Au Royaume
De l’exploit à la performance
Ces derniers jours, deux informations ont fait la une des médias et dominé les discussions mondaines : le jeune Marocain qui a gagné dans une émission concours de chant télévisée et son concitoyen qui a été jusqu’au sommet de l’Everest aux Himalaya.
Ces derniers jours, deux informations ont fait la une des médias et dominé les discussions mondaines : le jeune Marocain qui a gagné dans une émission concours de chant télévisée et son concitoyen qui a été jusqu’au sommet de l’Everest aux Himalaya. Avec l’ambiance électrique qui règne actuellement, surtout sur la scène politique, et les problèmes de tous les jours, personne n’aurait parié que deux faits pareils allaient défrayer la chronique. Et pourtant…
Et à y regarder de plus près, on peut comprendre finalement les raisons d’un tel engouement. Dans les deux cas d’abord, un premier point commun : c’est le drapeau du Maroc qui a été hissé au plan international. Les Marocains n’y sont pas indifférents, quoi qu’on dise. Le sentiment de fierté et l’émotion que procure la vue du drapeau national hissé ne disparaîtront jamais. Le contraire est tout aussi vrai et on l’a vécu il n’y a pas si longtemps avec notre équipe nationale de football. La rue et l’opinion publique ne pardonnent pas quand le drapeau n’est pas dignement honoré. Mais ce n’est pas tout. Qu’il s’agisse d’un concours international de chant ou de l’ascension d’une montagne, dans les deux cas aussi il s’agit d’exploits. Et les Marocains sont avides et en manque d’exploits qui les valorisent.
Ceci peut être tout aussi vrai dans le domaine de l’économie et de l’entreprise. Les bonnes prestations d’entreprises marocaines à l’étranger, la distinction à l’international de l’entreprise Maroc est de nature à booster le moral des troupes. Et il ne faut pas attendre que les autres viennent nous tendre la perche.
Si la Turquie, encore elle, est aujourd’hui donnée en modèle, ce n’est pas le fruit d’exploits isolés les uns des autres mais le résultat d’une stratégie globale qui a rendu durables les performances. Il y a une quinzaine d’années, les Turcs se sont fixé des objectifs, ont mis en place les stratégies pour les atteindre et se sont donné les moyens de leurs ambitions. Et au commencement, la Turquie a pu profiter d’un substrat de bonne réputation dont jouissait le pays. Aujourd’hui, ce substrat, le Maroc en dispose largement. Quand une institution internationale aussi prestigieuse que la Banque africaine de développement tient sa grand-messe à Marrakech avec 3 000 invités de marque et 8 chefs d’Etat, c’est plus qu’une marque de confiance. Quand, aussi, en dépit de la crise mondiale ambiante et les incertitudes qui secouent les places mondiales, le Maroc réussit à lever 750 millions de dollars, c’est que les investisseurs institutionnels mondiaux qui ont misé sont convaincus de la bonne santé durable, pas seulement de notre économie mais de notre modèle. Aujourd’hui, les exploits isolés et individuels existent. Nous devons les transformer en performance collective durable.