Au Royaume
Reda Hamedoun, responsable des infrastructures Asie à la Banque mondiale
A seulement 33 ans, il a déjà une stature de vieux briscard à la Banque mondiale. Lauréat de HEC Paris, licencié en histoire à la Sorbonne et diplômé de Harvard, il a commencé comme analyste au bureau parisien de la Banque mondiale.

L’homme est brillant. Ses études et son parcours professionnel l’attestent. Mais par modestie, il explique son étonnante carrière par quelques coups de chance, notamment sa rencontre avec feu Abdelaziz Meziane Belfkih. Cet homme, c’est Reda Hamedoun, responsable «des infrastructures Asie» à la Banque mondiale. Né en 1979, il doit certainement à ses parents, un père physicien nucléaire et une mère chercheur en biologie, le goût de l’excellence et de la précision. C’est à Fès qu’il fait ses études primaires et secondaires couronnées en 1996 par un Bac S. Réda ne se contentait pas d’exceller dans les matières scientifiques. La preuve, au cours de la même année, il est lauréat du concours général d’histoire. Ses résultats sont récompensés par deux bourses d’excellence et une inscription aux classes préparatoires du prestigieux Lycée Louis-le-Grand, à Paris. Après ces deux années, Réda Hamedoun intègre HEC Paris et en sort diplômé en 2001. Comme il ne veut pas faire les choses à moitié, il s’était inscrit à la Sorbonne où il a passé avec succès une licence d’histoire.
Sa première incursion dans l’entreprise a eu lieu lors de son année de césure (ou stage de six mois à un an, généralement entre la 2e et la 3e année, devenu obligatoire dans presque toutes les grandes écoles de commerce et d’ingénieurs), précisément au bureau new-yorkais de France Télécom où il se familiarise avec les stratégies du marché de la data. Durant ses études, son côté altruiste et son goût de l’action l’ont poussé à être très actif dans l’associatif. Il est d’ailleurs un des fondateurs de Maroc entrepreneur dont l’objet est de soutenir les jeunes marocains porteurs de projet.
Il a été chargé de concevoir une stratégie d’encouragement des exportations du Kosovo
Aussitôt ses études terminées, Réda Hamedoun est recruté par la Banque mondiale comme analyste au bureau parisien avec pour mission, entre autres, de réfléchir aux moyens de booster le secteur privé au Maghreb et notamment les PME et PMI. Il travaille bien ses dossiers, mais ne se contente pas d’attendre la reconnaissance de ses supérieurs pour une éventuelle promotion interne. En 2003, il prend l’initiative de présenter sa candidature pour un master public Policy à Harvard, à travers un dossier suivi d’un entretien. Il retourne alors à l’université pour deux ans. En 2005, Réda est repéré, lors d’une présentation du projet de Tanger Med à laquelle il a contribué, par feu Abdelaziz Meziane Belfkih qui lui propose de rejoindre son équipe de chargés de mission au Cabinet royal. Il travaille sur de gros dossiers comme la mise en pratique des méthodes de bonne gouvernance ou des innovations en matière de développement, entre autres sur des projets de réduction de la pauvreté tel que Tayssir qui consiste à lutter contre l’abandon scolaire dans les milieux défavorisés à travers un système de bourse. Il s’occupera aussi des grands projets comme l’Initiative nationale de développement humain (INDH), l’aménagement de la vallée du Bouregreg ou certains chantiers financés dans le cadre du Fonds Hassan II. Bref, cette période sera extrêmement chargée. «Bien entendu, dans la fièvre des dossiers, nous bougeons beaucoup à l’intérieur et à l’étranger mais il ne faut pas croire qu’on faisait du tourisme. Loin de là car ce sont toujours des déplacements dans la journée avec des réunions marathoniennes». Tout compte fait, il est visiblement satisfait de cette étape de sa carrière. Par exemple, pour le programme Tayssir, qui a concerné au départ 80 000 familles sur deux années, le phénomène de l’abandon scolaire a été réduit de 57%. Cette action qui avait commencé avec une enveloppe de 100 MDH a atteint plus tard 700 millions.
Il ne recule pas devant les gros défis
Désirant franchir un nouveau palier dans sa vie professionnelle, Reda Hamedoun va postuler en 2008 au «Young professionnel manager» de la Banque mondiale, programme consistant à sélectionner 30 à 35 chefs de projets sur 18 000 candidatures venant de divers pays. Il est retenu pour faire partie d’une équipe d’analystes à Washington et devient spécialiste pour les Balkans.
Dans ce cadre, il aura à gérer l’arrimage du Kosovo, devenu indépendant, à l’économie mondiale. Sa mission était de mettre en œuvre une stratégie d’exportation de produits agroalimentaires et d’énergie électrique produite à partir du charbon avec un budget de 80 millions de dollars.
Mais alors que le plan est engagé, la Banque mondiale lui confie une autre mission : gérer un projet d’autoroute de 143 km au Vietnam, de 500 millions de dollars financé à parts égales par le pays bénéficiaire et la Banque mondiale. Maintenant, ce n’est pas seulement du Vietnam où sont lancés des travaux pour un nouveau tronçon de 180 km d’un coût de 2 milliards de dollars dont il s’occupe, il veille sur des projets du même genre montés dans d’autres Etats de cette région d’Asie, notamment en Chine et en Indonésie.
A seulement 33 ans, il a encore l’avenir devant lui. Et avec son inclination pour les gros défis, sans doute que Réda Hamedoun fera encore parler de lui.
