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Au Royaume

Energie et mobilité, les connexions avec l’Europe prennent une autre forme

Le gazoduc Maroc-Nigeria entre en phase de réalisation à partir de 2023. Xlinks transfert l’électricité produite à Mehbès, Lmsid et Chbika vers le Royaume-Uni et l’Espagne déterre le projet de tunnel de Gibraltar.

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Ce sont trois annonces presque simultanées qui donnent toute sa signification au terme «arrimage» du Maroc à l’Europe. Depuis le Nigeria, le PDG de la Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPC), Mele Kyari, a annoncé que la décision d’investissement pour le gazoduc Nigeria-Maroc sera prise d’ici l’année prochaine. Les discussions autour du financement sont en cours, a précisé ce responsable. Il a par ailleurs noté que la construction du gazoduc devrait coûter entre 20 et 25 milliards de dollars. Cet acte donne le coup d’envoi effectif à la construction de ce pipeline. Le premier segment devra prendre près de trois ans de travaux, tandis que les autres phases prendront jusqu’à cinq ans. On comprend que l’Europe le préfère de loin à tout autre projet parallèle qui pourrait être entrepris. Et pour cause. «La réorganisation du marché énergétique européen devrait se faire sur des bases solides et pérennes. Une telle réorganisation ne devrait surtout pas reproduire les mêmes schémas du passé qui ont révélé leur déconfiture», peut-on lire dans un Policy Brief publié par le PCNS.
Selon ce think tank, «un Gazoduc Abuja-Alger donnerait au régime algérien une opportunité stratégique pour additionner les ressources gazières nigériennes et ouest-africaines à ses propres ressources énergétiques pour mieux servir ses agendas politiques. Et compte tenu des alliances stratégiques de l’Algérie, (…), le risque d’une utilisation de l’arme du gaz par le régime algérien ne devrait pas être écarté. Il convient de se rappeler sur ce point deux décisions récentes prises par ce pays qui démontrent l’utilisation par Alger du gaz comme une arme géopolitique».
Cela étant, juste après cette annone, voici que le président de la Région Guelmim-Oued Noun évoque pour la première fois officiellement le projet de connexion électrique qui reliera le Maroc non pas à l’Union européenne, mais au Royaume-Uni porté par le britannique Xlinks. Dans sa déclaration, Mbarka Bouaida a précisé que ce projet de production de l’électricité solaire et éolienne sera réalisée dans deux zones, Mehbès, dans la province d’Assa-Zag et Lmsid et Chbika, dans la province de Tan Tan. L’emplacement des sites de production parle de lui-même.
Dans le même ordre d’idées, c’est l’Espagne qui vient de remettre sur la table un projet vieux de plus de quarante ans. Il s’agit du tunnel ferroviaire sous-marin à travers le détroit de Gibraltar qui relie le Maroc à l’Espagne. Le projet de Loi de finances de 2023 qui vient d’être présenté par le gouvernement espagnol prévoit un transfert d’une dotation de 750 000 euros pour l’entreprise Secegsa du budget du ministère des Transports. Secegsa étant l’entreprise publique qui se charge de ce projet côté espagnol. Pour le gouvernement espagnol, cette dotation représente la «dernière étape» avant le lancement des travaux de construction de ce tunnel.