Au Royaume
Laila Benjelloun Touimi, coach, fondatrice du centre Espace gym danse
Contre l’avis de sa famille, elle a choisi de suivre des études supérieures en sport pour devenir professeur. Son centre propose des cours de coaching sportif individuels adapté à la psychologie de chaque personne.

Dire que Laila Benjelloun Touimi, coach et fondatrice du centre «Espace gym danse», est une femme sportive est un euphémisme. La preuve, c’est en tenue sportive, qu’elle ne quitte presque jamais, qu’elle nous accueille dans une salle de gymnastique des plus simples. Le ton est donné. On comprend qu’ici l’importance est davantage accordée aux résultats et aux méthodes qu’aux décorations ostentatoires. Transpirer intelligemment et pousser les autres à y arriver pour pouvoir s’épanouir dans leur vie privée et professionnelle est son seul souci. Et c’est un choix, ce n’est pas un hasard.
De père ingénieur et de mère médecin, la jeune Laila grandit dans un milieu où le sport est pratiqué régulièrement. Entre sports d’hiver, marches, en montagne et activités aquatiques, la fibre sportive se déclenche très tôt. A l’âge de 9 ans, elle se met au windsurf, pratique la plongée sous-marine et, à partir de 12 ans, effectue des randonnées en colonie de vacances.
Pendant son parcours scolaire, elle s’inscrit dans des cours de danse classique et de ballet et découvre les sports de plein air à l’âge 15 ans. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle oriente ses études, appuyée par ses excellentes notes en éducation physique et par les très vives recommandations de ses professeurs. Elle obtient ainsi son baccalauréat en études sportives en 1982 au Lycée Descartes de Rabat.
Elle a participé à des compétitions de haut niveau réunissant d’anciens sportifs internationaux
Les premières difficultés surviennent pendant cette période, quand son choix de devenir professeur d’éducation physique est critiqué par sa famille sous prétexte que le métier ne rapporte pas assez et qu’il n’y a pas de formations sérieuses. Mais c’est mal connaître Laila qui, loin d’être rebutée par les obstacles, y puise la force nécessaire pour les surmonter.
Elle part en France pour des études en économie qu’elle ne commencera jamais et passe avec brio le concours d’accès au Centre de ressources, d’expertise et de performances sportives (CREPS), un établissement public du ministère français des sports. Débrouillarde et passionnée, elle se dégote des boulots pour financer ses études et déroche, après 4 ans d’études, le fameux diplôme de professeur d’éducation physique ainsi que le premier degré en danse modern jazz dont elle suivait les cours en parallèle. Commence alors sa carrière dans différents centres privés en France qui durera une année. En 1987, elle rentre au Maroc pour s’installer, se marie et continue son travail de professeur dans des centres spécialisés marocains.
Trop sportive pour ne faire du sport qu’une discipline qu’elle enseigne, Mme Benjelloun pratique de plus en plus souvent et relève des challenges personnels de plus en plus importants. L’athlète en elle s’intéresse au marathon et elle participera à des compétitions de haut niveau réunissant d’anciens athlètes et des sportifs internationaux (marathon des sables, marathon de New-York, X-aventure, triathlon Iron-man…). Cette discipline, tout en l’inspirant, lui permettra d’apprendre beaucoup de choses sur elle-même. En 1991, après une petite pause de 6 mois, elle décide donc d’ouvrir son propre centre de remise en forme générale où elle dispense des cours collectifs de stretching, de step, de fitness, de musculation et de danse. Entre-temps, elle ne rompt pas avec le monde de la formation et suit des stages un peu partout dans le monde dès que l’occasion se présente. C’est durant l’une de ces formations qu’elle rencontre Jit, coach de fitness et d’arts martiaux et en même temps psychologue sportif américain installé en Espagne pour le compte de Reebok. Son expérience lui a permis d’adapter une méthode de psychologie sportive qui consiste à analyser la psyché du pratiquant et son langage gestuel à travers un questionnaire et des mises en situation thématiques. Séduite par la méthode, Mme Benjelloun passera une année en Espagne, le temps de la maîtriser et rentre en 1998 au Maroc, des idées plein la tête.
Son rêve est d’ouvrir une école de formation pour transmettre sa passion
Dès son retour, elle change l’orientation de son centre qui commence à proposer des cours de coaching sportif individuels adapté à la psychologie de chaque personne. La formule, encore nouvelle au Maroc, connaît des débuts timides, mais grâce au bouche à oreille et surtout au sérieux et aux résultats qu’elle obtient, les clients affluent. Et non des moindres puisque sa clientèle compte aujourd’hui des patrons d’entreprises, des hauts cadres et même des ministres que Laila Benjelloun aide à se mettre en forme et à mieux supporter l’énorme charge de leur travail.
Pour elle, le sport est avant tout une philosophie, il n’y a pas d’âge ni de conditions pour le pratiquer et les sensations de plaisir qu’il procure existent chez tout être humain. C’est dans ce sens qu’elle a travaillé sur un projet pour le ministère de la jeunesse et des sports qui consiste à mettre à la disposition des personnes inscrites dans des centres socio-sportifs un spécialiste pour conseiller, sensibiliser et expliquer les bases du sport pour une pratique appropriée. Ce projet se décline sous forme de 12 DVD en arabe dialectale et en amazigh, couvrant quatre disciplines différentes (stretching, pilate, step et aérobic), avec trois niveaux de maîtrise (débutant, moyen, confirmé). Près de 800 femmes membres de ces centres, qui n’auraient pas pu connaître le sport autrement, ont pu profiter de ce programme.
Tant de dynamisme et d’énergie dépensée ne laisse presque pas de place à toute forme de vie sociale, mais pour Laila Benjelloun il y a encore tant de choses à donner et elle caresse le projet d’ouvrir une école de formation afin de transmettre son expérience et sa passion aux générations futures.
