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Au Royaume

La mémoire vivante du transport maritime au Maroc

Issu d’une famille modeste,
il commence sa vie active à  17 ans
en tant qu’employé dans une entreprise
de construction navale.
Après un Bac obtenu en candidat libre et un DES à  la Sorbonne, il revient au
pays où il est recruté par la Comanav qu’il quittera au bout de deux ans.
En 1995, il est nommé directeur de
la Marine marchande puis secrétaire général du ministère des transports en 2000.

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La vie de Mohamed Margaoui, secrétaire général du ministère du transport, illustrele parcours typique des enfants issus de la classe populaire qui bâtissent leuravenir à la force du poignet, non sans avoir été gagnés, à un moment ou un autrede leur jeunesse, par le défaitisme. Curieusement, lui, parle de cette jeunesseavec délectation. Mohamed Margaoui est né en 1947 dans la région de Taounate,à 60 kilomètres de Fès, à quelques encablures des ruines romaines, monument pharede la région de la kasbah d’Amargou. Il n’aura pas le temps de goûter à ces attraitstouristiques, car, très tôt, la famille s’installera dans un quartier périphériquede Casablanca, alors qu’il n’a que trois ans.

Il va très rapidement se rendre à l’évidence crue qu’il faut apprendre à se débrouillerpour vivre. Les moyens sont limités et le fait d’appartenir à une famille deneuf enfants constitue un handicap supplémentaire. Les études sont déjà une épreuveau quotidien puisqu’il faut parcourir plusieurs kilomètres pour aller de BenM’sick à l’école Mohammed V, près de Kissariat Haffari, à Derb Soltane. Maisl’enfant joyeux qu’il est vit ces difficultés avec amusement et tire même uncertain plaisir à les enjamber. C’est grâce à cela qu’il va développer une grandecapacité d’adaptation – qu’il appelle «art de l’esquive» – où il puisera la forcede rebondir après les mauvais choix. Plus tard, il apprendra plusieurs métierset saura prendre les bons détours pour corriger, à temps, sa trajectoire.

Il monte un des premiers cabinets du Maroc en droit maritime
Mohamed Margaoui ne fera pas les choses comme tout le monde. Juste après sonBrevet d’études du premier cycle (BEPC), obtenu en 1964 au lycée Moulay Abdallahde Casablanca, il entre précocement dans la vie active. Recruté comme employédans une société de construction navale, il passera néanmoins son Bac comme candidatlibre en 1968 et s’inscrira à la Faculté de droit, tout en faisant toutes sortesde petits boulots pour s’assurer un revenu et aider sa famille comme il peut.Ce sont là les tournants décisifs qu’il a su négocier et sans lesquels il n’auraitjamais pu faire sauter un certain nombre de verrous qui l’auraient privé desperspectives qui se sont ensuite ouvertes.

Mohamed Margaoui obtient sa licence en 1971 et part pour l’Hexagone où il s’inscrità la Sorbonne pour un Diplôme d’études supérieures (DES) en droit public. Unefois le diplôme obtenu, il revient au Maroc et rencontre le patron de la Comanavde l’époque, qui sera si fier de l’avoir recruté qu’il dira en conseil d’administration: «Voilà un jeune homme qui, en trois mois d’activité, a gagné son salaire pourplusieurs années en réussissant à recouvrer des créances que nous désespérionsde récupérer».

Mais Mohamed Margaoui quittera la Comanav deux ans après, même si on lui proposede tripler son salaire, qui se monte à 2 000 DH à l’époque.
Il décide de voler de ses propres ailes en montant une société de conseil juridiquemaritime. Il va capitaliser sur sa maîtrise du domaine du transport en prenanten charge le traitement et le suivi de tous les incidents et accidents maritimesqui concernent la flotte maritime au Maroc et à l’étranger. Cela lui apporteraune reconnaissance qui dépasse les frontières du pays. Il sera correspondantgénéral pour le Maroc des mutuelles internationales de protection et indemnitésdes armateurs et, un peu plus tard, fera des travaux de recherche dans les domainesde l’assurance, de la piraterie et de la fraude maritime…

Premier dossier chaud : la liaison Tanger-Algésiras
Bref, pour en revenir à cette période de sa vie, en quelques années, il deviendraune autorité dans le traitement des affaires maritimes et, en 1982, la Cnucedlui propose un poste de fonctionnaire international (responsable du départementjuridique de la division des transports maritimes) basé à Genève. Il n’y trouveraque partiellement son compte et reviendra au pays en 1985 pour s’occuper à nouveaude son cabinet. Il se replonge dans son domaine d’activité. Mais, encore unefois, le salariat le rattrape. En 1995, il se voit nommé directeur de la Marinemarchande. Le grand dossier de l’époque concernait les retards enregistrés dansla traversée Tanger-Algésiras durant la période des vacances. Sa grande capacitéde négociation et de «navigation» entre plusieurs dossiers, ou plusieurs partenaires,n’allait pas se démentir et ce n’est pas un hasard si on l’appelle pour un posteencore plus valorisant : celui de secrétaire général du ministère des transports.Quand il arrive à ce département en 2000, se rappelle-t-il, son premier chantiera été la mise en place d’un système moderne d’information. Mais d’autres dossiersvont suivre, comme la libéralisation du transport de marchandises et l’ouverturede l’aérien. A quelques mois de sa retraite, Mohamed Margaoui estime que le plusimportant pour lui est, au-delà des postes occupés, le fait d’avoir été acteurdes grands changements intervenus dans le domaine du transport au Maroc.