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Au Royaume

Paradis fiscal intelligent

L’affaire Cahuzac secoue depuis quelques jours le paysage politique français à  tel point que le président français a été obligé de sortir le grand jeu en déclarant la guerre à  la grande délinquance financière.

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Mis à jour le

saad benmansour 2013 04 12

L’affaire Cahuzac secoue depuis quelques jours le paysage politique français à tel point que le président français a été obligé de sortir le grand jeu en déclarant la guerre à la grande délinquance financière.

Ces derniers jours, également, l’affaire mondiale des comptes détenus dans les paradis fiscaux a défrayé les chroniques.

Voilà deux événements qui, au-delà de leur côté spectaculaire et théâtral, doivent nous donner à réfléchir à nous autres Marocains.

Il y a une semaine, quand la délégation officielle française menée par le président Hollande était au Maroc, on a beaucoup parlé d’investissements français au Maroc et notamment de cette dualité voire cette antinomie entre l’investissement français chez nous et l’emploi en France. Les patrons de part et d’autre ont alors sorti à l’unisson ce nouveau concept de colocalisation. Une chose est sûre en tout cas : les patrons et les officiels français sont convaincus que le Maroc, avec son économie et ses entreprises, non seulement ne présente pas de menace pour l’emploi en France, mais, au contraire, peut constituer un moteur de croissance supplémentaire pour l’économie française.

Mais en même temps, nos partenaires français, à commencer par le président lui-même, n’ont pas manqué de distiller un message presque de manière subliminale : le Maroc doit repenser les moyens de son attractivité.

Aujourd’hui, il doit le faire de manière encore plus urgente, à la lumière des nouvelles donnes régionales et mondiales mais également à un moment où notre économie est en mal d’investissement et de fonds, surtout après la malheureuse décision du gouvernement de couper sec dans les budgets d’investissement. Il ne s’agirait pas pour le Maroc de devenir un simple et vulgaire paradis fiscal ni de servir de planque à de l’argent sale. Pas du tout. Mais on peut devenir une terre d’accueil pour des capitaux gagnés de manière licite et dont les propriétaires souhaiteraient les fructifier dans la légalité et la transparence et avec, en prime, des effets positifs sur l’emploi. Depuis des années, notre pays s’est construit une solide et sérieuse réputation mais ce n’est visiblement plus suffisant. D’abord, nous avons de gros concurrents dans la région, notamment la Turquie. Ensuite, il faut se dire que notre modèle s’essouffle.

Aujourd’hui, avec les grands mouvements tectoniques qui secouent le monde, le Maroc doit y voir une fenêtre d’opportunités, à condition de savoir en tirer profit. Avec l’intensification à l’échelle mondiale de la lutte contre la délinquance financière, il faut s’attendre à une plus grande disponibilité des capitaux. Si le Maroc ne se positionne pas dès maintenant pour en capter une bonne partie, d’autres pays en profiteront. Et si notre gouvernement et nos décideurs doivent investir du temps de manière intelligente et utile, c’est bien sur ce genre de pistes et de réflexions et pas autre chose.