder.
Souad Skalli est née dans une famille moyenne au quartier des Habous à Casablanca en 1961. Elle est l’avant-dernière enfant d’une fratrie de huit. Son père tient un commerce en mercerie et sa mère femme au foyer. Comme elle aimait l’école, elle y a brillé tout naturellement sans qu’on lui rebatte les oreilles sur la sacralité des études. Elle est si performante qu’elle est choisie pour continuer ses études secondaires au lycée Lyautey. Elle a la bosse des maths comme on dit et c’est justement un bac «C» (mathématiques) qui sanctionne son parcours de lycéenne en 1979. Attirée un moment par des études en agronomie, elle s’inscrira pourtant à Paris VI (Jussieu) pour un DEUG en math/physique avant de s’orienter vers l’informatique toujours à Jussieu où elle obtient un diplôme d’ingénieur. Après ses stages, elle rentre dare-dare au pays en 1985. Elle est embauchée par Xerox Maroc qui cherchait un ingénieur – analyste pour un bon salaire à l’époque : 4 000 DH/ par mois. Elle va alors développer des programmes de gestion interne de stocks et de bases de données. Mais elle aura à refaire l’architecture du système pour l’adapter aux nouveaux besoins, surtout dans un domaine qui progresse très rapidement.

Sa carrière est liée à Xerox

Souad Skalli restera à ce poste jusqu’en 1993 où elle changera de cap, devenant analyste financier de la filiale. Très vite, en 1995, elle devient directeur financier puis, à partir de 1998, elle cumulera en plus un autre titre, celui de directeur technique. C’est une période intense, se rappelle-t-elle, où elle était sur tous les fronts et il fallait assurer car il n’était pas question de s’arrêter en si bon chemin. Alors, elle met en place les procédures pour tout : cela va de l’achat à l’après-vente en passant par la gestion du portefeuille, le suivi de la clientèle et des performances du personnel technique. Elle devait en plus être sur tous les grands événements pour l’image de marque du constructeur, qu’il s’agisse de séminaires ou de rencontres nationales ou internationales.
Il fallait aussi veiller au grain et mettre au point une stratégie pour augmenter les volumes de ventes pour compenser une baisse des prix galopante. «En quelques années, les prix ont été divisés par 10 au moins. Le fax qu’on vendait au début à 50 000 DH ne dépassait guère 5 000 DH. Il est proposé aujourd’hui à moins de 2 000 DH. Une photocopieuse professionnelle d’une capacité de 90 pages/mn était passée de 600 000 à 100 000 DH seulement. Bref, il fallait revoir les marges, les objectifs commerciaux et tenir compte de la rude concurrence qui s’installait», explique-t-elle.

Une des rares Marocaines à avoir dirigé une filiale de multinationale

Malgré tout cela, Souad Skalli ne démérite pas et va encore gagner des galons. Elle est nommée en 2000 directeur en charge de toutes les parties techniques et logistiques mais également du marketing et de la vente. On la préparait, sans doute, pour le poste de DG de la filiale de la multinationale. D’ailleurs, elle avait déjà anticipé en préparant un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en administration des entreprises. Cette promotion arrivera en 2003. Elle devient alors l’une des rares Marocaines à la tête d’une filiale de multinationale. Souad Skalli aura alors la lourde tâche de réduire les charges de manière globale, ce qui passe nécessairement par un dégraissage. Elle sera forcée de licencier 25 personnes sur les 80 que comptait l’entreprise. Mais elle trouvera un moyen pour les redéployer car la multinationale avait choisi aussi de mettre en place un réseau commercial à travers le pays pour être plus proche de la clientèle sans alourdir ses charges. Et justement, une partie du personnel licencié va devenir soit des concessionnaires, en montant leurs propres structures grâce aux dédommagements versés. D’autres ont été embauchés par les nouveaux prestataires. Bref, l’opération est menée avec succès, explique Souad Skalli.
En 2005, elle comprend que Xerox va, à terme, se désengager du Maroc parce qu’elle était en train de chercher un distributeur. Alors, elle anticipe et réunit un capital de 15 MDH pour créer, avec d’autres associés, X Office Systems SA (XOS) devenu aujourd’hui un des poids lourds de la vente du matériel bureautique au Maroc. Cette entreprise qui a démarré avec un effectif de trois personnes en compte aujourd’hui 46 et réalisera un chiffre d’affaires de 70 MDH en 2010 grâce à toute la gamme de matériel de reprographie et bureautique de Xerox, Packard Bell et Nec qu’elle commercialise à travers le pays.