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Les pharmaciens montent au créneau, Ait Taleb tente d’atténuer la fièvre

Le ministre de la Santé s’est réuni, ce jeudi, avec les syndicats des pharmaciens. Au menu, la situation du secteur et les pistes de prescription pour le guérir.

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Contrairement aux réactions qui ont suivi l’appel à la grève des pharmaciens, annoncée pour le 13 avril courant, le gouvernement prend au sérieux la situation du secteur. Tout a commencé au moment de la mise en circulation des informations, émanant de la Cour des comptes, sur la marge des bénéfices des officines, faisant état d’un pourcentage dépassant les 50%. Un constat qui a été loin de plaire aux professionnels qui ont sorti la grosse artillerie. D’abord, en remettant en cause les chiffres qui ont circulé, et ensuite en mettant en avant ce qu’ils considèrent être la précarité de la situation des détenteurs des officines.

Mais, au-delà de s’arrêter à la mise en avant du topo, les syndicats des pharmaciens ont surtout saisi l’occasion pour appeler l’Exécutif au sauvetage. La fièvre était telle qu’un tir à la corde se profilait. Le point culminant n’ayant été que l’appel à la grève qui ne devait être, menaçaient les pharmaciens, que l’amorce d’actions d’escalade au fil des semaines à venir. C’est, d’ailleurs, dans ce sens que le ministre de la Santé et de la protection sociale a provoqué une réunion avec les centrales syndicales du secteur. Ce jeudi 6 avril, Khalid Ait Taleb s’est donc réuni avec les représentants desdites centrales, dans une tentative de faire baisser la température.

Au menu, comme il fallait s’y attendre, il y avait la question des marges bénéficiaires certes, mais aussi la situation du secteur de manière générale. Sur le point du clivage par excellence, le responsable gouvernemental a précisé que la marge de bénéfice du pharmacien d’officine est de 33,9% du prix public de vente (PPV) pour la première tranche, tout en relevant que cette marge diminue pour les autres tranches du prix du médicament. Le ministre n’a pas pour autant éludé le fait que la situation de certains détenteurs d’officines est loin d’être reluisante et qu’ils sont pas moins de 3.000 pharmaciens à être en difficulté. Mais, Ait Taleb ne s’est pas contenté de faire le topo, en indiquant que le chantier d’une réforme du secteur est déjà entamé et qu’il devrait déboucher sur un plan d’action commun pour accompagner son développement.

Ceci étant, les pharmaciens, eux, persistent et signent en indiquant que leur marge ne dépasserait pas les 8% et que leurs conditions sont «déplorables». Plus encore, le président du Syndicat national des pharmaciens du Maroc, Abderrazak Mounfaloti, a profité de l’occasion pour évoquer la faiblesse de la marge bénéficiaire, sans oublier la revendication appelant à la lutte contre la vente des médicaments hors officines et l’impératif de passer par le circuit conventionnel (laboratoire-distributeur-pharmacien). Pour ce qui est de la grève, le représentant syndical n’aurait pas voulu être tranchant, en indiquant qu’une réunion des centrales syndicales devrait décider de la voie à suivre.

Autant en déduire qu’on est loin d’un éventuel tir à la corde et qu’il est fort probable que la réunion de ce jeudi soit le prélude à un désamorçage de la tension. On y verra plus clair dans les jours qui suivent.