Au Royaume
Houda Chichaoui, La dame de fer qui veille sur la propreté de Casablanca
Houda Chichaoui, Chef de la division de la gestion des déchets solides de Casablanca.

Un ingénieur agronome pour veiller sur la propreté d’une ville ? Cela peut paraître surprenant. Mais le cas de Houda Chichaoui qui est aux commandes de la gestion des déchets solides de Casablanca ne peut l’être tant elle connaît tous les rouages de l’administration communale.
Houda est née en 1966 à Casablanca dans une famille de la classe moyenne marocaine dont la mère est femme au foyer et le père enseignant. Tout comme ses sept frères et sœurs, elle fera de longues études. Très portée sur les maths (des moyennes de 19/20 au lycée), elle a obtenu son bac sciences expérimentales en 1984 au lycée Al Khansa de Casablanca.
C’est donc tout naturellement qu’elle s’inscrit à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV), convaincue que pour réussir dans la vie, la voie royale est de devenir ingénieur. Issue de la promotion 1991 qui avait été initiée à l’agro-économie, elle prépare sa thèse sur les éléments de détermination du prix dans la filière des viandes rouges.
Plus tard, elle suivra le cycle supérieur de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE). Le premier emploi qu’elle obtient en 1991 coule de source car elle rejoint l’Office régional de mise en valeur agricole (ORMVA) du Haouz pour suivre la filière de l’élevage dans cette région.
Elle n’y passera guère plus d’une année parce qu’elle sera recrutée par la ville de Casablanca qui la charge du suivi des anciens abattoirs, précisément en s’occupant des études statistiques. Quatre ans plus tard, Houda Chichaoui est attachée auprès du Secrétaire général de la communauté urbaine où elle va commencer la période la plus fructueuse de son initiation à la gestion des affaires communales. C’est qu’elle arrive en pleine mutation de la gestion des affaires de la ville marquée par la réorganisation du travail des élus, la préparation et la validation des grands travaux en matière de voirie, la coordination entre les services, la passation des marchés. Parallèlement, elle, avait été entamé le travail sur l’unité de la ville qui a abouti à la naissance de la mairie actuelle.
Une lourde responsabilité à assumer
C’est riche de cette expérience qu’elle se fera nommer en 2002 chef de division de la gestion des déchets solides de Casablanca. A l’époque, la ville dépensait quelque 240 MDH pour réaliser cette tâche avec les grandes insuffisances qu’on n’est pas près d’oublier. Houda Chichaoui va travailler activement à la préparation de la gestion déléguée de la collecte et du traitement des ordures.
En 2004, Sita El Beida (filiale de Suez Environnement), Segedema-Pizzorno et Tecmed sont choisies après appel d’offres. Et c’est toujours sous sa houlette que le marché, après expiration du précédent contrat, a été attribué à deux prestataires (Sita et la société libanaise Averda) pour une période de 7 ans (2014-2021).
Le poids de sa mission est à la mesure des chiffres relatifs aux déchets : huit préfectures à surveiller, un budget de 530 MDH, 3000 tonnes de déchets à collecter par jour, 4500 agents affectés sur les terrains par les délégataires, 360 véhicules répondant à la norme Euro 5. Bien entendu, l’expérience a permis de corriger et de prévoir de nouvelles clauses pour éviter les erreurs du passé.
A cet égard, Houda Chichaoui insiste sur le fait que toutes les communes, élus et autorités, ont participé à l’élaboration du nouveau cahier des charges. C’est un document de 200 pages comprenant quelque 90 articles consacrés aux seules mesures coercitives en cas de manquement qui a été élaboré. De plus, 2% du chiffre d’affaires des entreprises délégataires seront affectés au financement d’une structure de suivi de la propreté dans la ville.
Autre innovation, un système GPS va permettre de mieux s’assurer de la qualité des services des prestataires. Par ailleurs, Houda Chichaoui souligne que la sensibilisation du citoyen qui est aussi impliqué dans la propreté de sa ville n’est pas oubliée. La commune urbaine se charge directement de ce volet.
La propreté de la ville, un sacerdoce
Pour ce qui est du traitement des déchets, c’est la société Ecomed Casablanca qui en est délégataire et le personnel est recruté dans les douars avoisinants. Ce sont des méthodes de gestion très modernes qui sont utilisées. Houda Chichaoui cite comme exemple la valorisation des biogaz qui donne déjà 8 à 10 MW d’électricité.
Pour le reste, on est passé de l’exploitation et la réhabilitation de l’ancienne décharge à la conception et la réalisation d’un nouvel espace (attenant à l’ancienne décharge), un programme qui s’étend sur une période allant de 2010 à 2026, explique-t-elle en substance. Houda ne le ressasse pas, mais l’application qu’elle met dans ses explications montre qu’elle a fait de sa mission un sacerdoce. Dans une ville aussi étendue et peuplée que Casablanca, il est certain qu’elle doit être sur le qui-vive à tout instant pour la mener à bien nM.E.
