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Au Royaume

Madame Com’ du Premier ministre

Elle a commencé des études de pharmacie avant de les interrompre
et d’obtenir un DEA en littérature comparée.
Après 12 ans dans la production, elle quitte 2M et devient directrice de communication du Crédit du Maroc.
En 2003, elle rejoint le cabinet de Driss Jettou et s’occupe de la com’ du gouvernement.

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Une main de fer dans un gant de velours, l’expression sied merveilleusement à Leïla Ouâchi. La conseillère de Driss Jettou affronte n’importe quelle situation sans se départir de son sourire légendaire, de son flegme et de son assurance. Et des situations de stress, elle en a connu plusieurs ces cinq dernières années, depuis qu’elle s’occupe de la communication du Premier ministre, et par extension de celle du gouvernement.

Une scolarité nomade entre Oujda, Meknèset Casablanca
Cette quadragénaire est de toutes les activités publiques du chef du gouvernement. Et depuis près de deux années, elle gère en plus l’agenda du Premier ministre. Une tâche «des plus difficiles, surtout qu’il faut conjuguer avec de nombreux imprévus». En poste pour quelques semaines encore, elle vit ces derniers moments de sa vie de conseillère de Driss Jettou avec «sérénité». Elle est consciente qu’elle n’aura peut-être jamais à revivre cette expérience. «Travailler avec un Premier ministre est une école de la vie.

La richesse de cette expérience est due, d’un côté, au contexte politique et socio-économique dans lequel évolue actuellement notre pays. Mais c’est surtout la modestie du Premier ministre, sa discrétion, son ouverture et sa capacité d’écoute qui ont été intéressantes à plus d’un égard». Au fait de tous les grands dossiers de l’ère Jettou, elle avoue une passion particulière pour les dossiers sociaux. En les traitant et en s’y consacrant, elle avoue «s’éclater».

Née à Khénifra, rien ne la prédestinait à intégrer le cabinet du Premier ministre. «J’ai grandi au sein d’une famille normale. Mon père était cadre au ministère de l’intérieur, ce qui nous obligeait à nous déplacer en permanence». Au bout d’une scolarité «nomade» entre Oujda, Casablanca et Meknès, elle décroche dans cette dernière un Bac D au lycée français Paul Valéry, en 1983. De ces années, elle aura acquis le sens de l’autonomie et de la responsabilité, étant interne la plupart du temps.

Son sésame en poche, elle choisit le nord de la France pour des études de pharmacie. Non par vocation mais «pour faire plaisir aux parents». Mais au bout d’une année, elle abandonne les cours de chimie et de pharmacologie pour des études de lettres à Versailles où elle décroche un DEA en littérature comparée. De retour au Maroc, elle intègre alors 2M, la nouvelle chaîne de télévision. C’était en 1989. Elle y restera 12 ans. Un long parcours qui lui aura permis «de travailler énormément dans la gestion de production télévisuelle, puis de développer la programmation pour enfants et jeunes». Dans l’intervalle, une formation diplômante décrochée à l’Institut national de l’audiovisuel, à Paris.

En août 2001, l’aventure de la télé s’achève brusquement, «sans préméditation», affirme Leïla Ouâchi. La période coïncidant avec l’arrivée de Noureddine Saïl à la tête de 2M, elle avoue quand même que ce changement de patron à la tête de la chaîne, devenue entre-temps publique, a été le déclic. Mais pas seulement. Après 12 ans au sein d’une même entreprise, l’envie de tenter autre chose était grande. Un mois plus tard, elle est recrutée en tant que directrice de communication du Crédit du Maroc. Elle y restera moins de deux ans… Cette fois-ci, le hasard s’en mêle.

En janvier 2003, Driss jettou, Premier ministre depuis deux mois, cherche un conseiller en communication. Sollicité, un patron de banque ami lui envoie les CV de nombreux directeurs de communication d’institutions financières et d’organisations internationales. Elle sera choisie. «Mes douze années en tant que productrice à 2M ont été un atout considérable», souligne-t-elle. La décision de quitter la banque pour un poste dans l’Administration ne fut pas facile. «Cela supposait également que je change de ville.

Je voyais Rabat avec les yeux d’une Casablancaise. Mais, avec du recul, il s’avère que la qualité de vie dans la capitale est meilleure ». Un choix qu’elle n’a jamais regretté. «A l’époque, j’avais un directeur de cabinet (NDLR : Mohamed Brahimi, actuel wali d’Oujda), qui ne nous a jamais donné l’impression de travailler pour une administration publique. Tout était géré à la manière du privé, avec des délais à respecter et une obligation de résultat», se souvient-elle.

Grande première :une charte graphiqueet un logo pourle gouvernement
De ces années passées à côtoyer le Premier ministre, à établir des stratégies pour sa communication institutionnelle et à coordonner la communication des différents départements, Leïla Ouâchi garde de merveilleux souvenirs et de grandes satisfactions. Tous les grands chantiers initiés, de Villes sans bidonvilles à Inaya, ou encore Rawaj, Emergence… Et puis, grande satisfaction : «Pour la première fois, le gouvernement est doté d’une charte graphique distincte et donc d’un logo.

De nombreux supports de communication ont été initiés, notamment le site web de la Primature. Des rencontres régulières et conviviales ont été tenues avec la presse et de nombreuses associations professionnelles et de la société civile. Les relations avec les agences de communication sont beaucoup plus professionnelles», énumère-t-elle, sans manquer de rappeler l’énorme travail abattu par ses collaborateurs et les autres membres du cabinet du Premier ministre.

L’un de ses plus beaux souvenirs, un voyage d’une douzaine de jours durant lequel Driss Jettou et ses proches collaborateurs ont visité pas moins de 12 pays et foulé le sol de trois continents. Le job la passionne à tel point qu’elle déclinera poliment une proposition de nomination à la tête de la quatrième chaîne (Arrabiâa) en 2004. «Si c’était à refaire, je le referais sans hésitation», affirme-t-elle, le regard soudain enflammé.

Mais ces cinq années ont également été marquées par de nombreuses déceptions et frustrations, surtout en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Sur ce point, sa contribution sera toute personnelle. Avec des amis, elle a initié, à Salé, un projet de centre d’accueil pour les mères célibataires et de crèche pour enfants défavorisés.