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Au Royaume

Jamal Krim : Banquier à  l’origine, il s’est spécialisé dans le recouvrement des impayés

n Après une maîtrise et un doctorat il débute sa carrière, en 1986, comme auditeur à  la BCM.
En 1990, il est débauché par Wafasalaf dont il devient DGA
trois ans plus tard.
En 1995, il décide
de lancer Réco Act,
un cabinet spécialisé
dans le recouvrement
amiable et judiciaire.

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rub 15103

La carrière de Jamal Krim, Dg de Reco Act, société spécialisée dans le recouvrement amiable et judiciaire, est emblématique à plus d’un titre. D’abord parce qu’il fait partie des premières fournées de cadres supérieurs que les banques marocaines ont commencé à recruter à tour de bras dès les années quatre vingt. Ensuite, parce qu’il a préféré s’affranchir de sa situation de banquier en créant sa propre entreprise dans le recouvrement, en s’appuyant sur l’expérience acquise comme observateur de l’intérieur du secteur financier. Et enfin, parce que les premiers clients qu’il a naturellement recrutés avaient été les banques justement.

Il a commencé avec un investissement de 50 000 DH
L’idée d’investir dans ce domaine est venue assez tardivement puisqu’elle ne se concrétise qu’en 1995, raconte Jamal Krim. D’ailleurs, il est parmi les premiers à s’être lancés dans ce créneau. Ce maillon manquait à la chaîne car, à l’époque, une fois que les services des banques et des grandes entreprises commençaient à désespérer de recouvrer certaines créances, ils ne restaient devant elles que les tribunaux. Or, on sait que ce recours, pourrait-on dire, est rarement payant. Et c’est à ce niveau critique qu’il fallait des structures légères mais efficaces pour négocier des paiements qui étaient, parfois, en cours de route ou qui ne demandaient qu’un savoir-faire au niveau de la négociation et de la persuasion. C’est dans cette brèche que sont venus s’engouffrer nombre de cabinets mais qui, durant les premières années quatre-vingt dix, se comptaient sur les doigts d’une main.
Né en 1959 dans une famille oujdie établie à Rabat, le père étant fonctionnaire à la capitale, rien ne prédestinait le jeune Jamal à une carrière dans le monde des affaires. Comme quoi, on ne naît pas «homme d’affaires», on le devient. Enfant, sa préférence comme beaucoup de jeunes de son époque, allait plutôt aux bandes dessinées comme Spirou, Tintin et autres Gaston Lagaffe et Lucky Luke. Et si cela va nourrir son imagination, il ne le détournera pas des études. C’est d’ailleurs avec une grande application qu’il suit ses cours jusqu’à l’obtention d’un bac «sciences éco» en 1977 puis d’une licence dans la même discipline à la faculté de Rabat en 1980. Et c’est à ce moment-là qu’il décide d’aller en France, d’abord pour une maîtrise en gestion de l’entreprise et un DEA en monnaie-banque-finance à Aix-en-Provence. Sa soif de diplômes ne sera étanchée que lorsqu’il obtient, en 1986, son doctorat, dans le même domaine, avec mention honorable. Entre-temps, tout en continuant son parcours doctorant, il a été enseignant titulaire à Aix-en-Provence.
Quand il rentre au Maroc en 1986, il est aussitôt recruté par l’ex-BCM comme auditeur. Il fait alors partie d’une cellule qui dépendait directement du directeur général. Cette expérience lui sera d’une grande utilité par la suite, on s’en doute. Mais l’idée de créer sa propre entreprise n’est pas encore là et il se contente de gérer les risques pour son employeur jusqu’en 1990. Et c’est à ce moment-là qu’il se laisse convaincre par la filiale de Wafabank, Wafasalaf, qui lui fait miroiter le poste de directeur technique du risque. En 1993, il est promu DGA, mais il ne restera pas longtemps en poste, même s’il aimait bien ce qu’il faisait et les avantages qui allaient avec. En effet, l’idée de se jeter à l’eau se faisait pressante et il commence déjà à monter «Réco Act». Il explique qu’il a commencé d’abord chez lui avec un investissement de 50 000 DH dans l’achat du matériel bureautique et informatique.

Il emploie 25 personnes et recouvre une centaine de millions de DH par an
Le premier exercice bouclé en 1995 avec un chiffre d’affaires d’un million de DH montrera déjà le potentiel dont regorge le créneau. Il a gardé un si bon contact avec ses anciens employeurs qu’ils ont été ses premiers clients. Les premières conventions qu’il signe sont concrétisées avec la BCM et Wafa assurance.
Aujourd’hui, il emploie 25 personnes à plein temps et compte doubler l’effectif l’année prochaine.
Réco Act recouvre, bon an, mal an, une bonne centaine de millions de DH par an, aujourd’hui.
Jamal Krim connaît son domaine sur le bout des doigts et en parle avec passion : «Le taux de récupération est de 30 à 40%. Il faut savoir que nous n’intervenons qu’en bout de chaîne, une fois que les entreprises qui nous confient leurs impayés ont déjà épuisé toutes les possibilités dont ils disposent. Notre manière de travailler commence par une relance téléphonique et par courrier. Il nous arrive, par exemple, d’avoir des factures téléphoniques dépassant les 30 000 DH par mois. Puis enfin la visite et la collecte d’informations et des fonds».
Jamal Krim considère que le créneau du recouvrement amiable et juridique a de beaux jours devant lui. En effet, il sent que les entreprises financières, industrielles ou de services sont, de plus en plus, demandeurs. Il en donne pour preuve le fait que certaines choisissent même de confier aux entreprises spécialisées, telles que Réco act, l’encaissement des factures avant même d’en arriver aux impayés.