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Au Royaume

Mounir El Bari, DG de Gharb Papier Carton

Docteur ès carton et papier ! Oui, ça existe, Après une licence en chimie, il change d’orientation, s’inscrit à  l’Institut polytechnique de Grenoble et intègre l’Ecole du papier. Il a fait de GPC une des plus grosses entreprises d’emballage et de carton du Maroc et d’Afrique du Nord.

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El Bahri Mounir 2011 10 07

Le passage du cycle secondaire au cycle universitaire est souvent plein de surprises. Par méconnaissance ou en raison d’une mauvaise orientation, il arrive que la filière choisie ne permette pas de réaliser les aspirations professionnelles. Certains s’en rendent compte trop tard et sont obligés de passer leurs rêves par pertes et profits. D’autres prennent leur courage à deux mains, quitte à perdre quelques années, en changeant de filière afin de trouver le bon chemin. Le parcours de Mounir El Bari, DG de GPC, filiale de Ynna holding spécialisée dans le papier et carton, une des plus grosses entreprises d’emballage et de carton du Maroc et d’Afrique du Nord, et d’El Karama, société propriétaire de la marque d’eau de source Aïn Soltane, illustre parfaitement ce tâtonnement.
Né à Rabat en 1965, Mounir El Bari est le cadet d’une fratrie de 8 enfants. Après un Bac en sciences expérimentales en 1983, il choisit de s’inscrire à la Faculté des sciences de la capitale où il obtient une licence en chimie avec «Mention bien». Il s’agit certes d’une bonne performance, mais la spécialité ne risque pas de lui ouvrir les portes dans un pays touché par le chômage. Il va alors complètement changer ses plans en prenant la décision d’aller poursuivre des études en France. Il s’inscrit à l’Institut national polytechnique de Grenoble. Heureusement pour lui, il est admis directement en 2e année de l’Ecole internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux, un des six établissements de cet institut. Sa licence en chimie lui sera, d’une certaine manière, utile. En 1990, il décroche le diplôme d’ingénieur et obtient un poste de chercheur dans la même école. C’est le constructeur Schneider qui finance ses travaux avec le but avoué d’augmenter la longévité de ses produits. Cette recherche va aboutir à un résultat tout à fait satisfaisant car Mounir El Bari, en travaillant sur le séchage des isolants, va faire passer le cycle de vie d’un transformateur à 25 ans au lieu de 20 ans, auparavant.
En 1995, il soutient sa thèse de doctorat et revient au Maroc pour les vacances. Le hasard a voulu qu’il soit mis en contact avec Wafa investissement, alors filiale de l’ex-Wafabank, pour une embauche. Et un autre hasard a voulu qu’à ce moment-là cette société «hérite» d’une usine en faillite située à Meknès, la Sifap (Société industrielle pour la fabrication du papier) qu’il fallait valoriser pour pouvoir la revendre. Il est alors envoyé à Meknès comme directeur technique et deviendra rapidement le DGA avant d’être nommé DG en 2003. De 25 MDH en 1996, le chiffre d’affaires atteindra 66 millions en 2003. L’unité, qui cumulait des pertes estimées à 40 MDH, avait ainsi réussi à redevenir bénéficiaire jusqu’à résorber tout son passif. Inutile de dire que Mounir El Bari est fier de ces résultats tout comme son employeur. Mais voilà que l’unité doit être revendue. Fatalement, il devait donc rejoindre le siège de Casablanca pour d’autres missions. Mais il n’est pas pressé de quitter son poste, puisqu’il travaille dans un secteur où il a fait ses études. Si bien que lorsque Ynna holding rachète Sifap en 2006, pour quelque 40 MDH, son vœu est comblé car les propriétaires lui proposent de rester à la tête de l’entreprise. Et il n’aura pas à le regretter car on lui confie d’abord en 2007 la direction générale de Sifap et de GPC (Gharb Papier et Carton), propriété du groupe, dans l’objectif de les regrouper dans une seule entité intégrée qui garde le nom de GPC. Cette mission est accomplie une année plus tard. Mais ce ne fut pas une sinécure. Il a fallu d’abord réussir la fusion sans heurt, notamment en prenant toutes les précautions pour rassurer le personnel. Il fallait aussi réaliser des économies d’échelle en mutualisant les moyens. Tout en conduisant une politique low cost, il était aussi tenu d’être vigilant sur la concurrence pour élargir ses parts de marché en ne se contentant pas des seules commandes des filiales du groupe.
 L’entreprise totalise en chiffre d’affaires 700 MDH en 2010 contre 640 millions en 2009, et emploie 900 personnes dans ses quatre usines de Casablanca, Mohammédia, Kénitra, Meknès et Agadir.

Il est président de la Fédération des papiers et emballages

Son employeur, visiblement, est satisfait. C’est pourquoi il lui a confié, en mars 2010, la direction générale d’El Karama -qu’il cumule avec celle de GPC-société concessionnaire de l’exploitation de l’eau de source Aïn Soltane. Avec un effectif de 150 personnes, El Karama exploite une source à Immouzer avec une usine sur place et 11 agences à travers le pays. Mais Mounir El Bari ne se contente pas des différentes missions qui lui sont confiées. Dès 2003, il avait commencé à travailler pour mettre de l’ordre dans la profession, en initiant la création de la Fédération des industries forestières des arts graphiques et de l’emballage (FIFAGE), aujourd’hui rattachée à la CGEM, qui regroupe les métiers en aval et en amont de l’activité. Cette organisation professionnelle dont il assure, depuis 2009, la présidence pour trois ans, compte aujourd’hui 50 membres. Mais avec le papier et carton, il semble, lui, avoir signé un bail à vie.