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Hicham Zoubaïri, président du Centre des jeunes dirigeants Maroc

Fils d’épicier, Hicham Zoubaïri est entrepreneur dans l’à¢me. Jamais salarié, il a créé son entreprise dès la fin de ses études supérieures effectuées à  Marrakech et Toulouse. Son objectif est de renforcer la présence du CJD sur la scène nationale.

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Hicham 2013 07 26

C’est dans une cafétéria du Technopark que nous reçoit Hicham Zoubaïri. C’est que le nouveau président du Centre des jeunes dirigeants (CJD) Maroc n’a jamais apprécié le concept de bureau. Il se plaît d’ailleurs lui-même à rappeler que «le bureau ne fait pas le dirigeant» et, en bon homme de terrain, il n’hésite pas à faire plus de 60 000 km par an pour aller à la rencontre de ses clients et partenaires. Parti de rien, il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise spécialisée dans la distribution de conserves et pâtes alimentaires qui a su se développer à l’international. De nature réservé et accordant beaucoup d’importance aux valeurs, Hicham Zoubaïri est l’exemple même de la persévérance et, à la force du poignet, a su se hisser à un niveau non négligeable dans le monde des affaires.
Né à Marrakech en 1971, Hicham  est issu d’une famille modeste originaire du Souss, dont le père tient une épicerie. Il suit un parcours scolaire normal dans l’enseignement public jusqu’au baccalauréat en sciences expérimentales qu’il décroche en 1990. Il passe le plus clair de ses vacances d’été à l’épicerie familiale pour aider son père qu’il a toujours eu comme modèle. «Mon père m’a appris deux choses : la sacralité du travail et le
patriotisme. Je n’oublierai jamais son exploit d’avoir parcouru Tafraout-Tanger à pied afin d’ouvrir son propre commerce vers la fin des années 1940», raconte-t-il. Une leçon de vie qui restera gravée à jamais dans sa mémoire, surtout que son père avait laissé tomber son affaire si chère pour manifester après l’exil de Mohammed V, ce qui lui a valu la prison.

Il consacre beaucoup de temps  au monde associatif

Après le bac, Hicham Zoubairi opte pour des études de commerce à l’Ecole supérieure de commerce (ESC) de Marrakech avant de s’envoler en 1994 pour Toulouse, toujours à l’ESC, grâce au double parcours (national et international) permis par l’école. Il y décroche son diplôme en commerce et développement international deux ans plus tard. Commerçant dans l’âme, il mûrit déjà un projet lors de ses études en France et malgré une offre d’emploi alléchante, préfère rentrer au Maroc pour le mettre à exécution. «Je m’étais vu proposer un poste de directeur d’agence de messagerie à Toulon avec une situation financière confortable. Et même si je savais que l’expérience allait être enrichissante, il m’était impossible de travailler chez quelqu’un d’autre». Il crée alors fin 1996 son entreprise «Zoubaïri Distribution» spécialisée dans la distribution de conserves alimentaires.

Ce premier contact avec le monde de l’entreprise en tant que dirigeant lui fait comprendre qu’il y a encore un grand écart entre les théories dispensées lors de ses cours et la réalité de l’entreprise marocaine. «Je me rappelle qu’à mon retour de France, j’ai été voir le comptable de mon père pour discuter avec lui et proposer certaines améliorations que j’avais eu l’occasion d’apprendre lors de mon cursus», se souvient Hicham. Il est alors surpris de voir la réaction du comptable qui l’enjoint d’oublier au plus vite ce qu’on lui avait appris pour survivre puisque cela n’avait rien à voir avec la réalité du marché. C’est là qu’il comprend qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire et choisit de s’investir dans l’action associative pour apporter sa contribution à l’édifice. Il faut dire aussi que Hicham Zoubaïri avait toujours la fibre associative puisqu’il était déjà président de la jeune entreprise, lors de son passage à l’ESC de Marrakech ainsi que président du Rotract Marrakech en 1998. Il s’inscrit au CJD de Marrakech en 2006 en tant que membre puis en tant que responsable de la formation, convaincu que le travail passe avant tout par le savoir et par l’exemple, avant d’être nommé président de la section de Marrakech puis du CJD national.
Adepte de l’approche des relations humaines dans le monde du travail, Hicham Zoubaïri souhaite revaloriser l’entrepreneur en tant qu’être humain et inscrit son mandat sous le thème «Entreprendre sans complexes». «Quand on prend la peine d’y réfléchir, on se rend compte que toutes les politiques et stratégies nationales de développement sont orientées par secteur ou par type d’organisation, mais on ne parle jamais de l’entrepreneur. Or, en tant qu’être humain, c’est lui qui est la source et l’origine de toute initiative économique», explique-t-il.

Son plan d’action se décline en trois axes. Premièrement, professionnaliser le CJD et le positionner en tant qu’acteur présent sur la scène nationale. Deuxièmement, s’intéresser à la personne de l’entrepreneur afin de l’aider dans ses missions à travers un programme de coaching adapté. Le but étant de décloisonner l’entrepreneur marocain, qui reste dans la plupart des cas restreint au côté opérationnel, vers le volet stratégique. Enfin, le troisième axe porte sur la création d’un think-tank au sein du CJD afin de mener des réflexions plus vastes sur la question de l’entrepreneur au Maroc. En ce sens, au mois d’octobre, une conférence, dont l’invité n’est autre que Daniel Cohen, auteur du livre Homo Economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux, sera organisée. D’autres personnalités comme Jacques Attali ou Edgar Morin seront également invitées. La collaboration est également un élément présent et défendu par le nouveau président du CJD : «Il serait pertinent pour les grandes entreprises qui exportent d’opter pour un modèle de portage afin d’aider les PME à réduire par exemple leurs coûts logistiques ou à prospecter les marchés extérieurs». Un programme donc très chargé qui, une fois concrétisé, fera du CJD le seul espace à adopter une approche de l’entrepreneur basée sur les relations humaines.

Sur le plan professionnel, cet homme qui enseigne depuis 2009 la négociation internationale à l’ESC, a de grandes ambitions pour lui et ses pairs, mais il reste très attaché à sa petite famille à laquelle il consacre tout son temps libre.

Com’ese

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