Au Royaume
Exit les élus ?
En 2018, Casablanca aura sa deuxième ligne de tramway et les travaux de la troisième ligne démarrent déjà. Ces jours-ci également, le wali de la métropole s’apprête à tenir une réunion d’information pour faire le point sur l’état d’avancement des grands chantiers de la ville.
Une bonne dynamique semble donc s’installer probablement depuis les remontrances du Souverain dans un certain discours du 11 octobre 2013. Et si les choses semblent s’accélérer à Casablanca c’est bien parce que, en plus de l’attention royale, il a fallu aussi adapter la gouvernance de la ville à l’urgence mais aussi à la taille et à la complexité de ces projets. C’est ce qui a été fait, entre autres exemples, en confiant le pilotage du programme de développement de Casablanca à la wilaya, donc à l’Etat central, en la personne du ministère de l’intérieur, alors qu’on aurait pu imaginer que ce soit les élus qui s’en occupent. De même, si un projet aussi complexe que le tramway est en train d’avancer à un bon rythme c’est probablement parce qu’il est conduit, piloté non pas par les instances élues, communes entre autres, mais par des sociétés de développement où, encore une fois, l’Etat est omniprésent et pèse de tout son poids sur les décisions pour faire avancer les chantiers. Faut-il s’en féliciter ? Oui et non à la fois.
Oui, parce que des projets structurants de Casablanca ne pouvaient plus attendre. Oui, parce que voilà un mode de gouvernance presque inventé pour la circonstance qui semble être une bonne solution même s’il est hybride. Cette organisation pourrait même inspirer d’autres projets ailleurs comme par exemple les villes nouvelles d’Al Omrane dont certaines avaient eu quelques déboires au démarrage à cause justement de dysfonctionnements en matière de gouvernance locale. Pas loin de nous, certains pays africains ont des expériences de villes nouvelles plus réussies que les nôtres parce qu’ils ont compris que la réussite de tels projets nécessite d’inventer des instances dédiées pour ne pas les laisser dans des situations étriquées entre les aberrations de textes et de schémas dépassés et l’excès de zèle de décideurs locaux, qu’ils soient fonctionnaires ou élus.
Non, parce que le revers de la médaille est malheureusement moins flatteur pour nos élus. L’exemple de Casablanca est la nième preuve que les problèmes de nos villes, le chaos qui y règne, les défaillances des services de base et des infrastructures trouvent leurs origines non pas dans les moyens financiers mais tout simplement dans l’attitude des élus. Non, car à Casablanca, ils nous ont menés en bateau pendant des décennies au sujet d’une hypothétique ligne de métro qui n’a jamais vu le jour, malgré les milliards dépensés dans d’interminables études restées sans lendemain. Idem pour le transport public, la mobilité, la distribution de l’eau et de l’électricité. Il a toujours fallu que les élus passent la main pour que ça marche enfin. Etrange, non ?