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Au Royaume

Fayçal Bellatif : un certificateur qualité marocain reconnu au niveau mondial

Titulaire d’une licence en biologie végétale, il découvre par hasard la bromatologie et deviendra docteur d’Etat en la matière.
En 1997, il rachète le laboratoire qui l’employait, en France, avant de le revendre pour rejoindre Eurofins, groupe européen de biotechnologies.
Il fait partie des experts mandatés par les 50 plus grandes enseignes au monde pour certifier leurs fournisseurs.

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La bromatologie, Fayçal Bellatif n’avait pas encore eu vent de cette discipline quand il arriva à Poitiers (France) en 1989. C’est à la suite d’un coup de fil que tout va se jouer pour le tout jeune licencié en biologie végétale de la Faculté des sciences de Rabat, arrivé dans l’Hexagone quelques semaines plus tôt. On lui explique que c’est la science de l’analyse des produits alimentaires et il va être tout de suite séduit. Mais c’est un chemin de croix qui l’attend car il aura des journées très longues où il lui faudra, chaque jour que Dieu fait, parcourir 100 km pour rejoindre l’Institut national de recherches agronomiques (INRA) de Tours où il consacre la matinée à la recherche, avant de revenir travailler dans l’après-midi au laboratoire qui l’a embauché. Sa journée finissait tard le soir puisqu’il devait aller contrôler les arrivages des produits périssables dans la grande distribution. Il s’est lié à ce rythme infernal cinq années durant pour enfin obtenir un doctorat en sciences de l’alimentation.
Fayçal Bellatif est né à Marrakech en 1966. Il est le troisième enfant d’une famille qui en compte cinq. Son père est fonctionnaire à l’Office de mise en valeur agricole – est-ce un hasard s’il choisit plus tard la biologie végétale ? – et sa mère est enseignante. Sans savoir pourquoi, il porte son dévolu sur les matières scientifiques.

Il s’est accroché malgré un calendrier fort chargé

Bon élève, il obtient un bac sciences expérimentales en 1984. Puis s’oriente vers la biologie végétale et obtient sa licence en 1989. C’est à la suite d’une recherche sur le minitel de l’époque qu’il va tomber sur un vrai filon. Il va trouver le moyen le plus sûr de financer ses études tout en étant assuré de trouver un emploi dès le départ grâce à une convention de formation par la recherche. En effet, il est embauché par le laboratoire de bromatologie de Poitiers pour lequel il va travailler à mi-temps jusqu’à l’obtention de son doctorat et le tout est financé par le ministère français de la recherche.
Fayçal Bellatif était heureux de bénéficier de cette convention, mais était loin d’imaginer qu’il serait privé de loisirs durant toute la durée de ses études, même si la bourse l’avait mis à l’abri du besoin. Il bénéficiait à l’époque d’une dotation annuelle de 120 000 FF (environ 180 000 DH) par an et son employeur mettait à sa disposition une voiture pour rejoindre quotidiennement l’INRA de Tours. «Par moment, se souvient-il, cela avait été intenable». Mais il n’a jamais lâché.

Sa rencontre avec le patron de Eurofins est le tournant de sa vie

Mais ce rythme de travail acharné va donner des résultats. En plus de son doctorat, Fayçal Bellatif, à partir de sa fonction dans la grande distribution, mettra en place une grille de contrôle adaptée et qui sera généralisée par la suite. En capitalisant sur le travail de recherche et de terrain, il développera une expertise qui lui sera d’une grande utilité. En 1996, il devient le directeur opérationnel et, une année plus tard, il quittera pour la concurrence avant de racheter, avec un associé, le laboratoire qui l’employait au début. Pour cela, il emprunte sans difficulté un million de FF à une banque.
Les choses se seraient certainement passées autrement s’il n’avait pas rencontré un certain Gilles Martin, patron de Eurofins, le groupe français de biotechnologies fondé en 1994 à Nantes et parmi les premiers groupes mondiaux de la bio analyse qui est fort d’un réseau international de plus de 150 laboratoires dans 29 pays et qui emploie 10 000 personnes.
Fayçal Bellatif va prendre la décision de revendre son laboratoire et accepter de rejoindre le groupe pour travailler sur la création de modules de formation pour les entreprises et leur cadre, le conseil, l’audit et la conception de solutions au cas par cas, pour tout ce qui concerne les processus d’hygiène et de conservation de qualité.
En 2005 et sur la demande du groupe, il crée une nouvelle branche spécialisée dans la certification. En effet, les distributeurs ont si bien compris la leçon en matière de produits périssables qu’ils ont commencé à exiger de leurs fournisseurs qu’ils soient audités par les laboratoires spécialisés et qu’ils soient porteurs de certifications pour pouvoir les livrer. Fayçal Bellatif anticipe sur cette demande et se place sur le nouveau créneau et devient gérant de la nouvelle filiale de Eurofins qui démarre aux Etats-Unis, avec un capital de 10 000 euros. A titre personnel et avec sa casquette de scientifique, il est lui-même membre permanent du comité technique de la Global Food Safety Initiative (GFSI), chargé de mettre en place des normes de qualité des produits alimentaires pour le compte des 50 plus grands donneurs d’ordre à l’échelle mondiale.
La certification est devenue un vrai métier et, à ce jour, ce sont pas moins de 300 usines dans le monde (Amérique Latine, Asie…) qui ont été auditées et certifiées à travers le globe. Et justement, Fayçal Bellatif était au Maroc pour chercher des partenaires pour mener à bien les différentes missions de Eurofins dans le pays.
Le groupe a déjà une bonne dizaine de clients en quête de la fameuse certification désormais exigée par les distributeurs européens. Et pour mener les audits sur place, Eurofins cherche à s’adosser ou même à acheter des laboratoires en mesure de s’acquitter des différentes tâches des opérations qui précèdent ou mènent à la certification.

Com’ese

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