Au Royaume
Soraya Fatima BADRAOUI : Mme Lavazza Maroc à la tête des femmes chefs d’entreprises
Elle part en Belgique après son Bac pour étudier la médecine et s’orientera vers la kinésithérapie et la psychologie.
En 1991, elle se lance, avec son mari, dans la distribution de parfums, puis le commerce de marbre.
En 2000, ils créent Top Class Espresso représentant la marque Lavazza au Maroc.
Elle a été élue le 19 juin présidente de l’AFEM.

Soraya Badraoui, DG de Top Class Espresso, distributeur exclusif des machines et capsules de cafés Lavazza, vient d’être élue présidente de l’Association des femmes chefs d’entreprises du Maroc (Afem). Pourtant, cette femme d’affaires de 49 ans se défend d’être dans les affaires. En tout cas, pas dans le sens vénal du terme, prend-elle soin d’expliquer avec cette boutade : «Dans ma famille, il n’y a aucun exemple de femme entrepreneur dont je puisse tenir. C’est pour cela que je ne peux me reconnaître comme femme d’affaires que dans le sens où je propose des affaires à mes clients, soit un bon produit, soit une opportunité. Dans mon cas, j’ai choisi de leur proposer une belle palette d’arômes».
Il y a quelques années, elle a justement commencé en accompagnant son mari et néanmoins associé et complice, dans le secteur des parfums, alors qu’ils étaient installés en Belgique.
Soraya est née, à Essaouira, dans une famille nombreuse d’origine fassie qui comptait douze enfants. La transhumance de la famille au gré des nominations de son père, magistrat, va d’ailleurs lui donner des qualités d’indépendance vis-à-vis de l’environnement et des amis mais aussi une forte soif de découverte et d’exploration du monde et des opportunités qui vont s’offrir à elle.
Elle rentre au Maroc pour ouvrir son cabinet, puis décide de se lancer dans les affaire avec son mari
Après des études primaires puis secondaires à Rabat et Fès, la jeune Soraya qu’on a mis en garde contre les disciplines littéraires, va décrocher un bac «sciences expérimentales» en 1980. Puis elle s’envole pour la Belgique où ses sœurs plus âgées l’ont déjà précédée pour y poursuivre leurs études. Le chemin est, donc, balisé. Elle veut d’abord faire médecine. Il n’en sera pas ainsi car elle suit un cursus de kinésithérapeute à l’université libre de Bruxelles. Après un premier diplôme en kinésithérapie, elle enchaînera avec une spécialité en psychologie et plus précisément en maladies psychosomatiques. C’est également en Belgique qu’elle fera la connaissance de Lucien Leuwenkroon qui allait devenir son mari.
Soraya Badraoui entreprend tout d’abord de rentrer au pays avec l’idée d’ouvrir un cabinet de kiné. Mais son mari la convainc rapidement de retourner à Bruxelles pour l’épauler dans la mise en place d’une chaîne de distribution de produits de parfumerie. L’affaire va bien prendre puisque leur enseigne va couvrir les pays du Benelux. Une grossisterie de parfums est ainsi créée, mais elle reste à dimension humaine.
Pourtant, les choses vont évoluer et le succès de l’entreprise va pousser le gros calibre Douglas à leur faire une offre de rachat irrésistible. Mme Badraoui en racontera tous les détails, mais se gardera opiniâtrement de livrer le montant de la transaction qui s’est conclue en 1991. Le couple reste encore un moment en Belgique pour s’occuper de gestion d’immobilier et créera même une PME dans le secteur du granit et du marbre alors que la Belgique connaît un boom dans le secteur de la construction.
Le grand événement se produit lorsque Soraya Badraoui et son mari, Lucien Lewerkroon, font la connaissance des dirigeants de Lavazza en Italie. Ils sont emballés par l’idée de représenter la marque et cela coïncide également avec le moment où la jeune entrepreneur éprouve l’incoercible envie de rentrer au pays.
La chaîne Douglas leur rachète leur chaîne de distribution de parfums
Les choses vont se passer alors très vite. En 1995, Soraya et son mari mettent 500 000 DH dans la nouvelle société de distribution des produits Lavazza, machines et capsules à café. En arrivant sur un secteur innovant, elle explique qu’il y avait certes un léger handicap mais cela a attiré une clientèle étonnée et qui s’est laissée séduire par des produits introuvables sur le marché à l’époque. Et puis, ajoute-t-elle, quand un patron d’entreprise ou un décideur achète la machine à café, il va la promouvoir dans son entreprise et n’hésitera pas à s’équiper d’un distributeur pour démocratiser l’arôme qu’il a découvert.
En un temps record, le succès est au rendez-vous. Dès la première année, le chiffre d’affaires n’est pas loin des 2 MDH. Aujourd’hui, Top Class Espresso a placé plus de 10 000 machines à travers le pays dont plus de 70 % vendues sans compter les distributeurs et surtout les capsules de café et de thé. La société qui a commencé avec trois employés, compte aujourd’hui un effectif de 50 personnes. En 2008, le chiffre d’affaires réalisé totalisait 44,5 MDH, après une progression de l’ordre de 15% par rapport à l’année précédente et les projets de développement sont nombreux.
La patronne de Top Class Espresso parle aussi de prochaines nouvelles implantations à Marrakech et Rabat après celle d’Agadir.
En attendant, elle aura fort à faire au sein de l’Association des femmes chefs d’entreprises (AFEM) dont elle est membre fondateur, depuis 2000. Mme la présidente veut pousser l’entrepreunariat au féminin et imposer l’AFEM comme un interlocuteur incontournable.
