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Faouzia Zaà¢boul : Madame Dette intérieure du Maroc… elle gère 266 milliards de DH

Passionnée de philo, elle n’en a pas moins opté pour l’économie : une licence et deux CES.
Reçue au concours de l’Inspection des finances, en 1988, elle rejoint la direction du Trésor et des finances extérieures.
Elle a travaillé sur la réforme du marché des capitaux et les financements bilatéraux avant de coiffer la Dette intérieure.

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Au premier abord, Faouzia Zaâboul ne montre pas une grande aisance dans la prise de parole. Elle donne même une impression de timidité, de vulnérabilité bien féminine, le tout bien arrimé à une forte dose de malice. Pourtant, la dame fait partie de la catégorie des poids lourds du ministère des finances : c’est elle qui gère tout le pôle de la dette intérieure du Trésor. 266 milliards de DH, excusez du peu, surtout quand on sait que la dette extérieure, elle, pèse moins lourd avec 78,8 milliards de DH. Faouzia Zaâboul est directeur adjoint du Trésor et elle a été associée à toute la grande mutation de l’économie marocaine et la politique de la gestion active de la dette menée sous la férule d’un certain Fathallah Oualaâlou.
Pourtant, elle n’est venue à l’économie qu’un peu par défaut, si tant qu’on peut l’exprimer ainsi. Car un moment habitée par la bosse des maths, elle va virer vers la philo et c’est un bac «A» de la Mission française qui va sanctionner ses études secondaires.
Mais revenons un peu en arrière pour situer l’impressionnant parcours de cette haute fonctionnaire qui a toujours refusé toutes les propositions que lui avait fait miroiter le secteur privé et auxquelles elle a toujours répondu par un niet invariable.
C’est en 1958 que Fouzia Zaâboul est venue au monde. Papa est fonctionnaire et les parents ont opté pour une famille peu nombreuse : un garçon et une fille, Faouzia, l’aînée. Mais son père est intraitable sur les études et il veille au grain tout en accompagnant avec bienveillance sa progéniture dans le suivi des devoirs.

Ses premiers pas en tant que civiliste…

Pourtant, Fouzia va faire des siennes car, après deux années de mathématiques pures et dures, elle va succomber aux grands questionnements de l’époque et dont elle va chercher des éclairages dans la philosophie. Mais les choses vont se passer autrement car, après le bac obtenu en 1977, elle va se rendre compte que pour faire la philo qui la passionnait il faudra qu’elle se mette à l’arabe.
Elle opte alors pour les sciences  économiques et sera bien inspirée car sa vie va prendre un tournant qui va la mener à sa situation actuelle et à la passion pour le monde de l’économie et des fiances où elle va se réaliser pleinement.
Sa vie professionnelle commencera par un passage au ministère de l’habitat à l’occasion de son service civil. Faouzia Zaâboul se rappelle de ses premiers pas dans la vie active : «Quand j’ai obtenu ma licence en 1980, j’ai eu la chance d’être orientée vers le ministère de l’habitat où l’urbanisme moderne, avec les composantes sur les nouvelles conceptions de l’espace et les notions de mobilier urbain et les enquêtes socio-économiques qui faisaient leur chemin et toutes les disciplines qui ont été associées à la mise en œuvre des schémas directeurs. La jeune civiliste que j’étais buvait goulûment ces nouveaux concepts si bien que j’ai demandé et obtenu mon intégration au ministère».
Mais Faouzia Zaâboul va changer de fusil d’épaule tout en continuant à travailler. Elle décide de revenir à l’université et décroche les deux certificats d’études supérieures qui devaient lui ouvrir la voie du troisième cycle. Et, en 1988, elle passera le concours de l’Inspection générale des finances (IGF), sur les conseils de certains de ses amis. C’est ainsi qu’elle intégrera le ministère des finances et héritera de la division des finances extérieures. Elle se familiarise avec les financements bilatéraux.
Mais ce n’est là que les débuts. Progressivement, et après avoir été initiée aux techniques de négociations avec les organismes financiers internationaux et les donateurs, Faouzia Zaâboul va travailler sur les dossiers les plus chauds du moment comme la grande réforme des marchés de capitaux et l’émergence des OPVCM (organismes de placement collectifs en valeurs immobilières).

Elle a été associée à la grande réforme des marchés de capitaux et de la Bourse

Inévitablement, la modernisation de la Bourse de Casablanca et le basculement de la criée à la cotation électronique seront d’autres chantiers auxquels Faouzia Zaâboul, chef de division du marché des capitaux, va être étroitement associée, elle et les équipes qui travaillaient sous ses ordres. Elle se rappelle encore des moments forts où tout le monde travaillait sans compter soirs et week-ends. La grande récompense que trouvent Faouzia Zaâboul et ses équipes vient non seulement du respect que suscite le travail accompli par les opérateurs de la grande sphère de l’économie et des finances nationaux mais aussi des organismes internationaux, qu’ils aient financé les projets et les réformes ou pas. D’ailleurs, la grande mutation de l’économie marocaine, se réjouit-elle, est souvent citée en exemple pour d’autres pays émergents.
Depuis trois ans, Faouzia Zaâboul est directeur adjoint du Trésor et des finances extérieures. Parallèlement à la gestion de la dette intérieure, elle travaille actuellement sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : la gestion active de la Trésorerie publique. Elle en parle avec une certaine émotion. «Ce travail a été enclenché sur la base du constat d’un décalage entre les recettes et les dépenses. Tous les flux peuvent être gérés de manière innovante et nous commençons par le volet du placement pour en arriver, dans une seconde étape, aux emprunts. Il y a une manne qui dort, alors que, par moment, le Trésor a besoin de liquidités à très court terme. Il n’est pas logique d’aller les lever sur le marché ou les chercher loin alors que des fonds sont à portée de main». Une passionnée…