Au Royaume
Havre de paix
Le fait est passé inaperçu. Mais en l’espace de quelques semaines seulement, trois grands festivals, d’envergure internationale, viennent de se dérouler au Maroc : Mawazine à Rabat, Gnaoua à Essaouira et les Musiques sacrées de Fès.
Trois manifestations majeures qui drainent des publics qu’on compte par dizaines, voire par centaines de milliers. Ces festivals attirent aussi un public étranger, des amoureux, des inconditionnels qui viennent de loin, notamment de pays européens. Cela sans parler de la participation d’artistes et de groupes de renommée mondiale venus des quatre coins du globe et de nombreuses grandes stars du showbiz.
Dieu merci, les festivités se sont déroulées dans la normalité, sans le moindre soupçon de problème ni d’incidents. Et là, il faut bien reconnaître que le Maroc a gagné le pari, côté organisation de grands événements. Cela, au moment où les menaces de toutes sortes fusent de toutes parts. Au moment où ailleurs, et dans des pays qu’on dit à la longue tradition démocratique, de simples petits sit-in dégénèrent systématiquement en confrontations avec les forces de l’ordre et mettent en doute l’organisation d’événements sportifs ou artistiques importants. L’aspect festif passant naturellement en premier, l’on en oublie de méditer et de mesurer ce que cela représente. Avec l’ambiance générale qui règne ces temps-ci, la menace terroriste sans cesse grandissante, le sentiment d’insécurité qui hante les esprits à travers le monde, organiser et gérer sans problème des manifestations qui drainent des grandes foules, dont le nombre atteint les 300 000 spectateurs en plein air, relève du courage et tient de l’exploit.
Un exploit qui, disons-le, est en grande partie rendu possible grâce à l’implication sans faille des différents services et administrations en charge d’assurer la sécurité et l’ordre public. Là aussi, détrompons-nous, ça ne relève pas de l’évidence. Les récents incidents qu’ont connus des villes en France où les forces de l’ordre ont été çà et là «épinglées» par les réseaux sociaux en flagrant délit d’utilisation abusive de la force, sont la preuve qu’il suffit d’un rien pour que tout bascule.
Au passage, on aura remarqué que malgré les preuves accablantes des faits avérés puisque filmés, cela n’a donné lieu à aucune contestation ou rappel à l’ordre de la part d’instances internationales et autres grandes puissances sous couvert d’atteinte au droit de manifester contrairement au cas du Maroc. Mais c’est là un autre débat…
Que le public ne cède pas aux incertitudes, brave le sentiment de peur ambiant ou encore que des cortèges de stars mondiales, dont on connaît la frilosité dès qu’il s’agit de questions de sécurité, viennent se produire sur les scènes en plein air au Maroc, c’est un signe de confiance qui ne trompe pas. Et cela ne relève pas de l’anodin.