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Au Royaume

Moniteur d’équitation à  ses débuts, aujourd’hui DG de trois hôtels à  Agadir

Le tourisme, il est tombé dedans à  l’à¢ge de 18 ans, alors qu’il était encore étudiant.
Il fait passer le taux d’occupation de Sofitel Agadir de 12 à  75
% en deux ans.
Pour lui, le travail n’est pas une contrainte, mais une activité qui
permet de se faire plaisir.
Sa botte secrète pour impliquer le personnel : fixer des objectifs et
non pas distribuer des tà¢ches.

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Il y a des gens pour qui travailler c’est s’amuser. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, cette race d’hommes existe bel et bien et l’on peut même en rencontrer quelques spécimen. Leur secret ? Ils ne considèrent pas le travail comme une corvée, une besogne et encore moins un gagne-pain. Pour eux, leurs activités ressemblent à un champ de bataille intellectuel où ils déploient leur énergie pour réaliser des objectifs ou arriver à bout d’un problème. C’est souvent une question d’honneur et il s’agit, pour eux, de regarder les difficultés, quelles que soient leur taille et leur nature, comme des obstacles dont notrecréativité et notre ingéniosité doivent venir à bout.

Une percée fulgurante au sein du groupe Accor
Hamid Bentahar fait partie de ce «club» fermé et il ne cessede répéter que «bosser ne devient intéressant qu’à partirdu moment où il n’est pas perçu comme une contrainte qu’onva traîner toute sa vie». Pour lui, chaque matin commence un jourbéni durant lequel il doit motiver son personnel et donner de la joie à saclientèle. «C’est comme cela que le travail devient cool,génial et même… reposant», souligne-t-il !

Son histoire avec le tourisme et l’hôtellerie commence trèstôt puisqu’il est encore étudiant quand il commence à flirteravec le secteur durant les vacances pour se faire de l’argent de poche.Le fait qu’il se soit entiché d’équitation dèsl’âge de 11 ans et qu’il ait participé à plusieursconcours hippiques l’a aussi mis sur cette voie. Hamid Bentahar doit eneffet son premier travail au Club Palmariva de Marrakech, géré à l’époquepar Accor, et où l’équitation figure parmi les services offerts à laclientèle. Il a commencé par prendre soin des chevaux et accompagnerles touristes durant les randonnées. C’était en 1989. Ilvenait de passer deux ans à l’université Kadi Ayyad de Marrakech,après un Bac en sciences économiques obtenu en 1987 au lycéetechnique Errazi d’El Jadida, ville où il naquit en 1971. Cette étapesera de courte durée et son parcours dans le groupe Accor, auquel il valier son destin, ne faisait que commencer. Passant par des stages à différentsniveaux, dont la formation des directeurs, il accomplit une percée fulgurante.Entre 1989 et 1994, il est successivement chef de village et directeur adjointau Club.

En 1994, il entame un séjour de deux années en Grèce où ilprend en charge la direction générale d’Eretria Grèce.Son périple le mène ensuite en Turquie, où il sera DG, pendantdeux ans, du club Tekirova, du groupe Accor, encore. Armé d’unesolide expérience, il est nommé, en 1998, directeur de la formation «Accorloisirs et tourisme». Pas pour longtemps puisque, au bout d’un an,on lui confie la direction marketing produits pour Coralia Club au sièged’Accor, à Paris. Trois ans plus tard, en 1999, il fait à nouveauxses valises pour Djerba (Tunisie), où il dirige l’ensemble des hôtelsAccor de la région. Sa mission prend fin en juin 2004 et, depuis cettedate, il préside aux destinées des trois hôtels du groupefrançais dans la région d’Agadir.

«Le patron de l’hôtel, ce n’est pas moi, c’est le client»
Quand il arrive au Sofitel de la capitale du Souss, le taux d’occupationde l’hôtel est de 12 %, aujourd’hui, il est de 75%. Commenta-t-il réussi une telle performance ? Très simple, dit Hamid Bentahar: «A mon arrivée, j’ai tout de suite compris que, le hardware étantlà, c’est sur le software qu’il fallait un travail de fond.Alors, j’ai mis toute mon énergie à expliquer au personnelque le patron de l’hôtel, ce n’était pas moi mais leclient. J’ai aussi centré mon effort sur le fait que le client nedoit pas être seulement satisfait mais comblé, il doit faire leplein d’émotions et d’attentions pour ne pas nous préférerune autre destination. J’y ai mis le temps qu’il faut, mais aujourd’hui,ce que je dis s’est transformé en réflexe».

Dans la foulée, Hamid Bentahar livre son analyse d’homme de terrainqui a gravi tous les échelons : «Le Maroc, parce qu’il n’apas capitalisé sur la bonne définition des objectifs en matièrede satisfaction de la clientèle, a pris beaucoup de retard et nous necommencerons à devenir une vraie destination qu’à partirdu seuil de 7 millions de touristes. Un exemple simple de comportement de tousles jours: regardez les garçons, maîtres d’hôtel etautre personnel d’une unité hôtelière, ils ne saventpas sourire. Dans leur tête, le sourire est la caractéristique decelui qui ne travaille pas, alors pour montrer qu’ils sont sérieuxet qu’ils travaillent, ils offrent des visages fermés à leursclients. J’ai eu du mal à expliquer tout cela et je suis aujourd’huicontent qu’ils l’aient compris».

C’est bien beau de dire tout cela, mais comment l’appliquer ? Là,aussi, Hamid Bentahar a les mots pour l’exprimer : «Ma logique estde fixer des objectifs plutôt que de distribuer des tâches. Çà,c’est pour la méthode. Pour le nerf de la guerre qui vient après,et qui est la motivation, c’est l’introduction de la part variabledans les salaires. Tout le monde est intéressé au processus ettout le monde va cueillir le fruit de son travail et de sa mobilisation».

La seule question à laquelle le jeune directeur d’Accor pour leSouss ne répond pas est de savoir si la culture de l’objectif nefinit pas par introduire le stress dans le travail, quelle que soit la définitionqu’on lui donne. Mais, au fond, dans tout amusement, la dimension ludiquen’est-elle pas justement dans l’art d’éviter, commedans l’escrime, les coups et… les contrecoups !