Au Royaume
Entré à l’ONCF pour son service civil, il finira par en devenir le patron
Diplômé de l’Ecole Mohammédia en 1987, il a fait toute sa carrière au sein de l’office.
A 33 ans, il devient le plus jeune directeur commercial de l’établissement.
Nommé DG en 2003, il change
les méthodes de travail et modernise
le rail.

Détendu, souriant, rassurant, certainement un peu timide, Mohamed Rabie Khlie.Son atout majeur ne se voit pas, car c’est, justement, son air inoffensif.Il ne s’attarde pas sur les mots, encore moins sur les circonvolutions.On le voit tout de suite, l’homme ne s’intéresse pas à décrireles choses, son propos est d’agir sur elles.
Rien ne prédisposait ce fils de famille modeste à devenir le patronde l’ONCF. Mieux encore, à peine y avait-il mis les pieds en 1987,pour son service civil, qu’il était fortement tenté de quitterl’office, en quête d’une de ces carrières brillantesque les jeunes ingénieurs de l’époque étaient en droitd’espérer. Heureusement que les modalités et les pénalités éventuelles à payerl’en empêchèrent, car après neuf ans, il coiffait déjà unedes directions les plus importantes du rail marocain.
Mais commençons par le commencement. Mohamed Rabie Khlie est né à Tanger,en 1963. Il y effectua ses études jusqu’au Baccalauréat,qu’il obtint en 1982. Elève brillant, donné en exemple parses professeurs, il s’est également essayé à toutessortes de sports dont le foot et le basket, mais aussi aux échecs et passeulement en dilettante puisqu’il a participé à un championnatnational en 1980. Mais il dut freiner ses ardeurs pour se concentrer sur ses études.Ce qui lui réussit fort bien comme à ses deux frères etsix sœurs, une famille nombreuse qui doit une fière chandelle aussibien à une mère instruite, qui les aidait à faire leursdevoirs, qu’au chef de famille, fonctionnaire au ministère de laCulture.
Son Bac sciences maths en poche, le jeune Mohamed Rabie a failli partir pourpoursuivre ses études en Europe. C’est la silencieuse désapprobationdu père qui l’amena à choisir l’Ecole Mohammédiades ingénieurs. Il en sort ingénieur d’Etat en génie électrique,option «automatique et informatique industrielle», en 1987. Il intègrela même année l’ONCF où sa carrière va évoluertrès vite… comme sur des rails. A l’issue de son service civil,il est nommé chef de la division des affaires générales,ensuite il prend en charge la division commerciale puis devient directeur commercialde l’office dès 1996, alors qu’il n’avait que 33 ans.Il se souvient néanmoins de la période d’initiation dansle département exploitation, qui a duré deux années, commed’une période de mise à l’épreuve, mais, précise-t-il, «lamanière démocratique de l’office de former ses cadres permetde réapprendre l’humilité à ceux qui seraient tentésde l’oublier, mais c’est là aussi qu’on apprend rigueuret l’esprit d’appartenance à un corps». Sa philosophie:reconnaître le mérite et oser le changement !
Mohamed Rabie Khlie poursuit son ascension et se paie même le luxe d’inventerun simulateur de gare pour les stagiaires. Très vite, il se retrouve d’abordaux commandes de la direction centrale exploitation, avant d’êtrepromu à la tête de deux directions fusionnées qui regroupent5 400 cadres représentant 55 % de l’effectif de l’ONCF en2002. L’année suivante, il est DG par intérim puis, quelquesmois après, il est nommé DG.
Sa philosophie des techniques de commandement se résume en une phrasequi est un vaste programme : reconnaître le mérite de chacun pourlui permettre de déployer toute sa créativité. Son credo: doter l’ONCF des moyens qui en feront une entreprise où la performanceet la qualité de service sont les maîtres mots. Il veut aussi introduireun peu de flexibilité dans l’organisation du travail, car, dit-il, «quandvous voulez introduire des innovations, vous devez travailler sur le dosage.La flexibilité, prévient-il, peut mener au laxisme, c’estpour cela qu’il faut demeurer vigilant. Mais si vous restez bloqué parla peur de produire de grands bouleversements que vous redoutez de ne pas maîtriser,vous tomberez dans l’immobilisme».
Un petit exemple qui illustre cette volonté de matérialiser lechangement dans la continuité, la souplesse est aujourd’hui uneréalité dans le quotidien des cheminots : un flottement de 45 mnest introduit dans le système de pointage.
Si la machine de l’ONCF est lourde, aujourd’hui elle veut se rattraperen optant pour une démarche visant l’excellence, dit le patron del’ONCF qui ne veut pas perdre de temps. C’est ainsi que «70% des projets relatifs au programme d’investissement de 15,5 milliardsde DH qui va changer la face de l’office d’ici 2010 sont réalisés»,annonce-t-il. Quand on lui demande si les retards des trains seront de l’histoirepassée une fois que les tout nouveaux compartiments à double étagecommandés chez les Italiens seront en mis service, il répond quel’office n’a jamais cessé d’y travailler, tout comme à lasécurité des voyageurs. Parole de cheminot !
