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Au Royaume

Politiques en pointillés…

En matière de gestion de la chose publique, deux ingrédients sont déterminants pour le succès : la continuité et l’évolutivité.

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Edito Saad Benmansour

Ceci est valable aussi bien quand il s’agit des jonctions et passage de témoins entre gouvernements que quand il s’agit de réformes ou de politiques publiques qui s’étalent sur plusieurs années.

Pour ce qui est de la continuité, il est évident qu’une politique sectorielle, par exemple, est par définition un long process de transformation qui dure des années, voire des décennies, et ne peut donc s’inscrire que dans la continuité, indépendamment des structures et des personnes. Les cas de succès et d’échecs sont légion dans ce sens. L’agriculture et l’industrie en sont les réussites les plus en vue. Le cas de la réforme de l’enseignement ou celle de la santé sont malheureusement des exemples flagrants de ce qui arrive quand la conduite se fait en pointillés.

Le principe de la continuité n’est pas à prendre seulement dans le sens chronologique ou temporel du terme. La continuité s’entend aussi au sens spatial et en termes de gouvernance. Une politique publique est efficace quand elle peut être démultipliée, déployée et déclinée sous des configurations territoriales adaptées. Enfin, la continuité suppose une synchronisation entre les différents acteurs publics et institutionnels. D’où les notions aujourd’hui centrales de convergence et de cohérence des politiques publiques.

L’autre ingrédient nécessaire est l’évolutivité. Le caractère long d’une politique publique ou sectorielle l’expose naturellement aux aléas et aux évolutions de l’environnement. Le paysage économique mondial de 2021 est foncièrement différent de ce qu’il était il y a 17 ans, au moment où le Maroc lançait pour la première fois son Plan Emergence pour l’industrie. Raison pour laquelle le premier plan devait nécessairement évoluer à trois reprises pour devenir aujourd’hui un plan de transformation avec de nouveaux métiers qui ont émergé, et d’autres qui vont venir au gré des nouvelles contraintes, des atouts, des menaces et des opportunités. Le Plan Maroc Vert, une fois implémenté, a donné naissance à un autre de nouvelle génération, Al Jayl Akhdar.

A l’opposé, et pour un autre secteur tout aussi important, à savoir le tourisme, la dislocation entre le Plan Azur et les Visions 2010 puis 2020 a fini malheureusement par donner une politique irrégulière, parfois au gré des sensibilités de chaque gouvernement, en rendant, in fine, le produit Maroc et son positionnement totalement illisibles.