Au Royaume
Driss Belkhayat : Universitaire, homme d’affaires et militant associatif… à la fois
Enseignant à l’université de Marrakech, il crée en 1998 sa propre entreprise en électricité et en climatisation.
Dix ans plus tard, il réalise 10 MDH de chiffre d’affaires par an et emploie 35 personnes.
En parallèle, il devient membre actif du CJD qu’il préside depuis 2009.

On a toujours opposé les idées et les affaires, la recherche académique et la création d’entreprise. Beaucoup d’exemples mettent à mal cette conception dichotomique aujourd’hui dépassée et démentie par la réalité et la vie des entreprises. Driss Belkhayat, président du Centre des jeunes dirigeants (CJD) Maroc et chef d’entreprise, est une illustration frappante de l’enseignant chercheur qui a trouvé sa voie le plus naturellement possible dans le monde des affaires.
Le parcours de Driss Belkhayat est exemplaire et ce ne doit pas être un hasard si parmi les projets de recherche sur lesquels il s’est penché, alors jeune étudiant encore, figure la mise en place d’un système de régulation de la Bourse. C’est à Fès qu’il est né en 1967 au sein d’une famille de six enfants dont il est le quatrième. Il s’intéresse précocement aux sciences, ce qui ne l’empêche pas de lire ses classiques et, à ses heures perdues, les bandes dessinées chères à plusieurs générations : Zembla, Blek le Roc, Miki le Ranger ou encore Tintin.
C’est en 1985, à Fès, qu’il obtient son bac en sciences expérimentales. Avec une bourse de mérite française de 6 000 FF en plus des 800 FF du ministère marocain de l’éducation nationale, il s’envole ensuite pour l’université d’Orsay d’abord pour un Deug en mathématiques. Il entame une maîtrise à l’Ecole normale supérieure de Cachan à Paris.
Puis, on le retrouve à Lille où il soutient un doctorat d’université en électrotechnique et électronique de puissance, en 1993. Ce qui va lui faciliter la tâche c’est qu’il va être recruté comme attaché temporaire d’enseignement et de recherche par la même université. Il s’était d’ailleurs préparé à ce métier en donnant des cours de soutien.
300 000 DH pour mettre sur pied le premier laboratoire de recherches à l’Université Cadi Ayyad
Mais Driss Belkhayat ne se laisse pas séduire par la perspective de s’établir en France. Il rentre au bercail, même s’il n’en a pas encore fini avec les études. A son retour, en 1994, l’université Cadi Ayyad de Marrakech lui propose un poste d’enseignant chercheur. Et à la demande du doyen de la faculté des sciences et techniques, il met en place le laboratoire de recherches. Il se rappelle que la notion de la recherche était encore toute nouvelle et qu’il a fallu batailler pour trouver les 300 000 DH nécessaires à l’équipement du laboratoire.
Tout en encadrant ses étudiants et alors qu’il prépare lui-même une thèse de doctorat d’Etat, Driss Belkhayat est irrésistiblement attiré par la création d’entreprise. Un petit tour de table avec trois associés lui permet de réunir un capital de 100 000 DH pour lancer, en 1998, son entreprise, «Electric wave». L’activité est toute tracée : l’ingénierie électrique et la climatisation avec des prestations qui vont du conseil à la livraison clés en mains de solutions adaptées aussi bien pour les particuliers que pour les hôtels et l’entreprise, en général. Il passe ainsi de la théorie et des expériences de laboratoire à la pratique.
La première année est quelque peu laborieuse et le premier exercice, de 1999, ne dégagera pas plus de
600 000 DH de bénéfices.
Il a fallu installer de nouvelles habitudes et faire le plein de clients. Et quand on sait que l’entreprise compte aujourd’hui un effectif de 35 personnes et qu’elle réalise un chiffre d’affaires de 10 MDH, on peut dire que le pari est largement tenu.
Malgré tout, Driss Belkhayat reste plus que jamais attaché à ses activités d’enseignement et de recherche. Il trouve non seulement le temps de s’impliquer aux travaux du CJD dont il est sympathisant depuis 2003, mais il crée en plus la section de Marrakech en 2006.
Heureux dans l’action
Son engagement est tel que ses pairs l’élisent, en 2009, pour un mandat de trois ans à la tête de l’association qui a essaimé dans tout le pays. Il est catégorique pour la mission du CJD : «On ne se retrouve pas pour des discussions de salons. Nous faisons une vraie œuvre d’utilité pour nos membres en les conseillant dans leur développement ou encore en leur proposant des formations aux techniques de management et de gestion de leurs ressources humaines. Il y a aussi tout un travail de synergie et de création d’opportunités ou la recherche de financement pour des études au sein même de l’association tout comme on assure le lien avec d’autres associations au niveau national ou international». Sans compter, bien sûr, la défense de l’intérêt des jeunes créateurs d’entreprises auprès des pouvoirs publics, au regard de la mission du CJD qui se veut une vraie force de proposition.
Le Dr Driss Belkhayat est un travailleur infatigable et il est loin de se plaindre de la charge de travail que lui valent ses activités, notamment ses incessants allers et retours entre Marrakech, Casablanca et Rabat. Il s’en explique : «Dans ce que je fais, la notion de pénibilité est totalement absente. Imaginez le plaisir immense d’être au service des autres. Comme lorsque j’ai lancé, dans le cadre de la nouvelle réforme, le master de «Génie électrique» au sein de l’université. Je dois à mes activités l’immense plaisir que je partage avec beaucoup de mes pairs». A moins de 45 ans, il se sent encore disposé à donner beaucoup de son temps pour la défense de l’intérêt collectif. Driss Belkhayat est président de l’Amicale Al Amal à Marrakech et membre de l’Association marocaine des enseignants chercheurs lauréats des universités françaises.
