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Au Royaume

Parlementaire, homme d’affaires, il devient patron des voyagistes

A 24 ans, il préfère se lancer tout seul au lieu de reprendre la briqueterie de son père à  Oujda.
Après un échec cuisant dans le textile, il rebondit à  Oujda en investissant dans le béton prêt à  l’emploi.
Parallèlement, il entre en force dans la politique à  travers le tremplin de la Chambre de commerce.

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Il y a des timides qui cachent un tribun dans leurs bagages. Et à les regarder conquérir leur auditoire et recouvrer une facilité d’élocution si bien dissimulée, on jurerait qu’ils s’étonnent eux-mêmes de tant de faconde. Le parlementaire Lahbib El Eulj en est un exemple vivant. Au début d’une conversation, il est d’abord hésitant et on se prend à vouloir lui prêter les mots et puis, tout d’un coup, la voix s’éclaircit et les arguments fusent. Ce Oujdi de naissance qui a gardé une étroite relation avec l’Oriental a d’ailleurs commencé sa vie d’homme d’affaires dans sa ville natale et dans sa région. Et cela continue puisque le groupe qu’il dirige, la Sicmaco, et ses filiales sont implantés dans cette partie du Maroc.
Lahbib El Eulj, qui vient d’être porté à la présidence de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM), est né en 1960 dans une famille d’hommes d’affaires. Son père, d’abord commerçant, se lancera plus tard dans la briqueterie. Le fils, après ses études, modernisera les méthodes de gestion des entreprises de la famille. Mais l’homme est humble et rappelle qu’il a connu un autre Maroc, celui des rationnements de l’eau et de l’électricité durant les années 70 et 80. Il se souvient aussi qu’il a dû recourir aux réseaux de ses connaissances pour obtenir une réponse rapide à la demande d’une ligne téléphonique pour son entreprise en 1980. Il en garde des souvenirs et des enseignements qu’il partage volontiers. «Les jeunes ne mesurent pas les progrès réalisés et surtout oublient que la valeur fondamentale que doit porter l’homme est que l’effort et la détermination sont les secrets de tout succès. C’est là que réside le vrai capital de l’homme et non dans les fonds qu’on peut toujours trouver chez un banquier», confie-t-il.
La scolarité de Lahbib El Eulj, même si sa famille est aisée, sera des plus normales. C’est à sept ans qu’il rejoint les bancs de l’école et, plus tard, il choisit de passer un bac technique (commerce, technique et comptabilité). A 20 ans, son baccalauréat en poche, il sait ce qu’il veut faire et c’est à Montpellier qu’il s’inscrit pour une maîtrise en gestion des entreprises qu’il obtient en 1984.

Il a commencé par se faire les dents en dehors de l’entreprise familiale
De retour de France, il choisit de ne pas diriger l’entreprise familiale tout de suite. D’abord pour ne pas heurter la conception paternelle, forcément traditionnelle, avec une approche scientifique, mais surtout, explique-t-il, «parce qu’il fallait d’abord se faire les dents et s’aguerrir». Il se fait alors recruter dans une société de promotion immobilière. Et tout de suite après, il crée une société d’exportation de conserve d’anchois. Il explique ce début de parcours d’une manière attachante : «Il ne faut pas croire que l’argent était là et qu’il fallait juste se baisser pour le ramasser. J’ai cherché un partenariat avec des Français. Ils n’étaient pas dans le capital, mais ils m’ont aidé à acquérir du matériel d’occasion. Et j’ai établi des liens avec des pêcheurs qui, parfois, jetaient leurs produits en mer tant ils souffraient pour le valoriser. Puis le business s’est progressivement rodé et j’ai commencé à m’approvisionner à Nador et même à Agadir pour faire tourner les machines».
A partir de ce moment, l’homme d’affaires qui s’ignorait jusque-là va s’épanouir. Il prend en main la briqueterie familiale et crée son agence de voyages qu’il appelle d’ailleurs «Voyages d’Oujda».
Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il va commettre une énorme erreur en construisant une usine de textile à Fès, par manque de foncier à Oujda. Au bout de deux ans, ce sera un échec retentissant. Il se résout à mettre la clé sous le paillasson en 1992.

Il préside la commission des affaires étrangères à la Chambre des conseillers
Lahbib El Eulj revient de nouveau à Oujda pour y créer une entreprise de produits de béton prêt à l’emploi, articles pour l’assainissement et tuyauteries en béton… Il réunit 1,1 million de DH en invitant des membres de sa famille dans le capital. L’affaire est aujourd’hui un succès et tourne avec un effectif de 180 employés pour un chiffre d’affaires de 85 MDH. Autour de l’entreprise, il va saisir d’autres opportunités en créant d’autres unités, Mégabéton et Mutilplastic. L’effectif total approche les 350 personnes et le chiffre d’affaires cumulé du groupe est aujourd’hui, dit-il, de 200 MDH.
A côté de tout cela, Lahbib El Eulj, naguère étudiant activiste est revisité par les démons de la politique. Cela commence parallèlement aux affaires. En 1992, il est élu à la Chambre de commerce d’Oujda dont il devient le 1er vice-président de Mustapha Mansouri qui en était le président. En 2003, il accède à la Chambre des conseillers par les élections indirectes et sera membre de la commission des finances. En 2006, il est élu président de la commission des affaires étrangères, un titre qu’il garde d’ailleurs à ce jour. Lahbib El Eulj, qui est très actif dans l’associatif et le social, devra désormais montrer ses talents à la tête de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc.