Au Royaume
Mohamed Benamour : Il voulait être journaliste, il finit par édifier un groupe hôtelier de premier plan
Il voulait être journaliste ou metteur en scène, il sera diplômé en tourisme.
Il commence sa vie comme salarié à la RAM, puis devient grossiste en voyages après quatre ans. En 1975, il se lance dans le transport touristique puis en 1985 dans l’hôtellerie.
Il est vice-président de la CGEM et administrateur de Bank Al Maghrib.

Une vie peut être un conte de fées, tout comme elle peut être un conte de faits bien palpables, réels. Celle de Mohamed Benamour en est une belle illustration. Aujourd’hui patron du groupe KTI/KTH, un des plus importants dans le secteur du tourisme, il a pratiquement exercé tous les métiers liés à son domaine. Il s’est fait, tour à tour, voyagiste, transporteur et hôtelier. Mohamed Benamour a commencé sa vie active comme salarié avant de devenir l’homme d’affaires qu’il est aujourd’hui. Né en 1945 dans une famille aisée à Fès, il est le troisième enfant d’une fratrie de six. Après un bac littéraire à 18 ans, il est loin d’imaginer qu’il serait hôtelier. Le jeune homme se voulait journaliste ou metteur en scène. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il écrivait dans un journal local qui s’appelait Le courrier de Fès.
La voyage, justement, il va en faire son métier. Finalement, Mohamed Benamour, après avoir été aussi tenté par des études en sciences politiques, se décide sagement pour l’Ecole nationale de commerce de Paris. Son cursus est couronné par un DES obtenu dans la foulée auprès du Centre d’études supérieures en tourisme à la Sorbonne. Nous sommes en 1968, la France bouillonne et le cerveau de Mohamed Benamour également. Il a hâte de rentrer au pays…
En ces temps-là, un diplômé du supérieur ne pouvait chômer fût-ce quelques mois, sinon volontairement. Dès son retour, il se voit proposer un poste à l’Office national du tourisme au sein duquel il ne passera cependant que 15 jours. Royal Air Maroc le tente plus par le challenge proposé. On lui demande, en effet, de mettre en place un service qui proposera aux touristes des «forfaits» comprenant transport aérien et séjour. Il réussit et on décide de lui confier une responsabilité plus importante, à peine un an plus tard. En 1973, il se retrouve représentant de la compagnie aux USA et au Canada. C’est ainsi qu’il sera associé à la négociation des droits de trafic des avions marocains dans les aéroports américains. Il se rappelle qu’à l’époque le Maroc allait être le 17e pays à voir ses avions accéder aux aéroports américains.
En 1972, il crée KTI puis KTH pour entrer dans le monde de la gestion des hôtels
Mohamed Benamour reste au service de la RAM jusqu’en 1972, mais l’aventure le tente. Avec l’aide financière de son père, il crée Kasbah tour international (KTI), et devient grossiste en voyages, un métier encore peu connu au Maroc. Il s’installe au 9, rue Brisac, au quartier Mers Sultan, à Casablanca. Ce sera le siège de son groupe et jusqu’à aujourd’hui, 37 ans après, il y tient encore les conseils d’administration de ses sociétés car, dit-il «j’ai un côté superstitieux qui fait que toutes les grandes décisions doivent être prises là où l’entreprise a vu le jour».
Mohamed Benamour se rappelle de grands événements qui ont marqué ses débuts dans le monde du voyage comme le premier groupe dont il a organisé le séjour à Marrakech. Ils étaient 350 personnes, ce qui était un événement à l’époque. Il se souvient même qu’il avait loué une limousine pour accueillir le président de ce groupe italien et qu’il avait eu un gros pépin durant le transfert : tout bêtement une panne sèche, le loueur n’ayant pas fait le plein comme le voulait la règle. Mais Benamour n’est pas du genre à se laisser abattre par un si petit incident et avant même que ses invités ne se rendent compte de la déconvenue, il avait déjà hélé une calèche pour transporter ses invités vers l’hôtel. Plus tard, les opérations allaient prendre des dimensions plus importantes comme en 1998 où il organise une énorme convention du groupe General Motors qui a réuni 16 500 personnes, venant de 46 pays.
Initiateur de la Vision 2010
Mais revenons aux grands moments de la saga du groupe de Benamour. Après avoir installé les procédures et rodé les rouages du métier de grossiste du voyage, il se rend compte que les transporteurs manquaient de professionnalisme avec une flotte vieillissante et qui tombait en panne au milieu des circuits. Il crée alors sa propre société de transport KTT (Kasbah tour transport) en 1975. Il ne la liquide qu’une fois que le secteur se soit organisé vingt ans plus tard.
En 1985, l’entrepreneur lance KTH (Kasbah tour hôtels) pour se positionner dans la privatisation de la gestion des hôtels détenus par l’Etat ou les entreprises publiques. Il se voit confier huit hôtels dont deux dans un état de délabrement avancé : Tour Hassan à Rabat et Mérinides à Fès. Le loyer était fixé autour de 10 MDH, mais le plus gros était de financer la mise à niveau et ce n’était pas une mince affaire car il s’agissait d’un programme de 50 MDH. Une fois l’opération rondement menée, il rachète en 1995, dans le cadre de la cession, les unités les plus prestigieuses : Tour Hassan et les Mérinides pour 130 MDH (80 millions pour Tour Hassan). Mais bien avant cela, il construira, en 1990, le «Berbère Palace» à Ouarzazate (244 chambres et suites), un investissement total de 85 MDH.
Aujourd’hui, le groupe KTI/KTH compte près de 500 employés et réalise un chiffre d’affaires de 300 MDH. Mais on ne saurait parler de cet homme d’affaires en passant sous silence son côté visionnaire. Aussi bien au niveau de la CGEM, à la tête de la Fédération du tourisme, que sur un plan personnel, il aura été parmi les initiateurs de la Vision 2010, destinée à doter le Maroc d’une stratégie touristique. Il a récidivé, récemment, avec l’idée de créer un conseil de développement et de solidarité regroupant acteurs publics et privés pour alimenter les décideurs en réflexions et être un laboratoire d’idées dans des domaines qui intéressent au plus haut point le développement économique et social du pays. Avec cela, il devra, en plus, assumer la fonction de vice-président de la CGEM, à laquelle il vient d’être nommé il y a deux semaines.
