Au Royaume
Habiba Laklalech, DGA finances et support à la RAM
Une femme discrète au cÅ“ur du plan de redressement de Royal Air Maroc. Brillante élève, elle a obtenu un bac scientifique avec mention «Très bien» à 16 ans.
Ingénieur X-Telecom et titulaire d’un DEA en opto-électronique, elle a commencé sa vie active à Procter & Gamble.

Habiba Laklalech passerait sûrement inaperçue dans n’importe quelle rencontre publique, tant cette dame discrète et presque imperturbable a horreur de déranger. Mais si on ne l’entend pas arriver à une réunion, on sera étonné du déroulé de sa carrière où le nombre de dossiers épineux dont elle a démêlé l’écheveau laisse sans voix. Aujourd’hui DGA finances et support à Royal Air Maroc (RAM) qu’elle a rejoint en 2006, c’est à elle qu’est revenu le privilège d’envisager ou, en tout cas, d’être intimement liée aux scénarios de sortie de crise du transporteur marocain qui s’est décidé à se recentrer sur le cœur de son métier. Précisément, elle est en charge des finances et support, avec sous sa tutelle le contrôle de gestion, l’organisation, les achats, le système d’information et le département juridique et des assurances. Elle est à la tête, au total, d’un effectif de près de 240 personnes.
Habiba Laklalech semble avoir choisi l’excellence très tôt. Ses parents, originaires de Fès, lui donnèrent naissance en 1972 à Azrou, au moment où son père était le proviseur du célèbre collège Tarik Ibn Zyad. Il y a fort à parier que l’ombre de ses parents enseignants pour qui la sacralité des études est une valeur ait guidé ses pas. Après un brillant parcours dans le primaire, elle attaque ses études secondaires avec autant d’implication et ce n’est pas un hasard si elle obtient son bac scientifique à seize ans (en 1988) et, de surcroît, avec mention «Très bien». Rien de vraiment étonnant puisqu’elle va remporter le prix Hassan II au concours général de mathématiques.
Elle a acquis la fibre marketing chez Procter & Gamble
Mais un autre défi l’attend car elle se destine à la prestigieuse école d’ingénieurs, Polytechnique Paris. Pour cela, elle doit affronter les prépas et ce sera au Maroc où ces classes venaient à peine d’être instituées. Ce ne sera pas sans mal car elle devra s’y prendre à deux fois. Mais rien n’arrête Habiba Laklalech car non seulement elle aura son diplôme mais choisit les télécoms comme spécialité et ajoutera à son titre d’ingénieur un DEA en opto-électronique (la fibre optique et ses différents usages mêmes sous-marins) qu’elle obtient haut la main, à l’Ecole nationale supérieure des télécommunications (ENST). Elle passera d’ailleurs son année de fin d’études chez Alcatel à l’époque.
Mais curieusement, pour son premier poste, elle n’aura nullement besoin de ses connaissances techniques en télécommunication. En effet, c’est Procter & Gamble, une école de marketing qui fait autorité dans le domaine des produits de grande consommation, qui la recrute en 1995 comme Assistant brand manager. On lui confie, entre autres, la mission de concevoir et de suivre des produits de lessive. Il n’en reste pas moins que cette étape a été très formatrice dans sa carrière car elle commencera par accompagner les commerciaux dans leurs camions sur le terrain dans les souks et chez les épiciers dans tous les coins du pays. Plus tard, la jeune Habiba deviendra chef de produit et suivra les campagnes de communication de produits comme Pampers, Head & Shoulders, Monsieur Propre ou encore les assouplissants. Bref, elle reste chez la multinationale durant sept ans. C’est en 2002 qu’elle rejoint Méditel qui lui confie sa direction marketing. C’est à elle et à son équipe qu’on doit des produits comme «Imedia», le passage au GPRS ou encore le fameux «Tilifoune dial dar». Chez l’opérateur, elle aura sous sa férule 60 personnes et des budgets de l’ordre de 140 MDH par an.
Elle prêche pour la bonne gouvernance dans les entreprises
La RAM lui propose en 2006 le poste de directrice «audit et organisation», une entité qu’il fallait mettre en place. Elle aura à mener l’opération d’audit internet et plus tard la mise sur pied du service «achats» qu’il a fallu professionnaliser pour mutualiser et regrouper les achats de tout le groupe dont les filiales s’approvisionnaient isolément. Cela va se solder par des économies allant de 15 à 20%. La centralisation des achats est un des moments clés de mutation pour la RAM, sachant que sur les 13 milliards de DH du budget du transporteur, ce sont quelque 9 milliards de DH qui vont aux achats, qu’il s’agisse de ceux liés à l’exploitation ou ceux dédiés à l’investissement. Autre exemple d’économie, en communiquant aux commandants de bord leurs plans de vol, quelques heures à l’avance, on peut gagner sur le kérosène utilisé par l’ensemble de la flotte et cela ne constitue pas une mince affaire.
Elle est ensuite nommée directrice de la stratégie du groupe, et s’attelle ainsi à préparer les grands dossiers de la présidence. En 2010, Habiba Laklalech prend encore du galon en devenant directrice générale adjointe finances et support du groupe. Depuis février 2012 et toujours comme DGA, elle coiffe les finances, le contrôle de gestion, l’organisation, les achats, le système d’information, les affaires juridiques et les assurances en plus de la fonction d’administrateur dans plusieurs filiales de la compagnie. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des occupations associatives au sein de l’Institut marocain des administrateurs pour encourager les bonnes pratiques de gouvernance des entreprises et même de donner des cours dans de grandes écoles.
